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Moissons

La vision de la jeunesse

Installé depuis trois ans à Alluy, dans le centre de la Nièvre, Aurélien Ensargueix, 27 ans, revient sur les moissons de cette année, tout en se projetant dans l'avenir.

Par Chloé Monget
La vision de la jeunesse
Aurélien Ensargueix avec son animal fétiche « la 47 ».

Cela fait trois ans qu'Aurélien Ensargueix est installé à Alluy : « Je n'ai pas énormément de recul, mais je pense que la moisson de cette année restera une des meilleures pour mon exploitation, en termes de qualité et de volume ». Pour rappel, Aurélien est à la tête d'un cheptel de 25 Charolaises (non-inscrites) et de 160 ha dont 60 ha de prairies et 100 ha de cultures. Celles-ci sont découpées en 30 ha d'orge d'hiver (semés fin octobre), 10 ha d'orge de printemps (semés début février), 30 ha de colza (semés juste avant le 15 août) et 30 ha de blé (semés autour du 5 octobre). Il poursuit : « C'est la première fois que je vois des moissons sans pause entre les cultures, c'est rarissime. Au final, le PH est bon et j'ai récolté 84 quintaux pour le blé, 39 quintaux pour le colza, 58 quintaux pour l'orge de printemps. En ce qui concerne l'orge d'hiver, je ne la pèse pas car je l'utilise en autoconsommation pour mes animaux ». Si pour lui, ces résultats sont « records », il insiste : « c'est une belle récolte, mais quels seront les prix ? ».

Fluctuations à envisager

Pour lui, cette problématique est complexe à gérer : « On peut faire le meilleur travail du monde, mais si les prix de vente ne sont pas au rendez-vous cela ne sert pas à rien ». Ses parcelles ayant été grêlées l'an dernier, il détaille : « en tant que jeune installé c'est un coup dur, même si l'assurance récolte prend en charge la perte. Les trésoreries sont souvent difficiles à maîtriser car si l'on brasse pas mal d'argent durant l'année, il ne reste finalement pas grand-chose in fine. C'est d'ailleurs pour cette raison que je souhaite élargir mon cheptel dans les années à venir, car même si cela demande un fort engagement, le prix est nettement moins fluctuant – en tout cas les variations sont moins rapides - qu'avec les cultures. En somme, je ne peux pas mettre mes œufs dans le même panier et la diversification est une solution pour y parvenir ». En parallèle, il évoque les évolutions tarifaires des intrants : « Outre les prix des marchés internationaux qui sont très aléatoires pour les cultures, il faut rajouter ceux des intrants qui changent quasiment du jour au lendemain, passant parfois la barre des 500 euros /t. Ces éléments ne rendent pas la tâche facile pour les jeunes ».

S'entourer pour avancer

Afin de trouver quelques solutions, il compte sur son réseau : « J'ai la chance d'avoir de très bonnes relations avec mon ancien maître d'apprentissage, Benoît Compot, avec qui j'ai du matériel en commun. Nous échangeons régulièrement et je pense qu'il est fort appréciable d'avoir les conseils d'un exploitant installé depuis longtemps, car cela permet de donner de la perspective au quotidien, d'avoir des indications sur la gestion ainsi que sur la stratégie agronomique. Je suis persuadé que la réussite d'une installation tient dans l'ouverture d'esprit et la remise en question permanente de ce que l'on fait. Sans ces deux volets, nous ne pouvons pas évoluer ou nous adapter face aux enjeux actuels et futurs. Avoir les conseils de Benoît est donc pour moi un réconfort ». Il conclut : « Nous devons souvent nous débrouiller lorsqu'on est exploitant agricole, mais cela ne veut pas dire qu'il faut le faire tout seul ». D'ailleurs, pour cette récolte 2025, outre l'aide de Benoît Compot, son père, François, lui a aussi donné un coup de main… Si les prix ou les volumes ne sont donc pas assurés d'une année sur l'autre, un élément semble finalement l'être : la solidarité du monde agricole, quasi infaillible.