La stratégie de désherbage des protéagineux d’hiver
Avec la période de semis des pois et féveroles d’hiver, il est important de préparer sa stratégie de désherbage. Le point avec Terres Inovia.
À l’approche des semis des pois et féveroles d’hiver, la préparation de sa stratégie de désherbage doit se réfléchir en connaissance de la flore de sa parcelle. Si des rattrapages en post-levée existent et peuvent suffire dans des situations de faible salissement, les programmes les plus efficaces se positionnent dès la pré-levée et nécessitent de s’anticiper.
Dicotylédones : pré-levée, post-levée ou les deux ?
En pois d’hiver, la pré-levée est à privilégier pour les situations difficiles (parcelles hydromorphes ne permettant pas de passage précoce en sortie d’hiver), les flores compliquées à gérer en post-levée telles que les coquelicots et renouées, et les infestations d’adventices hivernales telles que le gaillet et la véronique de perse. Cette stratégie pourra se compléter d’une post-levée modulée en cas de forte pression ou si besoin d’un complément sur les flores printanières non contrôlées par l’application de prélevée, comme la matricaire et la fumeterre. Les stratégies tout en post-levée sont à privilégier seulement en connaissance de la flore et si le salissement est facilement maîtrisable. À noter que certains programmes de post-levée sont fractionnables pour une meilleure efficacité ou gérer les levées échelonnées. Les compléments mécaniques en post-levée sont à éviter, pouvant favoriser l’arrivée de maladies.
En féverole d’hiver, la pré-levée est indispensable faute de diversité de solutions possibles en post-levée à l’exception du Corum permettant de gérer seulement certaines flores printanières tel que le chénopode, la mercuriale ou la matricaire. Toutefois, la féverole se prête facilement aux passages mécaniques en post-levée (houe, herse, bineuse). Les stratégies de désherbage mixtes affichent de très bonnes efficacités.
Quelques spécificités des programmes antidicotylédone
Retrait d’usage du Prowl 400 et du Pentium Flo sur pois et féverole d’hiver : Le retrait d’utilisation du Prowl 400 est effectif depuis le 28 septembre 2025. La pendiméthaline reste cependant accessible via le NIRVANA S et le Bismark CS. Pour rappel, Prowl 400 reste homologué sur pois et féverole de printemps.
Différences réglementaires du Challenge 600 et du Colt : ces 2 spécialités contiennent de l’aclonifen (600 g/l) mais leurs modalités réglementaires d’application sont différentes. Entre doses autorisées et possibilités de double application pré + post, le tableau ci-dessous résume les principales différences d’applications possibles sur pois et féveroles.
Nirvana S à privilégier en pré-levée : le Nirvana S reste un produit efficace pour les stratégies de pré-levée de par son spectre d’action large et sa dose autorisé. Le produit peut toutefois être appliqué en post-levée à 2 l/ha maximum en l’absence de passage en pré-levée. Pour optimiser son efficacité et son spectre d’action, son positionnement en pré-levée reste plus intéressant, sachant que le Corum apportent les mêmes substances actives en post-levée et l’association des 2 produits est interdite (mention H361d).
La gestion des graminées résistantes possible
Propyzamide : les protéagineux d’hiver bénéficient du Kerb Flo (propyzamide) pour gérer les pressions de graminées résistantes aux autres modes d’action. Le produit s’applique en post-levée précoce à 3-4 feuilles des pois et féveroles.
Antigraminées foliaires : en l’absence de graminées résistantes, il est possible d’appliquer en post-levée des antigraminées foliaires (Fop et Dime). À noter que, contrairement aux protéagineux de printemps, la cléthodime n’est pas autorisée sur les pois et féverole d’hiver.
ZOOM // Réglementairement, qu’est-ce qu’un protéagineux d’hiver ?
Les réglementations herbicides varient selon la typologie hiver/printemps des pois et féveroles. Avec des dates de semis parfois tardives des pois et féveroles d’hiver, voire reportée au printemps, des zones de chevauchement des conseils de semis des génétiques hiver/printemps tel que le bassin sud de la France, ou encore le semis de génétiques de printemps en hiver (exemple avec la féverole), il est important de rappeler que la date de semis l’emporte sur la définition réglementaire quelle que soit la génétique utilisée. Ainsi, tout semis avant le 1er février est considéré comme un protéagineux d’hiver et tout semis à partir du 1er février est considéré comme un protéagineux de printemps.