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Soirée élevage de la FDSEA

La contractualisation  : un outil qui redonne de la valeur aux exploitations

La section bovine de la FDSEA a organisé sa soirée Élevage à la MJC de Chatillon-en-Bazois. Un événement auquel ont participé Cédric Mandin, secrétaire général de la FNB et Lina-May Ramony du Service Économie des Filières à l’Institut de l’élevage.
Par Théophile Mercier
La contractualisation  : un outil qui redonne de la valeur aux exploitations
Au micro, le député Patrice Perrot. À ses côtés, le président de la section bovine de la FDSEA, Emmanuel Bernard et Cédric Mandin, le secrétaire général de la FNB.
Plus d’une centaine de personnes ont fait le déplacement ce mercredi 6  novembre à la MJC de Chatillon-en-Bazois pour suivre la soirée annuelle de la section bovine de la FDSEA. La soirée a débuté par la présentation de la dernière version de l’étude «Où va le bœuf» qui vise à comparer les évolutions des modes de consommation de la viande bovine. Interbev avait mandaté l’Institut de l’Élevage (Idele) pour actualiser cette étude dont la dernière version datait de 2014.
Le premier indicateur présenté par Lina-May Ramony du Service Économie des Filières à l’Idele, fut la consommation de la viande bovine sur le marché français. L’ingénieure a constaté en 2017 une érosion de la consommation dans notre pays encaissée principalement par la baisse des importations. «2017 fut une année avec beaucoup de réformes de vaches  : début de décapitalisation allaitante et maintien des abattages de vaches laitières, ce qui explique le ralentissement des importations» a présenté Lina-May Ramony de l’Idele.

À titre de comparaison en 2014, la part de l’importation représentait 25  % contre 22  % en 2017. Parallèlement, les volumes abattus sous signes de qualité et en bio progressent fortement  : hausse de 47  % entre  2014 et  2017 pour le bio et 32  % pour les IGP seules par exemple. Ces évolutions sont néanmoins à pondérer car la part des abattages dans le secteur conventionnel reste majoritaire à 96 % en 2017.

Les GMS premier débouché de la viande bovine
Sur le plan des débouchés de la viande bovine française et importée en 2017 hors export, les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) restent le premier débouché de la viande bovine en France pour 49 % de la consommation.

Mais la principale évolution de la consommation se situe au niveau du réseau de la RHD (Restauration Hors Foyer) où 24 % de la viande bovine est consommée. Le transfert de consommation de la GMS vers la RHD s’explique par les changements d’habitudes de consommation  : on prend moins de repas chez soi. La viande bovine importée est également majoritairement consommée sur ce segment de la RHD. Globalement, tous secteurs confondus, plus de la moitié de la viande est consommée après transformation. Ce chiffre s’explique en partie par l’explosion de la consommation du burger dans les restaurants  : 1,5  milliard de burgers ont été consommés en France en 2017. Pour la restauration hors domicile, les produits élaborés qui représentaient 63 % de la consommation en 2014, sont passés à 71% en 2017  ; en GMS, leur part qui était de 52 % en 2014, a été portée à 59 % en 2017  ; et en boucherie traditionnelle également, les produits élaborés se sont développés, passant de 25 % à 31 % entre  2014 et  2017. Conséquence de cette évolution, la consommation du piécé en GMS recule dans les morceaux les plus difficiles à vendre (ex  : tranche, gîte, voire faux-filet). Les distributeurs s’approvisionnent de plus en plus en flux tendu pour faciliter la gestion de la matière première en réponse à la saisonnalité marquée des achats, à la demande de portions plus petites et à cette difficulté à écouler tous les morceaux.

«La seule solution  : la contractualisation»
Après le volet économique, la soirée élevage a pris un ton plus syndical avec la présentation par Cédric Mandin, de la nouvelle stratégie de communication et de promotion d’Interbev. Pour tenter de redonner de la valeur à la viande bovine Française, l’interprofession se mobilise pour développer un plan de filière pour les prochaines années. «Nous avons arrêté notre choix sur le Label Rouge car il est connu de l’ensemble des consommateurs. Pour accompagner cette promesse de qualité renforcée, l’interprofession travaille sur trois leviers  : Un cahier des charges rénové  ; la contractualisation obligatoire des animaux et de la viande  ; une campagne de déploiement dans la filière et d’information des consommateurs» explique Cédric Mandin. Sur le premier point, la nouveauté apportée par l’interprofession sur le cahier des charges du Label Rouge est l’interdiction d’utiliser des traitements antibiotiques pendant les 4 derniers mois de la vie de l’animal. Ensuite, il faut que l’herbe et le fourrage soient principalement produits sur l’exploitation  : 80 % minimum d’autonomie alimentaire. Et enfin l’intégration progressive d’un outil d’évaluation du bien-être animal en élevage. Concernant la contractualisation, l’objectif de la section de bovine de la FDSEA est d’accompagner les éleveurs vers la construction d’un contrat où les prix sont fixés à l’avance par les éleveurs eux-mêmes. C’est la logique de la construction du prix en marche avant décidée à la suite des États Généraux de l’Alimentation. «Cette contractualisation doit vous permettre de retrouver une juste rémunération et pour moi, c’est actuellement le seul outil à notre disposition pour arriver à cet objectif. Si vous souhaitez vous lancer dans ce processus, n’hésitez pas à venir vers nous, et nous vous accompagnerons» a lancé Emmanuel Bernard, le président de la section Bovine de la FDSEA à l’adresse de ses collègues éleveurs.

Une nouvelle campagne de communication
C’est le troisième point de la stratégie de Interbev  : une nouvelle campagne de communication. Cette dernière doit démarrer du 18  novembre au 12  décembre dans la presse quotidienne nationale et régionale mais aussi à la radio. L’objectif est de faire des viandes de bœuf Label Rouge un véritable segment de marché et une référence de qualité pour le consommateur. Cette campagne s’accompagne également de nouveaux visuels qui seront visibles dans les boucheries traditionnelles ou en GMS.

La contractualisation en bref

• L’accord interprofessionnel du 22  mai 2019 encadre les dispositions suivantes  :
• durée minimum du contrat d’un an,
• respect du cahier des charges Label Rouge,
• engagement mutuel sur des volumes prévisionnels,
• prise en compte d’un indicateur de coût de production dans la détermination du prix,
• contrôle de la bonne application de l’accord interprofessionnel par un organisme tiers qui peut être par exemple l’organisme certificateur du Label Rouge.