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Sedarb

La bio décolle, mais l'accélération se fait attendre

Le Sedarb qui s'est réuni en assemblée générale intensifie ses actions d'accompagnement des conversions, d'information sur l'agriculture biologique, d'appui technique aux producteurs, de promotion et de sensibilisation aux développement des pratiques de l'agriculture biologique. Dans un contexte porteur, il s'agit maintenant de bâtir un plan de développement où les actions de toutes les structures bio soient coordonnées au plan régional.
Par Anne-Marie Klein
Le printemps bio va bientôt commencer, mais l'engouement pour l'agriculture biologique et les produits bio n'a pas attendu cette saison pour se manifester chez les consommateurs. La bio a la cote et depuis le Grenelle de l'environnement, elle se trouve dotée de nouveaux moyens pour soutenir son développement. Le comité de pilotage du Sedarb (service d'éco-développement agrobiologique et rural de Bourgogne) a confirmé cette tendance forte. Toutefois, si les conversions sont en hausse en 2008 et continueront à progresser fortement en 2009, les surfaces globales en Bourgogne ont tendance à stagner. Une explication : les conversions se font surtout sur des surfaces viticoles et maraîchères, alors que les arrêts concernent plutôt des grandes surfaces, comme quelques exemples significatifs dans des fermes d'élevage de Saône-et-Loire.
Plusieurs raisons peuvent expliquer les abandons en élevage bovin allaitant : les pertes commerciales liées à la FCO, les difficultés de commercialisation des mâles et surtout, les fortes hausses des aliments du bétail et des compléments alimentaires. Autant de facteurs qui ont déstabilisé financièrement des exploitations déjà fragilisées par un contexte peu favorable. Le président du Sedarb, Bernard Krempp, a ainsi insisté sur la nécessité économique de tendre à la plus complète autonomie alimentaire, seul moyen de contenir les charges.

[INTER]La viti bio en progression constante[inter]
La filière espère que les conversions en lait, attendues après la forte implication de Biolait à la reconstruction d'une collecte de lait bio en Bourgogne, permettront de compenser en partie ces déficits. A l'occasion du comité de pilotage, un représentant de Biolait a d'ailleurs rappelé qu'en 2009 le prix garanti aux producteurs bio devrait être de 440 euros/t/1000l. Au moment où tous les autres opérateurs jouent leur carte à la baisse, c'est un élément qui peut être déterminant pour tous ceux qui ne sont pas si éloignés des critères d'une production laitière en agriculture biologique.
En tête de liste des conversions, la viticulture connaît une progression constante. Les conversions se confirment en Côte d'Or et démarrent en Saône-et-Loire (+ 23% en surfaces et + 30% en viticulteurs). En grandes cultures, les conversions se maintiennent et contribuent à une légère augmentation des surfaces. Dans l'Yonne en particulier, si tous les projets se concrétisaient, les surfaces bio pourraient gagner 2000 hectares supplémentaires en 2009. Avec le déplafonnement des aides, le développement de la filière végétale devrait encore s'accentuer en 2009. Là comme ailleurs, le dispositif d'aide reste déterminant pour engager une conversion, tout comme l'appui individuel à la conversion s'avère indispensable pour assurer sa pérennisation. Les opérateurs économiques, comme la coopérative Dijon Céréales, constatent que les marchés sont très porteurs et "les besoins soutenus et réguliers".
Portée par la demande, soutenue par les engagements du gouvernement et le contexte environnemental, la bio a le vent en poupe, mais elle est aussi à la croisée des chemins. La situation de la filière légume frais est exemplaire des contraintes qui freinent le développement de structures bio aptes à satisfaire la demande en circuits courts : l'accès au foncier, le fort besoin difficile à satisfaire d'appuis techniques spécialisés, etc.).
La bio décolle, dans un contexte comme le constate Bernard Krempp "qui l'aide à faire son chemin", mais il faut maintenant que la production et les producteurs suivent. Pas si facile, quand on connaît les difficultés d'acquisition du foncier. Sur ce point Bernard Krempp est déterminé : "il y a beaucoup de candidats à l'installation en agriculture biologique, très motivés, souvent hors cadre familial, que devons accueillir et aider. C'est une urgence absolue que d'installer un maximum de personnes et de soutenir leur motivation, à nous de leur faire de la place, au lieu de poursuivre une course à l'agrandissement qui nous mène droit dans le mur. Et la preuve est faite maintenant que quand les terres ont retrouvé leur fertilité, les cultures bio sont rentables."
Sur le terrain, les conseillers techniques en bio constatent "un climat plus favorable que les autres années". Les partenariats installés entre les structures bio et les Chambres d'agriculture participent à une meilleure information et une meilleure communication sur ce que la bio peut apporter à l'agriculture dans son ensemble.



[G]Les surfaces en agriculture biologique en Bourgogne[g]
SAU en AB : 26 358 ha en Bourgogne
SAU en conversion : 2 665
Total SAU Bourgogne : 29 023 ha, soit 1,6% de la SAU agricole,
Nombre de fermes : 503 (AB et conversion) soit 2,25% du total fermes
Nouveaux agriculteurs en 2008: + 68 (+ 39 en 2007)
Arrêts de certification : 29 (24 en 2007)
Progression nette : + 40

[S]Côte d'Or[s]
SAU en AB : 7 906
SAU en conversion : 883
SAU certifiés + conversion : 8 789, soit 1,9% de la SAU totale
Nombre de fermes : 168, soit 3,2% du nombre total
Nouveaux agriculteurs : + 24 (+ 9 en 2007)
Arrêts de certification : 8 (8 en 2007)
Progression nette : + 16

[S]Nièvre[s]
SAU en AB : 5 444
SAU en conversion : 782
SAU certifiés + AB : 6 226, soit 1,6% de la SAU totale
Nombre de fermes : 74, soit 1,9%
Nouveaux agriculteurs bio : + 6 (6 en 2007)
Arrêts de certification : 4 (4 en 2007)
Progression nette: + 2

[S]Saône-et-Loire[s]
SAU en AB : 5 275
SAU en conversion : 430
SAU certifiés + conversion : 5 705, soit 1,03% de la SAU totale
Nombre de fermes : 141, soit 1,6% du total fermes
Nouveaux agriculteurs bio : + 24 (+ 17 en 2007)
Arrêts de certification : 13 (11 en 2007)
Progression nette : + 11

[S]Yonne[s]
SAU en AB : 7 733
SAU en conversion : 570
SAU certifiés + conversion : 8 303, soit 1,9% de la SAU totale
Nombre de fermes : 121, soit 2,38% du total fermes
Nouveaux agriculteurs bio : + 15 (+ 7 en 2007)
Arrêts de certification : 4 (1 en 2007)
Progression nette : 11



[G]Protection des captages : l'alternative bio[g]

Ces dernières année 200 captages ont été fermés en Bourgogne, dont plus de 60% pour causes de pollutions diffuses (nitrates/pesticides). La préservation de la ressource en eau s'impose pour garantir une eau de qualité et en quantité suffisante aux usagers de la région, mais aussi pour ne pas affecter les usages des régions en aval et surtout perturber l'approvisionnement de la ville de Paris qui prélève 1/4 de ses besoins en eau dans le département de l'Yonne.
En 2008, le Sedarb a signé une convention de partenariat avec Eau de Paris pour développer l'agriculture biologique sur les sources Hautes et Basses en Pays d'Othe avec 22 communes concernées dans l'Yonne.
Des contrats d'animation et d'assistance techniques ont été signés l'agence de l'eau du bassin Seine Normandie afin de développer l'agriculture biologique, à l'occasion d'actions ciblées sur 65 captages dans l'Yonne, en Côte d'Or, dans la Nièvre et dans l'Yonne.
Les agriculteurs sont bien entendus directement concernés et peuvent bénéficier de plusieurs outils comme : un diagnostic économique de conversion à l'agriculture biologique, un diagnostic agro-environnemental et des analyses agronomiques.
Autant d'aides à la décision de s'engager ou non, dans une conversion totale ou partielle, en fonction du contexte de l'exploitation et des contraintes.
Il est clair en tout cas que l'on s'achemine sûrement vers "une obligation de résultat" à très court terme. Tout en sachant comme l'a rappelé Gérard Clémencin, de la DRAAF, qu'on ne peut pas dissocier les problèmes agricoles des autres problématiques, "Il faut ouvrir des espaces de dialogues à tous les niveaux et entre tous les usagers de l'eau" pour avancer ensemble et avoir des chances d'aboutir. Sur les sites de captage, la conversion en agriculture biologique semble être pour le moment la solution la plus efficace et la plus économe pour protéger l'eau.