Elevage allaitant
L’impression de travailler pour rien...
Installé en polyculture élevage, Laurent Tavoillot fait tout pour conserver ses animaux sur l’exploitation. Mais pour combien de temps encore…?
A la tête d’un cheptel de 45 vaches dont une partie en race Aubrac, Laurent Tavoillot est lucide : «j’ai parfois l’impression de travailler pour rien. Et encore, j’ai la chance d’avoir des céréales».
Pas question pour autant de baisser les bras, pour ce quadra installé sur l’exploitation familiale, près de Massangis, qui aspire à être gestionnaire plutôt que demandeur d’aides : «depuis 1992 et l’instauration de la Pac, les aides n’ont fait que pervertir le système». Obligé, pour maintenir son élevage de Charolais et Aubrac à flot, de limiter les dépenses : «Cette année, ma coop faisait un peu la tête car je n’ai pas acheté d’aliments. Je mets les animaux à l’herbe et fais des couverts sur mes céréales. Avec pour objectif de rentrer dans un système d’autonomie alimentaire quasi totale» Les tourteaux de colza sont réservés aux broutards. Le choix d’acheter cette année une dizaine de génisses Aubrac n’est pas fortuit : «une race beaucoup plus rustique et plus facile à élever que la charolaise» Avec l’avantage de limiter les frais vétérinaires, notamment en période de vêlage.
Contraint et forcé, ça ne marche pas…
Pour Laurent, la crise de l’élevage est aussi structurelle : «c’est un problème de fond. Et tout le monde, de l’éleveur au consommateur doit se remettre en cause» Un consommateur parfois bien loin, aux yeux de l’éleveur : «c’est vrai qu’il est à l’autre bout de la chaîne et que question communication, nous ne sommes pas toujours au top pour répondre à ses interrogations», Autre effet induit de la Pac : «on l’a habitué à manger de plus en plus pour le moins cher possible et il sera difficile de faire marche arrière» La vente directe pour rajouter de la valeur ajoutée ? Laurent Tavoillot s’y refuse : «si toutes les exploitations du canton se mettaient à en faire, qu’est ce qu’on va aller dire au p’tit jeune qui tient la boucherie d’à côté, à l’Isle-sur-Serein ? Qu’on reprend la main et qu’il s’en aille, alors qu’il bosse très bien et se fournit en local !» Présent à la démonstration de force de jeudi dernier, il n’est pas pour autant, adepte du «jusqu’au boutisme» et privilégie une solution globale à une micro vision parcellaire : «ce serait quand même se tirer une balle dans le pied que de se mettre à dos les consommateurs, alors qu’au final, ce sont nos clients» Et pourquoi pas se servir de «Cop 21», la conférence sur le climat devant se tenir à Paris à la fin de l’année, pour défendre les intérêts des éleveurs ? «On va beaucoup y parler environnement. A nous de nous mettre en valeur et trouver les arguments pour défendre notre profession et présenter ses atouts».
L’avenir ? Laurent Tavoillot essaie de rester positif : «je voudrais dans la mesure du possible pouvoir conserver les animaux et ce système complémentaire, avec le fumier répandu dans les champs… De toute façon, l’élevage, on ne fait jamais ça contraint et forcé, sinon, ça ne marche pas !»
Pas question pour autant de baisser les bras, pour ce quadra installé sur l’exploitation familiale, près de Massangis, qui aspire à être gestionnaire plutôt que demandeur d’aides : «depuis 1992 et l’instauration de la Pac, les aides n’ont fait que pervertir le système». Obligé, pour maintenir son élevage de Charolais et Aubrac à flot, de limiter les dépenses : «Cette année, ma coop faisait un peu la tête car je n’ai pas acheté d’aliments. Je mets les animaux à l’herbe et fais des couverts sur mes céréales. Avec pour objectif de rentrer dans un système d’autonomie alimentaire quasi totale» Les tourteaux de colza sont réservés aux broutards. Le choix d’acheter cette année une dizaine de génisses Aubrac n’est pas fortuit : «une race beaucoup plus rustique et plus facile à élever que la charolaise» Avec l’avantage de limiter les frais vétérinaires, notamment en période de vêlage.
Contraint et forcé, ça ne marche pas…
Pour Laurent, la crise de l’élevage est aussi structurelle : «c’est un problème de fond. Et tout le monde, de l’éleveur au consommateur doit se remettre en cause» Un consommateur parfois bien loin, aux yeux de l’éleveur : «c’est vrai qu’il est à l’autre bout de la chaîne et que question communication, nous ne sommes pas toujours au top pour répondre à ses interrogations», Autre effet induit de la Pac : «on l’a habitué à manger de plus en plus pour le moins cher possible et il sera difficile de faire marche arrière» La vente directe pour rajouter de la valeur ajoutée ? Laurent Tavoillot s’y refuse : «si toutes les exploitations du canton se mettaient à en faire, qu’est ce qu’on va aller dire au p’tit jeune qui tient la boucherie d’à côté, à l’Isle-sur-Serein ? Qu’on reprend la main et qu’il s’en aille, alors qu’il bosse très bien et se fournit en local !» Présent à la démonstration de force de jeudi dernier, il n’est pas pour autant, adepte du «jusqu’au boutisme» et privilégie une solution globale à une micro vision parcellaire : «ce serait quand même se tirer une balle dans le pied que de se mettre à dos les consommateurs, alors qu’au final, ce sont nos clients» Et pourquoi pas se servir de «Cop 21», la conférence sur le climat devant se tenir à Paris à la fin de l’année, pour défendre les intérêts des éleveurs ? «On va beaucoup y parler environnement. A nous de nous mettre en valeur et trouver les arguments pour défendre notre profession et présenter ses atouts».
L’avenir ? Laurent Tavoillot essaie de rester positif : «je voudrais dans la mesure du possible pouvoir conserver les animaux et ce système complémentaire, avec le fumier répandu dans les champs… De toute façon, l’élevage, on ne fait jamais ça contraint et forcé, sinon, ça ne marche pas !»