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Apprentissage agricole

La Nièvre renoue avec un certain engouement

Est-ce une conséquence de la conjoncture économique que traverse l'agriculture nivernaise depuis cinq ans? Toujours est-il que là où l'emploi salarié et les installations stagnent, l'apprentissage agricole connaît un certain essor dans le département.
Par Emmanuel Coulombeix
La Nièvre renoue avec un certain engouement
Yannick Lion est polyculteur-éleveur à Marzy. Il a suivi la formation de tuteur proposée par la Chambre d'agriculture. Depuis ce début-septembre, il est maître d'apprentissage d'un jeune qui se forme au CFA de Challuy.
[I]«C'est l'une des missions de service public de la chambre que de collecter la taxe d'apprentissage. C'est au cœur de son activité car c'est l'avenir que de former des jeunes qui deviendront de futurs salariés voire de futurs installés»[i]. Le constat de Maxime Albert, conseiller agricole de l'institution consulaire de la Nièvre, est sans appel. Il répond à une volonté politique d'intégrer de nouvelles générations dans le secteur professionnel, et ce en dépit d'installations qui ne cessent de diminuer chaque année dans le département: une quarantaine tout au plus en 2010. Faut-il y voir une relation de cause à effet? Tandis que les installations et les emplois agricoles diminuent, l'apprentissage, lui, semble se porter comme un charme. [I]«Une centaine de contrats ont été signés l'an dernier et nous en sommes environ à 85 en 2011»[i] soupèse celui qui a en charge les formations de tuteur à la Chambre d'agriculture. Et justement, cette année, ces formations font le plein. La semaine dernière, une trentaine d'exploitants sont venus, en deux sessions distinctes, participer à la première journée de ce stage de 3 jours. Une affluence qui en dit long sur les besoins de main d'œuvre de l'agriculture nivernaise.

[INTER]Des incitations financières[inter]
L'engouement pour trouver des stagiaires sur les exploitations se mesure sans aucun doute aux dispositifs publics mis en place pour développer l'apprentissage dans la région, tous secteurs économiques confondus. En agriculture aussi les incitations financières sont encourageantes. Selon les niveaux de formation et les diplômes préparés, les chefs d'exploitation peuvent recevoir des aides allant de 250 à 500 euros par année de formation prévue au contrat. Le tout appuyé par des bonifications supplémentaires (de 500 à 1000 euros) selon si le jeune est en recherche d'emploi depuis au moins un an, ou s'il bénéficie d'un contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis)... et encore d'une éventuelle majoration de 500 euros pour le suivi, par le maître d'apprentissage, d'une formation de tuteur. Une formation telle que celle proposée par la chambre d'agriculture de la Nièvre. Les trente exploitants qui sont venus à Nevers devaient pour cela commencer leur premier jour de formation avant le début du contrat d'apprentissage de leur stagiaire. Soit, dans la majorité des cas, avant le 1er septembre. «Sécurisez votre exploitation», «transmettez vos compétences» et «évaluez votre jeune» sont les thèmes des trois jours de formation. Histoire de rappeler que l'apprentissage n'est pas qu'un moyen de trouver de la main d'oeuvre bon marché, mais engage aussi l'exploitant à un investissement pédagogique auprès de son stagiaire.

[INTER][I]«Me seconder sur l'exploitation»[i][inter]
Tel est bien la particularité de l'apprentissage agricole. L'exploitant n'embauche pas un salarié: il engage un jeune en formation. Tous les futurs tuteurs de la chambre d'agriculture sont d'accord sur ce point. La nature de leur mission n'est pas tout à fait la même. Yannick Lion, par exemple, qui est polyculteur éleveur à Marzy (70 vaches, 60 brebis, 25 hectares de cultures auto-consommées) reconnaît que s'il [I]«cherche un jeune pour me seconder, il s'agit de transmettre un savoir-faire. Mon stagiaire, qui sera en formation au CFA de Challuy, connaît par exemple la technique du semis direct mais pas la technique traditionnel du labours avec le semoir rotatif. Je veux lui apprendre ma façon de faire»[i] s'enthousiasme l'agriculteur. Comme il lui fera également découvrir l'élevage allaitant, lui qui n'a qu'une expérience de l'élevage porcin: [I]«je vais lui montrer la manipulation des vaches, les contrôles de croissance des veaux, les soins et le déparasitage»[i]. Embauchera-t-il son stagiaire à la fin du contrat si tout se passe bien? [I]«Pourquoi pas? répond Yannick Lion mais il préfèrera peut-être s'installer avec son père et son oncle sur l'exploitation familiale»[i]. L'éleveur de Marzy devra alors, s'il ne peut embaucher un salarié, trouver un nouvel apprenti.