Le loup et ses « dégâts collatéraux »
La dernière assemblée générale du Syndicat d'élevage ovin de Côte-d'Or aura permis d'entendre Claude Font, secrétaire général de la Fédération nationale ovine en charge du dossier prédation. La question des pertes indirectes liées à la prédation semble être mieux prise en compte mais du travail reste à faire…
Situation sanitaire, cours de la viande et prédation due au loup : voici les thèmes qui auront traversé la dernière assemblée générale du Syndicat d'élevage ovin de Côte-d'Or (SDEO 21), organisée le 25 septembre au Muséoparc d'Alésia, à Alise-Sainte-Reine. Dans ce lieu chargé d'histoire, c'est avec un présent pas toujours rose que les éleveurs réunis doivent composer et la prédation figure au premier rang des préoccupations. La présence, aux côtés du président du SDEO 21, Julien Pané, de Claude Font, était symptomatique. Cet éleveur d'Auvergne Rhône-Alpes (Aura), est secrétaire général de la Fédération nationale ovine, en charge du dossier Prédation. Les messages qu'il pouvait délivrer à cette occasion faisaient l'objet de toutes les attentions. « L'évolution du statut du loup d'espèce strictement protégée à espèce protégée est déjà une avancée pour nous, soulignait Claude Font. Mais nous devons encore travailler avec l'Office français pour la biodiversité (OFB), notamment sur la méthode d'estimation du nombre de loups en France, que nous contestons. »
Les nouveautés du Plan loup
Le représentant de la FNO rappelait qu'entre 10 000 et 12 000 brebis sont tuées chaque année en France, par des faits de prédation. Il a mis en lumière le nouveau Plan loup qui présente les nouveautés suivantes :
– Deux tireurs (voire trois) par Tir de défense simple (TDS)
– Suppression de la suspension de tir après un prélèvement lors d'un Tir de défense renforcé (TDR)
– Lunette à visée nocturne sans éclairage préalable de la cible pour les louvetiers et l'OFB
– Intervention des louvetiers dans les 48 heures si autorisation de tir déjà délivrée (sinon 72 heures)
– Revalorisation des indemnisations pour les pertes directes : + 33 % pour les ovins
– Nouvelle méthodologie pour l'estimation de la population de loups
– Revaloriser les indemnisations pour les pertes indirectes (travail mené avec Races de France)
– Simplification de l'outil Safran (téléservice relatif à la « protection des troupeaux contre la prédation ») et des pièces justificatives à fournir.
Une contrainte imposée
Il reste toutefois des chantiers à mener, tels que le raccourcissement des délais d'indemnisation ou l'analyse de vulnérabilité territoriale et non-protégeabilité. « Un gros travail a aussi été accompli sur les problématiques de pertes indirectes liées à la prédation (perte de production), poursuit Claude Font, et l'inclusion des pertes génétiques. Une nouvelle grille d'indemnisation complémentaire pour les ovins en sélection génétique va s'appliquer au 1er octobre. Un budget de 2 millions d'euros est proposé par le ministère pour les pertes indirectes, il en faudrait 10 ! Ce n'est pas suffisant, mais ça va dans le bon sens… » Pour Julien Pané, en l'espèce, l'État n'assume pas sa responsabilité : « Le loup est une contrainte qu'on nous impose, l'État devrait mettre le budget en face ! » Une réunion doit se tenir ce 3 octobre pour faire encore évoluer le statut du loup au 1er janvier 2026. Les informations du secrétaire général de la FNO ont reçu un écho très intéressé de la part des éleveurs côte-d'orien qui ont aussi à cœur de faire valoir leur spécificité : la question du pâturage mixte ovin-bovin, un cas de figure fréquent dans notre département. L'ovin pourrait profiter du statut de non-protégeabilité propres aux bovins, ce qui faciliterait le recours aux tirs mais, pour l'instant, ce n'est pas possible et les ovins restent donc sous obligation de protection. Rien n'est simple… Rappelons qu'en Côte-d'Or, en 2025, 48 constats ont été dressés, 20 avec le loup non écarté, et pour 24 autres, la cause de mortalité est restée indéterminée. Julien Pané a tenu à remercier le Conseil départemental pour son soutien, celui de la Chambre d'agriculture, de la MSA et du Conseil régional pour les aides à la génétique. Il s'est aussi félicité des bons rapports entretenus avec les services de l'État.
Nous reviendrons dans notre prochain numéro sur les autres aspects abordés lors de cette assemblée générale.