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états généraux de l’alimentation

Le double combat de la FNSEA

Patrick Benezit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, était présent à Bretenière début février : l’occasion de rappeler plusieurs travaux actuellement menés.
Par Aurélien Genest
Le double combat de la FNSEA
Francis Letellier, Frédéric Perrot, Patrick Bénézit et Daniel Prieur, réunis à la Maison de l’agriculture.
La FNSEA entreprend chaque année une tournée régionale. Un passage en Bourgogne-Franche-Comté s’est déroulé le 5 février à Bretenière avec la participation du secrétaire général adjoint Patrick Benezit. Celui-ci est allé à la rencontre du conseil d’administration de la FRSEA. Plusieurs points d’actualité ont été abordés et notamment celui des États généraux de l’alimentation.

Patrick Benezit a rappelé le rôle actif de la FNSEA dans ce dossier d’envergure : «Nous sommes rentrés dans l’exercice bien avant le discours de Rungis. La FNSEA a formulé un certain nombre de propositions pour arriver au changement de cap tant attendu. Nous étions présents dans différents groupes de travail durant les EGA et nous continuons de mettre la pression pour arriver à nos fins».

La FNSEA demande une réglementation qui protège le prix payé au producteur : «aujourd’hui, tout est fait pour le baisser. Cela doit cesser, les crises agricoles sont trop profondes. L’élaboration du prix doit partir des coûts de production, la voie contractuelle doit nous permettre d’y arriver. La stratégie dans laquelle l’agriculteur récupère ce qu’il reste ne doit plus exister».

La FNSEA condamne la politique des prix abusivement bas. «Jusqu’ici, aucune réglementation ne l’interdit» déplore Patrick Benezit, «nous demandons aussi la possibilité de renégocier certaines closes en fonction de l’évolution des marchés. Regardez ce qu’il s’est récemment passé avec le beurre : la distribution n’a pas voulu passer de hausses... Cette guerre des prix doit stopper, les conséquences pour les producteurs sont catastrophiques. Les promotions doivent être limitées, des règles doivent être en mesure de les encadrer. Nous demandons que le législateur appuie sur l’ensemble de ces points». La FNSEA souhaite une dérogation au droit de la concurrence, comme l’explique son secrétaire général adjoint : «en France, nous avons quatre centrales d’achats et 500 000 agriculteurs. Les règles de la concurrence ne peuvent malheureusement pas s’appliquer comme dans les autres secteurs industriels, il faut rétablir un certain équilibre».

Les textes des EGA ont été récemment déposés au conseil des ministres, un débat parlementaire va maintenant débuter. «La FNSEA reste fortement active dans le dossier» poursuit Patrick Benezit, «les discours que nous avons entendus durant ces EGA nous vont bien, il faut maintenant que le texte colle au casting. Nous demandons une réglementation conforme à ce qui a été dit. Des contrôles et des sanctions doivent être prévus dans les textes, ces derniers doivent être extrêmement précis. Les rapports de force sont en notre défaveur, il ne doit y avoir aucun échappatoire. Il en va de la responsabilité de l’État».

Une «incohérence politique majeure»

Ce rendez-vous a été l’occasion de dénoncer les projets d’importations de viandes d’Amérique. «Ce dossier est totalement en désaccord avec les objectifs des EGA qui ambitionnent d’élever la qualité des produits» fait remarquer Patrick Benezit, pour qui «signer le Ceta et entrevoir des accords avec le Mercosur» est «tout simplement impensable» : «le Canada utilise aujourd’hui 46 substances interdites en Europe avec divers antibiotiques, produits phytosanitaires, hormones, activateurs de croissance et autres farines de viande ! Nous nous apprêtons à signer avec le Brésil, le pays des grandes fraudes alimentaires... Même Poutine a stoppé ses approvisionnements de viandes en provenance du Brésil. Viandes bovines, viandes blanches, éthanol... De nombreux produits sont concernés par ces échanges. Si nous faisions la même chose chez nous, dans les mêmes conditions, nous irions certainement en prison et nous détruirions immédiatement l’intégralité de la production». Des actions de lobbyings sont menées depuis l’automne auprès de parlementaires, des actions syndicales devraient prochainement suivre en l’absence d’avancées. «L’économie des exploitations françaises est en danger» insiste Patrick Benezit, «nous n’avons nul besoin de ces produits. L’Europe, avec la bénédiction de la France,  propose de  troquer l’agriculture  pour vendre des TGV, des Airbus ou des voitures.  Ces  accords ne  doivent pas  se  faire  sur le  dos  des  paysans !»