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Action syndicale

La FDSEA de l’Yonne exprime son ras-le-bol dans la rue

Mardi, mercredi et jeudi, la FDSEA de l’Yonne était en action syndicale. L’objectif : faire part de leur mécontentement vis-à-vis des ZNT, des accords Ceta et Mercosur, ainsi que faire part des difficultés économiques et climatiques auxquels sont confrontés les agriculteurs.
Par Christopher Levé
La FDSEA de l’Yonne exprime  son ras-le-bol dans la rue
Une trentaine d’agriculteurs se sont rassemblés devant la sous-préfecture d’Avallon, mardi soir, pour manifester.
«Il y a deux choses qui nous font sortir dans la rue. L’élément déclencheur, ce sont les ZNT (zones de non traitement). La deuxième chose, ce sont le Ceta, qui a été signé, et Mercosur», indique Gilles Robillard, secrétaire général de la FDSEA de l’Yonne.
Le mardi devant la sous-préfecture d’Avallon, le mercredi devant la sous-préfecture de Sens et le jeudi devant la préfecture d’Auxerre, la FDSEA de l’Yonne a mené une semaine d’action syndicale. Le but ? «Rencontrer les représentants de l’État pour échanger sur le contexte agricole du moment : la sécheresse, les difficultés économiques et la consultation de l’État en matière de ZNT. Le but est de lever l’incompréhension et de sensibiliser sur l’incohérence de l’État», explique Gilles Robillard.
En ce qui concerne les ZNT, «les pratiques agricoles actuelles autorisent des produits phytos, dans tous les types d’agriculture et tous ont des pratiques qui respectent la loi. Tous les agriculteurs et les ouvriers agricoles sont formés (certiphytos) à l’utilisation de ces produits. Ils n’utilisent que des produits autorisés, dans des conditions homologuées», continue le secrétaire général de la FDSEA 89. «l y a un gros effort qui est fait depuis une vingtaine d’années pour mettre moins de produits et les mettre plus efficacement. Alors il y a une grosse incompréhension du monde agricole, a qui l’on dit aujourd’hui qu’il faudrait en faire encore plus».

«On est en train de nous fermer les marchés»
Les distances de sécurité supplémentaires pour les ZNT ne sont pas recevables pour la FDSEA. «Nos pratiques sont légales et sécurisées, alors il n’est pas question de prendre des mètres de sécurité en plus. L’État nous demande des distances de 10 m (pour l’arboriculture, la viticulture, les petits fruits de plus de 50 cm de haut et le houblon) et de 5 m (pour les grandes cultures et maraîchage). Ou encore 150 m des habitations. Nous on ne veut rien changer car les pratiques de tous les agriculteurs, quelques soient leurs système de production (conventionnel, bio, arboriculteurs, viticulteurs, ACS) sont clean», affirme secrétaire général de la FDSEA 89.
Quant aux accords Ceta et Mercosur ? «Ces accords permettent de faire venir en France des produits sur lesquels sont utilisés des techniques interdites en France. Par exemple pour les céréales, aux États-Unis ou au Canada, on met du glyphosate dessus, alors qu’en France on n’en met jamais. Pour les bovins et ovins, ce sont des hormones et antibiotiques à foison dans ces pays-là», poursuit Gilles Robillard. Inimaginable en France. «Ça nous va très bien de ne pas produire comme ça en France car ce ne sont pas des techniques que nous utilisons. Par contre, interdire ces pratiques sans valoriser la vente des produits français, ça devient compliqué. On est en train de nous fermer les marchés».
Comme dans l’Yonne, des mobilisations ont eu lieu dans une quarantaine de départements, cette semaine.

Focus

Damien Brayotel, président de la FDSEA 89, céréalier à Saint-Julien-du-Sault : «On veut dire stop ! On en a ras-le-bol de la sur-enchère politique et médiatique de l’agriculture française, qui est pourtant réputé pour être l’une des plus saine et durable. Les agriculteurs essaient de faire leurs métiers le mieux possible, en respectant les règles. Et en même temps, l’Europe voudrait ouvrir les portes à des produits importés qui ne respectent pas les mêmes normes que les nôtres. On a besoin de cohérence».

Charles Baracco, co-président des Jeunes agriculteurs d’Avallon, polyculture-élevage à Avallon : «Il y a des accords Ceta/Mercosur qui sont très inquiétants. On ne sent pas les Pouvoirs publics nous soutenir. On est laissé à l’abandon et mis dans une concurrence déloyale avec des pays qui n’ont pas les mêmes réglementations en termes de production. On aimerait un peu plus de soutien et de reconnaissance car l’agriculture française est plus propre que dans la plupart des autres pays».

Jacques Piault, céréalier à Annoux et maire de la commune : «Je suis ici car il faut que l’on se bouge, nous, les paysans pour que l’État prenne conscience de l’importance de l’agriculture en France, car les agriculteurs sont de moins en moins nombreux. Je veux aussi exprimer mon ras-le-bol vis-à-vis de l’agribashing. Je plaints les jeunes qui vont s’installer à l’avenir. En tant qu’agriculteur et en tant que maire, je suis contre les ZNT et les accords Ceta/Mercosur».