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Qualité du lait

La règle change

La qualité sanitaire du lait s’impose aux éleveurs mais aussi aux industriels. D’année en année la production laitière diminue dans l’Yonne et l’on compte aujourd’hui moins de 300 éleveurs sur tout le département. Afin malgré tout de conserver une dynamique laitière, une Commission Qualilait a été mise en place.
Par FDSEA 89
La règle change
A compter du 1er fevrier le nouveau dispositif de gestion du lait entre en vigueur.
La commission Qualilait réunit : Alyse, les techniciens de laiteries (Biolait, LSDH, FPR, Lincet, Coop’alliance, Senagral, Sodiaal Centre Est), le Sedarb, le GDS, la Chambre d’agriculture de l’Yonne, la DDCSPP (direction départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations) et des producteurs de la section lait de la FDSEA de l’Yonne.
Cette commission se réunit tous les trois mois pour identifier les producteurs de lait en situation hors normes et les aider à améliorer la qualité de leur lait.

Elle a développé un protocole en adéquation avec les accords interprofessionnels afin que chaque intervenant connaisse les actions qu’il aura à mener auprès des producteurs. Les éleveurs en difficulté peuvent faire appel aux différents membres de cette commission afin d’obtenir des conseils. Le 1er février prochain, un nouveau dispositif de gestion du lait dépassant 400 000 cellules et 100 000 germes par millilitre entre en vigueur. Il remplace l’actuel dispositif qui prendra fin le 31 janvier.

Son application effective débute le 1er avril sur la moyenne des résultats de janvier, février et mars pour les cellules, et de février et mars pour les germes. Plusieurs grands changements interviennent, notamment sur la moyenne des comptages, calculée auparavant sur le trimestre civil. Désormais, elle le sera sur les trois derniers mois glissants. Prenons l’exemple de mai pour les cellules : la moyenne des mois de février mars et avril est observée. Si elle est supérieure à 400 000, une procédure est déclenchée. L’éleveur reçoit un courrier [I]«d’alerte»[i] du Criel l’informant de sa situation et l’incitant à s’engager dans un [I]«plan cellules»[i] pour l’améliorer. II bénéficie de trois mois pour un retour en conformité. Dans cet exemple, ce deuxième bilan sera fait en août sur la moyenne de mai, juin et juillet.

Interview

Rencontre avec Frédéric Piron, directeur adjoint de la DDCSPP, membre de la Commission Qualilait pour qui : «nous sommes dans une filière, une chaîne alimentaire ; la gestion efficace de la qualité des produits laitiers suppose un travail collaboratif concerté entre tous les partenaires économiques (producteurs, coopératives et industries) et techniques (GDS et Chambre d’agriculture)». [G]AC : Quels sont les enjeux liés à la qualité du lait ?[g] Frédéric Piron : «Le premier enjeu légitime pour les agriculteurs est d’améliorer leur revenu en obtenant le meilleur prix du lait car celui-ci est depuis la fin des années 1960 payé en fonction de la qualité du lait. Mais il ne faudrait pas négliger l’enjeu de qualité sanitaire du lait dont essentiellement les germes mais également les cellules. En effet, la présence de globules blancs en quantité anormale dans le lait signe la présence d’une infection de la mamelle donc potentiellement la présence de germes. La mise en évidence de résidus d’antibiotiques dans le lait obère non seulement le potentiel de transformation de la matière première mais revêt un enjeu de santé publique». [G]Quel est le rôle de la DDCSPP sur la qualité du lait ?[g] «Les accords interprofessionnels rédigés et signés par les membres Cniel (centre national interprofessionnel de l’économie laitière) sont homologués par le ministère de l’Agriculture. L’application des protocoles qu’ils définissent est entre les mains des partenaires locaux de l’interprofession laitière. Le rôle de la DDCSPP (services vétérinaires) est justement de s’assurer que les partenaires ont bien une lecture identique et font une application homogène des protocoles. Dans l’Yonne, la commission «Qualilait» fonctionne de manière satisfaisante notamment grâce à la FDSEA et à la présidente Marie-Noëlle Maury qui veille particulièrement à l’égalité de traitement entre les producteurs et aussi grâce au GDS qui joue son rôle de maître d’œuvre. Un effort a été réalisé dans la rationalisation du suivi longitudinal des producteurs. La participation régulière de la DDCSPP à la commission permet de vérifier le bon niveau d’implication et de réactivité des partenaires (laiteries, Alyse) dans la mise en place des mesures prescrites par les protocoles. Le cas échéant, elle donne son avis concernant la manière de gérer des situations particulières ou des cas difficiles car la commission est susceptible de délivrer, sous conditions, des dérogations temporaires à la suspension de collecte indépendamment des PACC. Force est de constater que quelques producteurs laitiers, une quinzaine tout au plus, présentent de manière récurrente, depuis plusieurs années, des dépassements de normes en dépit d’un, voire de plusieurs, accompagnements techniques pluridisciplinaires. La question de la pérennité de ces ateliers lait qui donnent une mauvaise image de la filière et qui, pour la plupart, ont une faible viabilité économique doit être posée. La cessation laitière est parfois malheureusement la seule solution envisageable. Le rôle des services vétérinaires est aussi de sensibiliser les autres membres de la commission sur ces réalités». [G]Comment expliquez- vous qu’il y ait une disparité de l’application de cet accord entre les bassins laitiers ?[g] «Depuis mi 90, des contraintes règlementaires se sont renforcées sur les pratiques de traite et sur le respect des normes, assez strictes, sur les germes et cellules. L’accord tel qu’il est rédigé ne permet pas de répondre à toutes les questions. Il faut que certaines parties de l’accord soient davantage explicités pour une application harmonisée et homogène. Le nouvel accord en application le 1er février 2014 modifie peu de chose mais a le mérite de préciser qu’un producteur ne peut signer un PACC valant dérogation à la suspension de collecte qu’une fois tous les deux ans». [G]La règlementation trop stricte joue-t-elle sur la démographie de nos éleveurs ?[g] «Non, je ne le pense pas. Les accords interprofessionnels et leur application n’ont pas pour conséquence d’empêcher les producteurs de lait de vivre de leur production ou de priver les industries agroalimentaires de matière première. La qualité de la production est un facteur essentiel de l’économie d’une filière. Dans la mesure où l’on se donne les moyens de rassurer le consommateur en garantissant la maîtrise de la qualité d’une filière on contribue à rendre durable l’économie de cette filière. C’est à mon avis un enjeu essentiel».