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Sécheresse

La situation empire

La sécheresse s’accentue sur le département, avec le seuil de crise désormais franchi en secteur Armançon-Amont. Quatre autres secteurs restant en alerte. L’inquiétude monte dans la profession, concernant les cultures de printemps.
Par Dominique Bernerd
La situation empire
Des parcelles victimes de la sécheresse, à la merci de la moindre étincelle, comme ici, ce dimanche, à la sortie de Charmoy.
Les conditions anticycloniques persistantes et l’absence de précipitations depuis plusieurs mois en certains secteurs, liées à des températures exceptionnelles pour un mois de juillet ont provoqué un assèchement important des sols. Parmi les régions les plus touchées par le phénomène : la Bourgogne et notamment le département de l’Yonne, qui enregistre un déficit d’humidité des sols superficiels frôlant les records. Une situation qui altère le bon développement de la végétation et fait craindre le pire concernant le potentiel des cultures de printemps, explique le président de la Chambre d’agriculture, Etienne Henriot : «en l’absence à ce jour d’interdiction totale, ceux qui irriguent essaient de maîtriser au mieux la problématique et à jongler pour préserver leurs cultures. Mais l’irrigation est peu répandue sur le département et l’inquiétude s’accroît pour toutes les surfaces implantées en maïs, soja ou tournesol…» Avec à la clé, une double pénalité pour le monde de l’élevage : «beaucoup d’éleveurs misaient sur le maïs ensilage et risquent de se retrouver avec un potentiel vraiment réduit. Même s’il peut y avoir des échanges de proximité avec des céréaliers, cela sera sur des cultures sans qualité démesurée cette année…»

Seuil de crise en secteur Armançon-amont
Selon la préfecture de l’Yonne, «même si le niveau des nappes phréatiques et des cours d’eau est revenu depuis le printemps dernier à la normale sur l’ensemble du département, les pluies se sont raréfiées après les mois de mai et juin. Les fortes chaleurs de fin juin début juillet, accentuant l’évapo-transpiration et la sécheresse des sols. A ce jour,la situation est désormais comparable à celle de l’été 1976…» Dans le secteur Armançon-amont, le seuil de crise est désormais franchi et la situation reste inchangée dans 4 autres secteurs, en alerte depuis le 16 juillet : Vanne, Cousin, Serein-amont, Tholon-Ravillon-Vrin. Deux autres secteurs sont en vigilance : Cure et Armançon-Serein aval. Fautes de précipitations significatives dans les jours à venir, le préfet Moraud a décidé la mise en vigilance de l’ensemble du département de l’Yonne et la mise en place de mesures de restriction dans les secteurs les plus touchés (Armançon amont, en rouge sur la carte ci-dessous et Vanne, Cousin, Serein-amont, Tholon-Ravillon-Vrin, en jaune), de manière à réduire la consommation d’eau et économiser les ressources. Un plan alerte sécheresse interdisant entre autres, l’arrosage de potagers, jardins, espaces verts, entre 8 h et 19 h, l’irrigation entre 10 h et 18 h (sauf cultures maraîchères et horticoles, pépinières et arboriculture fruitière), le lavage des voitures (sauf en stations professionnelles ou pour les véhicules ayant une obligation réglementaire) ou encore, le remplissage des piscines privées (chambres d’hôtes). Des mesures encore plus drastiques en secteur Armançon amont, où notamment, tout arrosage de jardins et pelouses privées, y compris les potagers, est désormais interdit.

Le brûlage des chaumes a été interdit par arrêté préfectoral en date du 20 juillet, dans tout le département de l’Yonne et aucune dérogation n’est possible. L’arrêté précisant que «cette pratique qui a pu faire l’objet de dérogation les années précédentes, ne peut plus être autorisée au titre des dispositions de la nouvelle Pac» Pour autant pas d’amalgames, précise Etienne Henriot : « il ne faut pas que se crée la confusion et laisser dire que les hectares partis en fumée ces derniers jours suite à des départs de feux, puissent être le fait d’actes volontaires. Leur origine accidentelle, en cette période de moisson n’est que la conséquence d’étincelles liées au fonctionnement de la moissonneuse…»

Près de 130 ha ont ainsi été incendiés en fin de semaine dernière à Saint-Clément dans le Sénonais, dont 20 ha d’orges de printemps, 12 ha de colza, ainsi que quelques ha de blé.