Maïs ensilage
La quatrième peine
L’ensilage de maïs s’annonce d’un faible niveau cette année. Un nouvel échec se dessine pour les éleveurs après les déceptions de l’herbe, de la paille et des dérobées.

Les ensileuses n’avaient jamais été sorties d’aussi bonne heure. «Dès le 12 août dans notre cas. C’est exceptionnel», commente Didier Blandin, agriculteur et salarié à l’entreprise de travaux agricoles Antoine Leguy. Le Côte-d’orien de 44 ans, rencontré la semaine dernière dans un chantier près d’Époisses, rappelle les conditions très particulières de 2020 et leurs conséquences dévastatrices dans les maïs : «les cultures subissent la sécheresse de plein fouet. Les plantes sont souvent de petite taille et desséchées sur pied. Parfois, il n’y a pas ou peu d’épis. Il faut souvent récolter sans plus attendre pour tenter de sauver ce qu’il peut l’être». Les premières bennes laissaient effectivement transparaître de faibles tonnages : «les rendements sont la plupart du temps moyens voire même mauvais dans certains cas. Entre 13 et 15 tonnes brutes à l’hectare ont été plusieurs fois récoltées dans l’Auxois, nous sommes au-delà des 50 % de pertes sur certaines parcelles. Sur d’autres, je ne sais même pas si cela vaudra le coup d’être ensilé. Il faudra faire des analyses mais je m’attends à quelque chose de médiocre en termes de qualité». Didier Blandin est également inquiet pour sa propre récolte de maïs, lui qui élève 125 vaches allaitantes à Saint-Prix-lès-Arnay : «une nouvelle cartouche se profile malheureusement… J’étais déjà passé de 15 à 10 hectares cette année, je pourrai encore réduire l’an prochain, mais trouver une alternative au maïs n’est pas toujours évident. Je pense faire davantage de trèfles et de ray-grass et mettre une autre céréale. Je pourrais aussi acheter des sous-produits : des drêches de brasserie ou des pulpes de betteraves surpressées. Cela a un coût, mais le maïs en a un aussi. Et ce dernier ne donne pas toujours satisfaction».
Le goût d’entreprendre
Antoine Leguy, fils d’agriculteur à Thoisy-la-Berchère, a créé sa propre ETA en 2015 à seulement 22 ans. Ce jeune Côte-d’orien tassait la semaine dernière le maïs d’un client avec sa nouvelle lame niveleuse. Sa société est notamment équipée de trois ensileuses, cinq moissonneuses, deux semoirs et d’un épandeur : «Nous sommes parfois six à travailler en même temps, dont mon père et mon frère qui nous rejoignent selon les besoins. Nous essayons d’avoir du matériel toujours plus performant, pour répondre à toute demande et être efficaces dans des fenêtres de tir toujours plus restreintes avec les caprices de la météo. Nous proposons tout type de travaux tout au long de l’année, principalement dans le secteur allant d’Époisses à Nolay. Nous ensilons du maïs sur un peu plus de mille hectares, la très grande majorité des cas dans des élevages allaitants. Nous avons commencé cette campagne avec une variété très précoce que nous avions semée, mais le calendrier reste très en avance, de plus de deux semaines par rapport à ce que nous avons l’habitude de faire».