Conférence économique départementale
La crise: quels impacts sur l'activité agricole ?
àconomiste à l'APCA, Thierry Pouch était l'invité de l'édition 2012 de la conférence économique départementale organisée par la Chambre d'agriculture de l'Yonne. Revenant notamment sur les tenants et aboutissants de la crise actuelle et ses conséquences sur l'économie agricole.

En première partie de la conférence, un tour d'horizon des filières agricoles départementales a été dressé par Vincent Gallois, en charge des études économiques et prospectives à la Chambre d'agriculture de l'Yonne :
En bovins viande, 2011 aura été une année atypique, enregistrant à la fois un accroissement des abattages, par crainte de déficit fourrager lié à la sécheresse, et une croissance exceptionnelle des exportations en viande et vif. Notamment sur le marché sud méditerranéen. Reste à savoir si les ventes en maigre compenseront le tassement observé sur l'Italie. Si le cours du broutard stagne, celui des jeunes bovins s'envole. L'accroissement de la vente en vif ayant pour conséquence une diminution d'activité pour la Sicavyl de Migennes. La filière icaunaise s'interroge : [I]«ces prix hauts favoriseront-ils la relance de l'engraissement engagée par Alysé et la Cialyn ?»[i]
En aviculture, on voit se développer les [I]«systèmes alternatifs»[i] en filière œufs : plein air, label Rouge, Bio... L'Yonne compte à ce jour 7500 poules bio en production, avec deux nouveaux projets en cours d'installation d'ici fin mai. Trois autres projets de poules plein air seront créés d'ici la fin de l'année portant le parc départemental à 45 000 animaux. Centre de conditionnement basé dans la Marne, la Sté CDPO souhaite augmenter sa production de 25 % et recherche des producteurs dans un rayon de 250 km. Un atout supplémentaire pour le département Prix du lait : la tendance haussière constatée depuis 2009 se perpétue, avec des prix au dessus de 300, voire 320 €/1000 l. L'Yonne est toutefois en sous-réalisation, avec seulement 270 producteurs et une faible densité laitière. D'où cette question : «les coûts de collecte seront-ils revus à la hausse du fait d'un manque d'exploitants ?» En porc, en dépit d'un niveau de prix en augmentation, les mises aux normes «Bien être» ont pour conséquence de voir nombre d'élevages familiaux arrêter le naissage pour se concentrer sur l'engraissement. D'où une perte de potentiel de production.
Ovins et caprins : la relance portée par le groupement Alysé et la Cialyn porte ses fruits, avec 3 000 brebis de plus dans le département, pour un objectif de 2 500.
En viticulture, retour à la normale pour le Chablis, avec des prix comparable à la moyenne décennale et une diversification de ses destinations à l'exportation. Si en rouge le marché sera déterminant compte tenu d'une dernière récolte importante, les clignotants sont au vert pour le Crémant qui profite de l'embellie du marché des vins effervescents.
Grandes cultures : on constate un prix du blé en baisse depuis janvier 2011, pour un prix Rouen sous la barre des 200 €/tonne en janvier 2012.Les cours du colza sont eux au plus haut, à 457 €/t à pareille période. L'augmentation régulière du prix des engrais se poursuit.
[INTER]Un horizon économique qui s'assombrit
[inter]Dégradation des comptes publics de la zone euro, récession, déficit commercial américain abyssal, volatilité chronique des marchés... Le tableau peint par Thierry Pouch, responsable du service références et études économiques à l'APCA, de la crise mondiale et de ses conséquences n'est pas des plus réjouissants ! Revenant notamment sur la « Règle d'or » instituée par le pacte budgétaire signé le 30 janvier dernier, contraignant les Etats à pratiquer l'autofinancement, l'économiste y voit matière à freiner la croissance, hypothéquant d'autant la solidité économique de la zone euro face aux défis du XXIème siècle. Alors que le seuil de chômage a dépassé les 10 % en zone euro, l'Italie et l'Espagne sont déjà entrées en récession, avec un taux de croissance respectif de leur PIB estimé à - 2,2% et -1,7% pour 2012. La France n'étant que légèrement positive à + 0,2%.
Les effets négatifs engendrés par la crise sur l'agriculture française sont bien réels : revenus cycliques pour les exploitants, volatilité chronique des prix agricoles, demande des ménages en baisse, diminution des crédits bancaires... L'horizon économique des producteurs s'obscurcit. Face à la volatilité des marchés, la planète s'interroge. En fait, souligne Thierry Pouch : «tout dépendra de l'évolution de l'économie chinoise, qui siphonne pas mal de matières premières depuis quelques années, qu'elles soient énergétiques, industrielles ou agricoles». Quant au prix du pétrole, pas de miracle à attendre : «aujourd'hui autour de 110 à
112 $ le baril, il pourrait atteindre d'ici deux ans, compte tenu de l'appétit des pays émergeants et des incertitudes géopolitiques, les 230 $, avec des conséquences catastrophiques pour les agriculteurs, en matière d'achat d'intrants».
Gardant le meilleur pour la fin, l'orateur a évoqué quelques impacts plus positifs de la crise : comme ce basculement du centre de gravité de l'économie mondiale vers l'Asie : «sans doute vers la Chine. Reste à savoir si ses prétentions d'hégémonie seront régionales ou mondiales... !» L'élévation des niveaux de vie et l'occidentalisation des modes de consommation alimentaire de pays émergeants a fortement impacté à la hausse les produits carnés, vins et alcools. A l'image des vins de Bordeaux, dont les exportations ont fortement progressé en direction de la Chine. Autre débouché intéressant : les importations de céréales émanant des pays d'Afrique du Nord, même si l'agriculture française doit faire face à une forte pression concurrentielle, conjuguée à une parité euro/dollar défavorable.
En bovins viande, 2011 aura été une année atypique, enregistrant à la fois un accroissement des abattages, par crainte de déficit fourrager lié à la sécheresse, et une croissance exceptionnelle des exportations en viande et vif. Notamment sur le marché sud méditerranéen. Reste à savoir si les ventes en maigre compenseront le tassement observé sur l'Italie. Si le cours du broutard stagne, celui des jeunes bovins s'envole. L'accroissement de la vente en vif ayant pour conséquence une diminution d'activité pour la Sicavyl de Migennes. La filière icaunaise s'interroge : [I]«ces prix hauts favoriseront-ils la relance de l'engraissement engagée par Alysé et la Cialyn ?»[i]
En aviculture, on voit se développer les [I]«systèmes alternatifs»[i] en filière œufs : plein air, label Rouge, Bio... L'Yonne compte à ce jour 7500 poules bio en production, avec deux nouveaux projets en cours d'installation d'ici fin mai. Trois autres projets de poules plein air seront créés d'ici la fin de l'année portant le parc départemental à 45 000 animaux. Centre de conditionnement basé dans la Marne, la Sté CDPO souhaite augmenter sa production de 25 % et recherche des producteurs dans un rayon de 250 km. Un atout supplémentaire pour le département Prix du lait : la tendance haussière constatée depuis 2009 se perpétue, avec des prix au dessus de 300, voire 320 €/1000 l. L'Yonne est toutefois en sous-réalisation, avec seulement 270 producteurs et une faible densité laitière. D'où cette question : «les coûts de collecte seront-ils revus à la hausse du fait d'un manque d'exploitants ?» En porc, en dépit d'un niveau de prix en augmentation, les mises aux normes «Bien être» ont pour conséquence de voir nombre d'élevages familiaux arrêter le naissage pour se concentrer sur l'engraissement. D'où une perte de potentiel de production.
Ovins et caprins : la relance portée par le groupement Alysé et la Cialyn porte ses fruits, avec 3 000 brebis de plus dans le département, pour un objectif de 2 500.
En viticulture, retour à la normale pour le Chablis, avec des prix comparable à la moyenne décennale et une diversification de ses destinations à l'exportation. Si en rouge le marché sera déterminant compte tenu d'une dernière récolte importante, les clignotants sont au vert pour le Crémant qui profite de l'embellie du marché des vins effervescents.
Grandes cultures : on constate un prix du blé en baisse depuis janvier 2011, pour un prix Rouen sous la barre des 200 €/tonne en janvier 2012.Les cours du colza sont eux au plus haut, à 457 €/t à pareille période. L'augmentation régulière du prix des engrais se poursuit.
[INTER]Un horizon économique qui s'assombrit
[inter]Dégradation des comptes publics de la zone euro, récession, déficit commercial américain abyssal, volatilité chronique des marchés... Le tableau peint par Thierry Pouch, responsable du service références et études économiques à l'APCA, de la crise mondiale et de ses conséquences n'est pas des plus réjouissants ! Revenant notamment sur la « Règle d'or » instituée par le pacte budgétaire signé le 30 janvier dernier, contraignant les Etats à pratiquer l'autofinancement, l'économiste y voit matière à freiner la croissance, hypothéquant d'autant la solidité économique de la zone euro face aux défis du XXIème siècle. Alors que le seuil de chômage a dépassé les 10 % en zone euro, l'Italie et l'Espagne sont déjà entrées en récession, avec un taux de croissance respectif de leur PIB estimé à - 2,2% et -1,7% pour 2012. La France n'étant que légèrement positive à + 0,2%.
Les effets négatifs engendrés par la crise sur l'agriculture française sont bien réels : revenus cycliques pour les exploitants, volatilité chronique des prix agricoles, demande des ménages en baisse, diminution des crédits bancaires... L'horizon économique des producteurs s'obscurcit. Face à la volatilité des marchés, la planète s'interroge. En fait, souligne Thierry Pouch : «tout dépendra de l'évolution de l'économie chinoise, qui siphonne pas mal de matières premières depuis quelques années, qu'elles soient énergétiques, industrielles ou agricoles». Quant au prix du pétrole, pas de miracle à attendre : «aujourd'hui autour de 110 à
112 $ le baril, il pourrait atteindre d'ici deux ans, compte tenu de l'appétit des pays émergeants et des incertitudes géopolitiques, les 230 $, avec des conséquences catastrophiques pour les agriculteurs, en matière d'achat d'intrants».
Gardant le meilleur pour la fin, l'orateur a évoqué quelques impacts plus positifs de la crise : comme ce basculement du centre de gravité de l'économie mondiale vers l'Asie : «sans doute vers la Chine. Reste à savoir si ses prétentions d'hégémonie seront régionales ou mondiales... !» L'élévation des niveaux de vie et l'occidentalisation des modes de consommation alimentaire de pays émergeants a fortement impacté à la hausse les produits carnés, vins et alcools. A l'image des vins de Bordeaux, dont les exportations ont fortement progressé en direction de la Chine. Autre débouché intéressant : les importations de céréales émanant des pays d'Afrique du Nord, même si l'agriculture française doit faire face à une forte pression concurrentielle, conjuguée à une parité euro/dollar défavorable.