Rencontre technique des établissements Bresson
La dérive franco-française du plan Ecophyto
La SAS Bresson a organisé le 12 février dernier une rencontre technique à Barges. En entrée : les suites d’une directive qui passent toujours aussi mal et en plat de résistance, la prestation décoiffante de Gil Rivière-Wekstein, journaliste polémiste, fondateur de la revue «Agriculture et environnement».

La rencontre est toujours attendue, pour les informations techniques dispensées bien sûr, mais aussi pour l’ambiance de convivialité qui règne au sein de ces réunions organisées par les Établissements Bresson. Il y a là un esprit de famille qui réconforte par ces temps difficiles pour toute la profession agricole.
Zones vulnérables : tout n’est pas joué
Anne Hermant a fait le point sur les zones vulnérables et les nouvelles dispositions de la directive nitrates. D’un côté la profession a gagné au terme d’une action juridique contre l’État qui a vu l’annulation du classement de 166 communes du Bassin Rhône Méditerranée, en Côte d’Or. De l’autre, ce n’est que partie remise, car le contentieux européen qui vise la France est toujours d’actualité, ce qui amène l’État français à maintenir sa pression environnementale. Un nouveau classement pourrait donc intervenir en 2016, mais en attendant et sans programme d’action défini, cela laisse un temps supplémentaire pour se mettre au niveau des nouvelles normes, concernant notamment le stockage des effluents.
En 2016, les conditions de la fertilisation restent, pour le moment, «sur la même base de raisonnement» qu’avant, explique Anne Hermant. Le reliquat sortie d’hiver est obligatoire et on doit recourir à un outil de pilotage de la fertilisation azotée si on s’oriente vers un dépassement de la dose-bilan ou si la situation l’exige. Le dexel et sa version simplifiée, le pré-dexel, restent les outils privilégiés pour vérifier ou évaluer les capacités de stockage d’effluents. Le stockage des fumiers compacts au champ est toujours possible, mais sous certaines conditions : la durée de stockage ne doit pas dépasser dix mois et le retour sur un même emplacement ne peut pas intervenir avant un délais de trois ans. La distance à respecter entre les équipements de stockage des effluents (y compris ceux se trouvant dans les bâtiments et les éléments à protéger (puits, forages ou sources) est de 35 mètres et est inscrite cette fois dans le domaines des BCAE à respecter dans le cadre de la conditionnalité ; tout comme l’interdiction du brûlage des résidus (paille, cultures...) et la taille des haies entre le 1er avril et le 31 juillet.
Dernier sujet d’inquiétude en date, les surfaces non agricoles (SNA), ont fait l’objet de bien des interrogations et de bien des débats. Au début du mois de février le ministre de l’Agriculture a précisé quelques notions : seules les corrections ayant un impact sur le versement des aides doivent être prises en compte. Un outil informatique de visualisation des SNA ne devrait d’ailleurs faire apparaître que les SNA de taille significative. La restitution des surfaces est encore en cours, mais les services du ministère l’affirment : tout ce travail assurera ensuite la tranquillité jusqu’en 2020... Restent que toutes les mesures de simplification qui se télescopent et les retards accumulés en complexifient singulièrement la lecture aujourd’hui et la visibilité pour les mois à venir.
Les dessous pas très chics du plan Ecophyto
Gil Rivière-Wekstein, a l’habitude de mettre les pieds dans le plat, c’est son fond de commerce, comme journaliste indépendant, éditeur d’une lettre mensuelle «Agriculture et environnement» et auteur de plusieurs livres dénonçant ce qu’il considère comme des «impostures écologiques» concernant «les abeilles, le bio, les OGM». «Observateur des pressions sociales et politiques sur la question des phytos», Gil Rivière-Wekstein, polémiste engagé -mais controversé- voit rouge dès que l’on s’attaque aux phytos au nom de «l’écologie politique». Invité à intervenir lors de cette réunion technique où la polémique n’était pas d’actualité, il s’est livré à une analyse de texte autour du programme Écophyto. Pour mieux comprendre une dérive franco-française, dans laquelle tous les gouvernements -de droite comme de gauche- se sont installés, Gil Rivière-Wekstein revient au texte fondateur, la directive européenne imposant «une réduction des risques et des effets des pesticides par rapport à la santé humaine et à l’environnement». Dès 2008, sous le quinquennat du président Sarkozy, on passe «de la notion de risque à celle d’usage» dans la transcription française de la directive européenne. S’en suivront une cascade de contraintes pour parvenir (à dix ans «si possible») à une réduction de 50% de l’usage des pesticides. En 2014, l’échec est patent, «l’usage est en hausse», cependant, «les pratiques ont évolué et les facteurs de risque ont été réduits». Sur sa lancée polémique, Gil Rivière qualifie de plan Écophyto 2 «d’enfumage» et décrypte les mécanismes complexes des CEPPP, certificats d’économie de produits phytosanitaires, «pierre angulaire du dispositif» qu’il considère comme «inadaptés au contexte agricole». Outre la complexité du dispositif et ses effets pervers pour les distributeurs de produits phytosanitaires, il regrette que le Nodu soit «un mauvais indicateur» du fait qu’il «ne prend pas en compte la complexité du vivant».
Il rappelle que la profession a remis en cause la pertinence de cet indicateur, qui reste là encore une spécificité franco-française, alors que cette mesure ne concernera aucun autre pays européen. Un recours en annulation du décret a été engagé auprès du Conseil d’État, porté par la Fédération nationale du négoce agricole (FNA) et soutenu par Coop de France et la FNSEA. Parmi toutes les options possible, il semble que «la clé ce soit la définition d’un nouvel indicateur en lieu et place du Nodu, qui valoriserait les initiatives déjà prises et permettrait de renouer une relation de confiance avec les agriculteurs» conseille Gil Rivière-Wekstein.
Zones vulnérables : tout n’est pas joué
Anne Hermant a fait le point sur les zones vulnérables et les nouvelles dispositions de la directive nitrates. D’un côté la profession a gagné au terme d’une action juridique contre l’État qui a vu l’annulation du classement de 166 communes du Bassin Rhône Méditerranée, en Côte d’Or. De l’autre, ce n’est que partie remise, car le contentieux européen qui vise la France est toujours d’actualité, ce qui amène l’État français à maintenir sa pression environnementale. Un nouveau classement pourrait donc intervenir en 2016, mais en attendant et sans programme d’action défini, cela laisse un temps supplémentaire pour se mettre au niveau des nouvelles normes, concernant notamment le stockage des effluents.
En 2016, les conditions de la fertilisation restent, pour le moment, «sur la même base de raisonnement» qu’avant, explique Anne Hermant. Le reliquat sortie d’hiver est obligatoire et on doit recourir à un outil de pilotage de la fertilisation azotée si on s’oriente vers un dépassement de la dose-bilan ou si la situation l’exige. Le dexel et sa version simplifiée, le pré-dexel, restent les outils privilégiés pour vérifier ou évaluer les capacités de stockage d’effluents. Le stockage des fumiers compacts au champ est toujours possible, mais sous certaines conditions : la durée de stockage ne doit pas dépasser dix mois et le retour sur un même emplacement ne peut pas intervenir avant un délais de trois ans. La distance à respecter entre les équipements de stockage des effluents (y compris ceux se trouvant dans les bâtiments et les éléments à protéger (puits, forages ou sources) est de 35 mètres et est inscrite cette fois dans le domaines des BCAE à respecter dans le cadre de la conditionnalité ; tout comme l’interdiction du brûlage des résidus (paille, cultures...) et la taille des haies entre le 1er avril et le 31 juillet.
Dernier sujet d’inquiétude en date, les surfaces non agricoles (SNA), ont fait l’objet de bien des interrogations et de bien des débats. Au début du mois de février le ministre de l’Agriculture a précisé quelques notions : seules les corrections ayant un impact sur le versement des aides doivent être prises en compte. Un outil informatique de visualisation des SNA ne devrait d’ailleurs faire apparaître que les SNA de taille significative. La restitution des surfaces est encore en cours, mais les services du ministère l’affirment : tout ce travail assurera ensuite la tranquillité jusqu’en 2020... Restent que toutes les mesures de simplification qui se télescopent et les retards accumulés en complexifient singulièrement la lecture aujourd’hui et la visibilité pour les mois à venir.
Les dessous pas très chics du plan Ecophyto
Gil Rivière-Wekstein, a l’habitude de mettre les pieds dans le plat, c’est son fond de commerce, comme journaliste indépendant, éditeur d’une lettre mensuelle «Agriculture et environnement» et auteur de plusieurs livres dénonçant ce qu’il considère comme des «impostures écologiques» concernant «les abeilles, le bio, les OGM». «Observateur des pressions sociales et politiques sur la question des phytos», Gil Rivière-Wekstein, polémiste engagé -mais controversé- voit rouge dès que l’on s’attaque aux phytos au nom de «l’écologie politique». Invité à intervenir lors de cette réunion technique où la polémique n’était pas d’actualité, il s’est livré à une analyse de texte autour du programme Écophyto. Pour mieux comprendre une dérive franco-française, dans laquelle tous les gouvernements -de droite comme de gauche- se sont installés, Gil Rivière-Wekstein revient au texte fondateur, la directive européenne imposant «une réduction des risques et des effets des pesticides par rapport à la santé humaine et à l’environnement». Dès 2008, sous le quinquennat du président Sarkozy, on passe «de la notion de risque à celle d’usage» dans la transcription française de la directive européenne. S’en suivront une cascade de contraintes pour parvenir (à dix ans «si possible») à une réduction de 50% de l’usage des pesticides. En 2014, l’échec est patent, «l’usage est en hausse», cependant, «les pratiques ont évolué et les facteurs de risque ont été réduits». Sur sa lancée polémique, Gil Rivière qualifie de plan Écophyto 2 «d’enfumage» et décrypte les mécanismes complexes des CEPPP, certificats d’économie de produits phytosanitaires, «pierre angulaire du dispositif» qu’il considère comme «inadaptés au contexte agricole». Outre la complexité du dispositif et ses effets pervers pour les distributeurs de produits phytosanitaires, il regrette que le Nodu soit «un mauvais indicateur» du fait qu’il «ne prend pas en compte la complexité du vivant».
Il rappelle que la profession a remis en cause la pertinence de cet indicateur, qui reste là encore une spécificité franco-française, alors que cette mesure ne concernera aucun autre pays européen. Un recours en annulation du décret a été engagé auprès du Conseil d’État, porté par la Fédération nationale du négoce agricole (FNA) et soutenu par Coop de France et la FNSEA. Parmi toutes les options possible, il semble que «la clé ce soit la définition d’un nouvel indicateur en lieu et place du Nodu, qui valoriserait les initiatives déjà prises et permettrait de renouer une relation de confiance avec les agriculteurs» conseille Gil Rivière-Wekstein.