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Simmental française

Le meilleur élevage français est côte d’orien

Gérard Millot, éleveur à Argilly, possède le meilleur Isu de l’Hexagone.
Par Aurélien Genest
Le meilleur élevage français est côte d’orien
Gérard Millot s’est distingué deux fois de suite au classement de l’Index synthèse unique.
Première au classement, devant 220 autres élevages de Simmental Française, l’exploitation de Gérard Millot valait bien le détour. Le syndicat départemental de cette race mixte ne s’y est pas trompé en organisant son assemblée générale du 2 février à Argilly. Les éleveurs ont visité l’EARL du Meix de Chêne qui a terminé deux fois de suite au premier rang national Isu (Index synthèse unique, qui prend en compte les caractères de production lait, MG, MP, TB, TP mais aussi les caractères fonctionnels : comptage cellulaire, fertilité et longévité). Très rigoureux dans sa conduite d’élevage, strict dans le choix de ses taureaux, Gérard Millot privilégie les vaches à fort gabarit, avec des priorités données aux mamelles et aux aplombs. La mixité de la Simmental est entretenue avec un développement continu de la qualité bouchère. L’hygiène, irréprochable, amène un taux cellulaire largement inférieur à 100 000 cellules/ml. La génétique et l’alimentation contribuent à des résultats qualitatifs supérieurs aux moyennes départementales. Gérard Millot profite également d’une belle qualité de paille cet hiver, particulièrement sèche, pour diminuer son nombre de mammites déjà restreint.

Améliorations générales
Jean-François Dessolin, technicien à Côte d’Or Conseil Élevage, a fait part, lors d’une réunion organisée en salle, à d’importantes progressions quantitatives et qualitatives à l’échelon départemental : «La remontée en lait est importante, nous retrouvons les chiffres de 2012 grâce à une campagne 2014-2015 intéressante d’un point de vue fourrages». Les premières lactations progressent notamment de 386kg de lait. Les taux sont plus que corrects (40 en TB et 34 en TP). Le travail de sélection des éleveurs porte ses fruits : «les taureaux négatifs en TP sont éliminés, les éleveurs travaillent principalement avec des taureaux allemands qui, depuis la fin des quotas, recherchent au maximum le lait» souligne le technicien. La qualité de l’année 2012 est également retrouvée, le taux cellulaire moyen chute aux alentours de 200 000 cellules/ml. Les pénalités des exploitations sont moins nombreuses et dans tous les cas, moins importantes.

Ça ne passe toujours pas
Ces éléments très positifs ne cachent pas les difficultés du monde laitier. Ces derniers ne font que limiter la «casse» par endroits. En effet, la conjoncture est toujours aussi mauvaise d’après Guy Buntz, le président de Côte d’Or Conseil Elevage présent à cette journée d’études:«C’est clair, on ne gagne plus rien du tout. Nous nous faisons de gros soucis sur les conséquences de la baisse du prix du lait, d’autant que nous ne voyons aucune prévision optimiste arriver. Compte-tenu des investissements réalisés et nos coûts de productions, je ne sais pas du tout ce que ça va donner. Que faire cette année ? Faire tourner nos outils de production comme on le peut, en oubliant tout investissement. J’espère que nous n’aurons pas d’aléa climatique cette année, nous n’avons pas besoin de ça. J’espère aussi et surtout qu’il y aura des mesures au niveau du Ministère car ça ne peut plus durer ainsi». Les adhérents du syndicat n’imaginent «même pas» ce que pourrait être la situation si la quantité et la qualité n’avaient pas été au rendez-vous cette année. Ces éléments permettent de «gratter quelques centimes» sur un prix de base extrêmement faible. Gérard Millot, avec ses très bons résultats, reconnaît lui-même ne pas échapper à cette crise : «je suis en moyenne à 40€/1000 litres  de plus sur le prix de base et j’arrive à peu près à m’en sortir car j’ai peu d’investissements, mais la situation reste tendue, la crise est pour tout le monde et la coopérative laitière de Bourgogne où je livre connaît des difficultés en ce moment. Il n’y a que deux laitiers dans le canton de Nuits-Saint-Georges et je me pose également des questions sur la future collecte de lait....».

Le mot du président

Le président du syndicat Sylvain Aubry a bien entendu évoqué le contexte économique dans son rapport moral : «Avec des prix du lait et de la viande au plus bas, des charges qui ne font qu’augmenter, des obligations réglementaires qui ne vont pas en s’assouplissant et surtout un manque de perspective d’avenir de la profession, j’ai un peu de mal à trouver un point positif dans cette rétrospective de l’année qui s’achève. Le commerce des reproductrices est très freiné à la fois par le manque de trésorerie des structures, mais aussi par la FCO qui divise le territoire français et qui ne permet pas le libre échange des animaux entre les régions. Il ne faut pas être devin pour affirmer que nous subissons de plein fouet l’arrêt de l’application des quotas, et ainsi une production à outrance dans certains pays européens. Si rien n’est encadré dans un laps de temps restreint, c’est en grand nombre que les producteurs de lait français continueront de disparaître. Que ce soient les intermédiaires, les transformateurs ou les distributeurs - grandes surfaces notamment-, ils n’ont qu’un seul objectif : celui de faire progresser leurs marges. Aucune corporation n’accepterait de réduire ses revenus comme le monde paysan est contraint de le faire aujourd’hui : il subit une dégradation économique comme il n’en a pas connu depuis des décennies». Sylvain Aubry a salué le dynamisme des éleveurs dans pareil contexte, plusieurs d’entre eux ont répondu présent aux différents rendez-vous départementaux et nationaux comme le Salon International de Paris, Eurogénétique, le concours départemental de Mirebeau-sur-Bèze et la Ferme Côte d’Or. Le président du syndicat donne d’ores et déjà rendez-vous aux éleveurs pour le prochain Sia à la fin du mois ainsi qu’au concours interdépartemental de Saint-Seine-l’Abbaye qui se déroulera fin mai.