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Opération "€œpaille"€

La solidarité paysanne en action

L'€™opération «paille» mise en place entre des exploitants céréaliers du canton de Brienon et des éleveurs de Saône et Loire est entrée dans sa phase active. En moins d'€™une semaine, près de 400 tonnes de paille ont déjà été acheminées en Bourgogne du sud. Un bel exemple de solidarité paysanne, né de l'€™amitié entre les hommes.
Par Dominique bernerd
La solidarité paysanne en action
Eleveurs et céréaliers réunis, avec en toile de fond un camion prêt à partir, chargé de 20 tonnes de paille, direction la Saône et Loire. Le 24ème en moins d'une semaine!
Encore peints aux couleurs du précédent propriétaire, le camion et sa remorque, chargés de 20 tonnes de paille sont prêts à prendre la route du retour, direction le Creusot. Au volant, Patrick, arrivé tôt ce matin, en provenance de Saône et Loire. Agent territorial de profession, il en est à son second voyage, offrant bénévolement ses heures de temps libre à l'€™opération. Une première équipe d'€™éleveurs est arrivée sur place dans l'€™Yonne mercredi dernier. Le chantier est de taille : 1200 ha de paille à presser, à collecter à charger et à faire redescendre en Saône et Loire. L'€™organisation est au diapason et le «plan de bataille» en ordre de marche : l'€™un presse pendant qu'€™un second groupe et que le troisième charge les camions tout en repérant les chantiers. La météo capricieuse de ces derniers jours a fait prendre un peu de retard... Qu'€™à cela ne tienne ! Une seconde presse a été amenée sur place afin de rattraper le temps perdu. Avec l'€™aide de trois camions, déjà 24 voyages réalisés et un objectif : être le plus réactif possible afin que la paille reste le moins longtemps en bout de champ et ne gêne pas le travail des céréaliers. Bernard Lacour est éleveur en Saône et Loire et admiratif de l'€™opération mise en place : [I]«il n'€™y a rien d'€™écrit, qu'€™un contrat moral ! Et que la parole donnée, entre des hommes puisse être plus important que tout le reste, ça nous plaît bien ! Vous savez, vivre une sécheresse, voir ses animaux maigrir, c'€™est, au-delà de l'€™aspect économique, une réelle épreuve pour un éleveur. Tout le monde est prêt à participer et venir jusqu'€™ici pour cela»[i]. A l'€™échelle de la Bourgogne, 1,8 million de tonnes de paille sont nécessaires en année normale. Conséquence de la sécheresse, les besoins en paille pour l'€™ensemble de ce département d'€™élevage sont énormes et 300000 tonnes supplémentaires sont à trouver.
Initiateur de l'€™opération, avec Bernard Thévenon, son ancien «copain de régiment», Pascal Guillemin est éleveur lui aussi et à l'€™image de ses collègues, salue l'€™hospitalité reçue. Toute l'€™équipe est logée chez Bernard et son épouse. Le premier se mettant à leur disposition pour les guider et faciliter la logistique, pendant que Madame fait leurs courses tout en leur mijotant de bons petits plats... Pas vraiment des vacances pour autant ! Levés à 5 heures, couchés à minuit, les éleveurs ne ménagent pas leur peine. Il y a urgence !
Sur un carnet sont notés scrupuleusement l'€™origine de la paille, son lieu de destination, le nom du chauffeur, la quantité transportée, la parcelle, le propriétaire des bottes... Manière de s'€™y retrouver en fin de campagne à l'€™heure des comptes. Qui, comme chacun sait, [I]«lorsqu'€™ils sont bons, font les bons amis»[i]. De toute façon, dans ce canton de Brienon, céréaliers et éleveurs sont en train de faire la preuve que l'€™amitié ne se compte pas, mais se partage !