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Élevages allaitants

Le chemin vers l’autonomie alimentaire

La Chambre d’agriculture organisait un rendez-vous technique le 12 mars à Tart-le-Bas.
Par Aurélien Genest
Le chemin vers l’autonomie alimentaire
Le rendez-vous était donné à la ferme du lycée de Quetigny.
L’autonomie alimentaire permet de diminuer la dépendance aux achats extérieurs et d’améliorer l’efficience de l’utilisation des fourrages et concentrés produits sur l’exploitation. Le sujet, au cœur des préoccupations des éleveurs,  a fait l’objet de plusieurs exposés la semaine dernière à la ferme de lycée agricole de Quetigny, avec la participation de techniciens de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or et d’Elva Novia. Les stratégies et résultats technico-économiques de l’exploitation du lycée, basée à Tart-le-Bas, ont servi d’illustrations.

Une culture à part entière
L’introduction de prairies temporaires dans la rotation est une piste parmi d’autres pour tendre vers cette autonomie, les bénéfices agronomiques sont également nombreux. «L’idée, avec les prairies temporaires, est de produire un maximum en réduisant les charges alimentaires souvent très importantes dans un élevage. Il faut veiller à ne pas pénaliser les performances zootechniques», commente Florent Gavard, conseiller fourrages à la Chambre d’agriculture. La ferme de Tart-le-Bas, qui enregistre des résultats technico-économiques intéressants, travaille avec deux prairies temporaires.
L’une d’elle est composée de luzerne, trèfle violet, dactyle, fétuque des prés et fléole. Dans une terre à forts potentiels, des rendements de 15 et 10 t MS/ha ont été obtenus ces deux dernières années, le fourrage sert notamment de correcteur azoté. «La clé de la réussite passe par une date de récolte précoce pour aller chercher de la qualité, avec forcément de l’enrubannage en première coupe», commente Florent Gavard. Le rythme de fauche est très intensif, la luzerne a tout juste le temps de fleurir durant l’été. Une seconde prairie temporaire avec du trèfle violet et de la fétuque élevée livre des rendements moins importants sur une terre moins favorable (9 et 6 t MS/ha) mais procure un fourrage beaucoup plus équilibré. Une prairie temporaire est une «culture à part entière», soulignent les salariés de l’exploitation, qui apportent du compost chaque année sur leurs parcelles. Du potassium a notamment été importé pour cette campagne. «L’idée est de maximiser la récolte, réaliser des économies mais il faut veiller à ne pas créer des déséquilibres», soulignent les intervenants.

«Tout est lié»
Florent Gavard a également glissé un mot sur les prairies permanentes : «la tendance actuelle, à l’échelle départementale, va plutôt vers un délaissement de ce type de prairies, pour des raisons économiques. La fertilisation en azote, phosphore et potasse n’est pas toujours effectuée, il ne se fait pas beaucoup de sur-semis. Pour ne rien arranger, les prairies souffrent de plus en plus des aléas climatiques à répétition. Le chaulage, si essentiel, est lui aussi délaissé. Il y a forcément des pistes d’amélioration de ce côté». Matthieu Javelle, lui aussi technicien à la Chambre d’agriculture, assure qu’il est possible de maintenir ses performances en devenant autonome : «Le jeu en vaut vraiment la chandelle, surtout avec le contexte climatique. Les prairies temporaires peuvent être une piste à privilégier, mais il faut bien savoir ce que l’on recherche. Il faut étudier le système fourrager avec précision, cela prend du temps». La génétique du troupeau, les rations équilibrées pour une reproduction performante et le pâturage tournant ont également été étudiés ce mardi 12 mars. «Pour être performant techniquement et économiquement dans un élevage allaitant, il est important de maitriser à la fois la génétique, la reproduction et l’alimentation. Tout est lié», souligne Florent Gavard.
La Chambre d’agriculture propose différentes prestations aux éleveurs allaitants, afin de travailler sur leur système fourrager et leurs rations.
Contact : Florent Gavard,
03 80 90 68 73, 06 49 81 32 38 ou florent.gavard@cote-dor.chambagri.fr

Chère alimentation

Matthieu Javelle a relayé les résultats d’une étude illustrant les niveaux parfois très importants des coûts de l’alimentation. Quand les éleveurs les plus performants vendent cinq animaux, la transaction de l’un d’entre eux permet de financer la facture alimentaire. Le panel d’éleveurs les moins performants consacre, pour sa part, près d’un animal sur deux au financement de  l’alimentation, réparti entre les fourrages et les concentrés. «La différence est énorme», commente le technicien, «dans le deuxième cas, il y a sans doute de l’autonomie alimentaire à aller chercher. Il faut  se recentrer sur la rentabilité et accepter, parfois, de baisser sa production de viande. Des niveaux de production plus faibles peuvent s’avérer plus intéressants sur le plan économique».