Crise sanitaire
Le concombre de l'Yonne dans la tourmente
Injustement frappés par des informations infondées sur l'origine de la crise sanitaire qui sévit en Allemagne, les producteurs de concombre sont les victimes collatérales de la bactérie E.coli enterohémorragique et les conséquences financières pour leurs entreprises seront importantes.

La benne est déjà à moitié remplie, alimentée depuis le début de la matinée par le chariot élévateur qui y déverse ses cagettes de concombres devenus au fil des jours et des communiqués, invendables. Ils finiront dans les champs, à l'épandage. Gilles Pommier, lui-même producteur et vice-président de la Coopérative agricole des serristes de l'Aube et de l'Yonne (CASAY), ne décolère pas : [I]«je suis souvent en guerre contre les journalistes, mais là, c'est de la faute à ces p.... de bureaucrates scientifiques allemands qui n'ont rien vérifié, rien fait et balancé une info sans la vérifier ! Le gros problème, il est là, validé par le gouvernement allemand... C'est impensable !»[i].
Implantée à Foissy-sur-Vanne, la coopérative compte au total une cinquantaine d'ha de serres pour une production annuelle de 25000 tonnes de concombres, vendus majoritairement en grande distribution. [I]«L'effet a été immédiat. Sitôt le premier communiqué paru, dès le surlendemain, on commençait à détruire le produit. La ménagère a perdu confiance, c'est tout !»[i] A l'exemple de cette info entendue le matin même à la radio, au sujet d'une mère de famille française, qui avait jeté le [I]«concombre tueur»[i] entreposé dans son frigo, en profitant pour mettre à la poubelle tout ce qui s'y trouvait et désinfecter ledit frigo ! Ce qui s'appelle pousser le principe de précaution à son optimum ! En dépit du démenti annoncé par les autorités, les conséquences financières sont d'ores et déjà [I]«catastrophiques»[i], selon Gilles Pommier, pour les entreprises les plus fragiles. Avec à la clé une menace sur les emplois directs et indirects. Avec 11% de la production nationale, l'Yonne est le 4ème département producteur de l'hexagone.
[INTER]«On en a mangé toute la semaine... !»[inter]
Du monde dans les travées du marché couvert de Joigny, ce samedi. Productrice de cresson, radis et salades à Brienon, Jocelyne Sallard en a par-dessus la tête de la crise du concombre : [I]«comme ça ne se vendait pas, on en a mangé toute la semaine ! On les a même retirés des étals, par crainte que les clients imaginent qu'ils allaient «contaminer» le reste !»[i] Et depuis ce matin, changement de cap : [I]«on leur a dit qu'ils pouvaient en remanger et depuis dix heures et demi, je n'ai plus rien !»[i]. Pour autant, Jocelyne ne se fait guère d'illusions : «ça va être comme en 2003, ils avaient promis des aides. Résultat, pas un centime ni baisse des charges ! On est bien trop petits». Habituée du marché, Agnès était avant sa retraite exploitante agricole en vaches laitières. Pour elle, pas question de céder à la panique : [I]«moi je n'ai pas arrêté d'acheter des concombres de la semaine ! Je vais vous dire, quand il y a eu la listeria, j'étais présente ici, je vendais des fromages et pendant des jours et des jours, plus rien ! Les gens avaient peur. Moi je crois que l'impact des images est trop important dans l'information»[i].
Xavier Chavey a créé sur les hauteurs de Laborde, en périphérie d'Auxerre, des jardins en libre cueillette et pour lui, pas d'effet de crise, au contraire : «comme à chaque problème alimentaire, le consommateur se rapproche du producteur de vente directe. On a même fermé la serre à concombres car on était en rupture ! Une véritable razzia !» Ce qui ne l'empêche pas d'être sévère avec les médias : [I]«on a pas de preuves, on accuse à tort et après, on ne s'excuse même pas !».[i]
En dépit de la levée de l'alerte relayée par tous les médias, David Totel directeur de la CASAY reste prudent : «la crise ne sera réellement terminée que lorsque les cours seront revenus à la normale et qu'on ne vendra plus en dessous de nos coûts de production». Pour l'heure, près de 500 tonnes de concombres ont déjà été jetés à la benne par la coopérative faute d'acheteurs.
Le week-end prochain, à l'initiative de [I]«Légumes de France» [i]et des organisations de producteurs, une distribution gratuite de légumes sera organisée aux alentours du Champ de Mars à l'attention des Parisiens. Reste aux médias à relayer l'information au même niveau que les communiqués alarmistes de ces derniers jours... En espérant que l'action soit suffisamment symbolique pour relancer la consommation de concombres et autres tomates. Il y a urgence !
Implantée à Foissy-sur-Vanne, la coopérative compte au total une cinquantaine d'ha de serres pour une production annuelle de 25000 tonnes de concombres, vendus majoritairement en grande distribution. [I]«L'effet a été immédiat. Sitôt le premier communiqué paru, dès le surlendemain, on commençait à détruire le produit. La ménagère a perdu confiance, c'est tout !»[i] A l'exemple de cette info entendue le matin même à la radio, au sujet d'une mère de famille française, qui avait jeté le [I]«concombre tueur»[i] entreposé dans son frigo, en profitant pour mettre à la poubelle tout ce qui s'y trouvait et désinfecter ledit frigo ! Ce qui s'appelle pousser le principe de précaution à son optimum ! En dépit du démenti annoncé par les autorités, les conséquences financières sont d'ores et déjà [I]«catastrophiques»[i], selon Gilles Pommier, pour les entreprises les plus fragiles. Avec à la clé une menace sur les emplois directs et indirects. Avec 11% de la production nationale, l'Yonne est le 4ème département producteur de l'hexagone.
[INTER]«On en a mangé toute la semaine... !»[inter]
Du monde dans les travées du marché couvert de Joigny, ce samedi. Productrice de cresson, radis et salades à Brienon, Jocelyne Sallard en a par-dessus la tête de la crise du concombre : [I]«comme ça ne se vendait pas, on en a mangé toute la semaine ! On les a même retirés des étals, par crainte que les clients imaginent qu'ils allaient «contaminer» le reste !»[i] Et depuis ce matin, changement de cap : [I]«on leur a dit qu'ils pouvaient en remanger et depuis dix heures et demi, je n'ai plus rien !»[i]. Pour autant, Jocelyne ne se fait guère d'illusions : «ça va être comme en 2003, ils avaient promis des aides. Résultat, pas un centime ni baisse des charges ! On est bien trop petits». Habituée du marché, Agnès était avant sa retraite exploitante agricole en vaches laitières. Pour elle, pas question de céder à la panique : [I]«moi je n'ai pas arrêté d'acheter des concombres de la semaine ! Je vais vous dire, quand il y a eu la listeria, j'étais présente ici, je vendais des fromages et pendant des jours et des jours, plus rien ! Les gens avaient peur. Moi je crois que l'impact des images est trop important dans l'information»[i].
Xavier Chavey a créé sur les hauteurs de Laborde, en périphérie d'Auxerre, des jardins en libre cueillette et pour lui, pas d'effet de crise, au contraire : «comme à chaque problème alimentaire, le consommateur se rapproche du producteur de vente directe. On a même fermé la serre à concombres car on était en rupture ! Une véritable razzia !» Ce qui ne l'empêche pas d'être sévère avec les médias : [I]«on a pas de preuves, on accuse à tort et après, on ne s'excuse même pas !».[i]
En dépit de la levée de l'alerte relayée par tous les médias, David Totel directeur de la CASAY reste prudent : «la crise ne sera réellement terminée que lorsque les cours seront revenus à la normale et qu'on ne vendra plus en dessous de nos coûts de production». Pour l'heure, près de 500 tonnes de concombres ont déjà été jetés à la benne par la coopérative faute d'acheteurs.
Le week-end prochain, à l'initiative de [I]«Légumes de France» [i]et des organisations de producteurs, une distribution gratuite de légumes sera organisée aux alentours du Champ de Mars à l'attention des Parisiens. Reste aux médias à relayer l'information au même niveau que les communiqués alarmistes de ces derniers jours... En espérant que l'action soit suffisamment symbolique pour relancer la consommation de concombres et autres tomates. Il y a urgence !