Affaire Sodiaal
La grande colère des producteurs de lait
La baisse du prix du lait annoncée par Sodiaal a provoqué de nombreux remous chez les producteurs concernés et parmi les instances professionnelles qui craignent que d'autres entreprises ne s'engouffrent dans la brêche ouverte. La situation reste tendue mais une évolution favorable des marchés pourraient permettre de revenir sur une décision, définie par les administrateurs de la coopérative comme transitoire.

[I]«Inacceptable»[i], [I]«intolérable»[i], [I]«scandaleux»[i]... les qualificatifs ne manquent pas et vont tous dans le même sens lorsque l'on interroge les producteurs laitiers, comme leurs représentants professionnels, après la décision de Sodiaal, d'amputer la paye de lait. Les producteurs adhérents à la coopérative laitière ont appris par lettre que le prix du lait (volume A) allait baisser de 5 euros par 1000l, alors que le prix différencié (prix B) allait être amputé de 15 euros par rapport à la valorisation beurre/poudre/calculée par l'interprofession. Raison invoquée par Sodiaal : un marché du lait de consommation perturbé. Retour à la case départ pour les producteurs laitiers de la zone Sodiaal, qui se sentent une nouvelle fois les otages des négociations tarifaires entre leur entreprise et la grande distribution.
[INTER]Des trésoreries à flux tendus[inter]
Sur le terrain, la colère le dispute à l'incompréhension mais surtout à un profond sentiment d'injustice. [I]«C'est une décision d'autant plus lamentable et révoltante que c'est une coopérative, dont les administrateurs sont aussi des éleveurs qui nous inflige cette punition»[i] témoigne Laurent Didier producteur laitier à Bouilly (89). Un producteur laitier spécialisé en colère et qui ne mâche pas ses mots pour dénoncer une situation intenable [I]«au moment où nos charges sont en augmentation constante. On subit de tous les côtés, c'est pesant et décourageant quand on met tout en œuvre pour développer une exploitation et que l'on investit dans notre outil de travail»[i]. L'avenir c'est justement ce qui préoccupe ce producteur. Comme beaucoup, il [I]«travaille à flux tendus»[i], la trésorerie en berne et les suites du plan Sarkozy à rembourser. Dans ces conditions pas question de faire des stocks, les achats sont payés au prix fort, surtout en ce moment. Laurent Didier a l'impression d'être aspiré dans une spirale infernale. Pourtant le lait il y croit, le bâtiment neuf a été conçu pour pouvoir augmenter le troupeau actuel de 60 VL et un supplément de quota a été acheté au printemps. [I]«Je le regrette aujourd'hui»[i] insiste l'éleveur qui remarque [I]«on voudrait nous décourager, on ne s'y prendrait pas autrement, la stratégie c'est peut-être de dégoûter les moins bien armés pour favoriser les grosses unités ? Qu'une coopérative se développe, c'est normal, mais elle doit le faire dans le respect de ses producteurs. Je suis un coopérateur convaincu pour l'ensemble de mon activité, mais personne ne nous traite aussi mal que Sodiaal !»
[i]
La colère de Laurent Didier trouve des échos dans la campagne icaunaise où certains producteurs comme lui se demandent [I]«s'ils ont encore leur place ici»[i]. Philippe Vannest, élève 45 VL à Saint-Privé, la lettre de Sodiaal l'a pris de court également. [I]«C'est un mauvais coup au moment où nos charges explosent, en deux ans le prix du tourteau de colza a été multiplié par deux, celui du soja également»[i]. Son système d'exploitation, avec 30ha de maÏs ensilage, vise à l'autonomie alimentaire, mais il pense aux autres producteurs laitiers, ceux qui n'ont pas pu comme lui constituer suffisamment de stocks l'an passé. La mauvaise récolte de maÏs qui s'annonce cette année va les pénaliser aussi sûrement que la baisse du prix annoncée par Sodiaal.
[INTER]Le [I]«mauvais exemple»[i][inter]
Côté représentant professionnels, la réplique à la décision de Sodiaal ne s'est pas fait attendre. La FNPL a fait part de ses plus vives critiques dans un communiqué, tandis qu'une réunion régionale était diligentée en Bourgogne. Nadine Darlot considère ainsi que [I]«instaurer un prix B ce n'était déjà pas tolérable, mais jouer sur le prix A et baisser le prix B, c'est carrément inacceptable. Sodiaal fait tout pour décourager les producteurs des zones intermédiaires, à ce rythme là, seuls ceux qui ne pourront pas faire autrement continueront et ceux qui peuvent sortir du lait s'engageront dans d'autres productions. Sodiaal une fois de plus donne le mauvais exemple et ce n'est pas tolérable de la part de la plus grosse coopérative laitière, les industriels n'ont plus qu'à s'engouffrer dans la brêche»[i].
Administratrice à la FNPL, Nathalie Mairet relève, au vu des informations prises auprès des administrateurs régionaux de la coopérative qui ont été systématiquement interrogés, que cette décision de Sodiaal pourrait être transitoire et évoluer plus favorablement en fonction de l'état du marché du lait, en particulier vis-à-vis de la concurrence allemande sur le lait de consommation. La seconde quinzaine d'août a vu un certain redressement du marché, mais [I]«l'inquiétude reste vive pour la fin de l'année»[i] même si l'horizon pourrait s'éclaircir ensuite.
[INTER]Des trésoreries à flux tendus[inter]
Sur le terrain, la colère le dispute à l'incompréhension mais surtout à un profond sentiment d'injustice. [I]«C'est une décision d'autant plus lamentable et révoltante que c'est une coopérative, dont les administrateurs sont aussi des éleveurs qui nous inflige cette punition»[i] témoigne Laurent Didier producteur laitier à Bouilly (89). Un producteur laitier spécialisé en colère et qui ne mâche pas ses mots pour dénoncer une situation intenable [I]«au moment où nos charges sont en augmentation constante. On subit de tous les côtés, c'est pesant et décourageant quand on met tout en œuvre pour développer une exploitation et que l'on investit dans notre outil de travail»[i]. L'avenir c'est justement ce qui préoccupe ce producteur. Comme beaucoup, il [I]«travaille à flux tendus»[i], la trésorerie en berne et les suites du plan Sarkozy à rembourser. Dans ces conditions pas question de faire des stocks, les achats sont payés au prix fort, surtout en ce moment. Laurent Didier a l'impression d'être aspiré dans une spirale infernale. Pourtant le lait il y croit, le bâtiment neuf a été conçu pour pouvoir augmenter le troupeau actuel de 60 VL et un supplément de quota a été acheté au printemps. [I]«Je le regrette aujourd'hui»[i] insiste l'éleveur qui remarque [I]«on voudrait nous décourager, on ne s'y prendrait pas autrement, la stratégie c'est peut-être de dégoûter les moins bien armés pour favoriser les grosses unités ? Qu'une coopérative se développe, c'est normal, mais elle doit le faire dans le respect de ses producteurs. Je suis un coopérateur convaincu pour l'ensemble de mon activité, mais personne ne nous traite aussi mal que Sodiaal !»
[i]
La colère de Laurent Didier trouve des échos dans la campagne icaunaise où certains producteurs comme lui se demandent [I]«s'ils ont encore leur place ici»[i]. Philippe Vannest, élève 45 VL à Saint-Privé, la lettre de Sodiaal l'a pris de court également. [I]«C'est un mauvais coup au moment où nos charges explosent, en deux ans le prix du tourteau de colza a été multiplié par deux, celui du soja également»[i]. Son système d'exploitation, avec 30ha de maÏs ensilage, vise à l'autonomie alimentaire, mais il pense aux autres producteurs laitiers, ceux qui n'ont pas pu comme lui constituer suffisamment de stocks l'an passé. La mauvaise récolte de maÏs qui s'annonce cette année va les pénaliser aussi sûrement que la baisse du prix annoncée par Sodiaal.
[INTER]Le [I]«mauvais exemple»[i][inter]
Côté représentant professionnels, la réplique à la décision de Sodiaal ne s'est pas fait attendre. La FNPL a fait part de ses plus vives critiques dans un communiqué, tandis qu'une réunion régionale était diligentée en Bourgogne. Nadine Darlot considère ainsi que [I]«instaurer un prix B ce n'était déjà pas tolérable, mais jouer sur le prix A et baisser le prix B, c'est carrément inacceptable. Sodiaal fait tout pour décourager les producteurs des zones intermédiaires, à ce rythme là, seuls ceux qui ne pourront pas faire autrement continueront et ceux qui peuvent sortir du lait s'engageront dans d'autres productions. Sodiaal une fois de plus donne le mauvais exemple et ce n'est pas tolérable de la part de la plus grosse coopérative laitière, les industriels n'ont plus qu'à s'engouffrer dans la brêche»[i].
Administratrice à la FNPL, Nathalie Mairet relève, au vu des informations prises auprès des administrateurs régionaux de la coopérative qui ont été systématiquement interrogés, que cette décision de Sodiaal pourrait être transitoire et évoluer plus favorablement en fonction de l'état du marché du lait, en particulier vis-à-vis de la concurrence allemande sur le lait de consommation. La seconde quinzaine d'août a vu un certain redressement du marché, mais [I]«l'inquiétude reste vive pour la fin de l'année»[i] même si l'horizon pourrait s'éclaircir ensuite.