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Chambre d'€™agriculture

L'€™heure de la solidarité

Elle est dans tous les esprits et de toutes les conversations... La sécheresse qui frappe le département aura été au cœur des débats de la dernière session de la Chambre d'€™agriculture de l'€™Yonne. Avec déjà un appel à la solidarité inter filières.
Par Dominique Bernerd
L'€™heure de la solidarité
Pour le président Abry, il est indispensable d'éviter tout risque de spéculation, synonyme «d'une image désastreuse pour l'agriculture».
Un indice d'€™humidité des sols inferieur de près de 50% à la moyenne, un déficit pluviométrique de 20%, des températures supérieures de plus de 3,5% à la normale saisonnière... Les conséquences de la sécheresse qui sévit dans l'€™Yonne ont déjà des conséquences irréversibles sur l'€™agriculture, avec notamment une prévision de perte de rendements de 20 à 40% selon les secteurs, en grandes cultures. Une situation préjudiciable aux éleveurs, comme l'€™a rappelé le président de la Chambre, Gilles Abry : [I]«les rendements en foin sont désastreux ! Au mieux, 60% d'€™une récolte normale. Quasiment pas de récolte sur les herbes artificielles semées à l'€™automne dernier, les plantes n'€™ayant pu s'€˜enraciner au printemps correctement»[i]. Ensilage et enrubannage enregistrent une perte de 25 à 30%, voire supérieure à 30% sur les premiers pâturages, sans repousse effective depuis. La [I]«course à la paille»[i] est déjà lancée, avec derrière les risques d'€™une spéculation qui s'€™annonce et l'€™impossibilité de constituer des stocks fourragers suffisants pour le prochain hiver.

[INTER]La profession agricole s'€™organise[inter]
Pour le président Abry, il est important de tout faire, pour éviter une spéculation qui serait [I]«désastreuse pour l'€™image de l'€™agriculture et vis-à-vis de la survie de l'€™élevage»[i]. Face au risque, la profession agricole s'€™organise. Avec, notamment, un projet de courrier qui sera envoyé à l'€™ensemble des agriculteurs du département, appelant à la solidarité entre céréaliers et éleveurs. Il indiquera des valeurs agronomiques de la paille (aux alentours de 20 €), pouvant servir de base à des négociations futures, ainsi qu'€™une proposition de contrat type pour sécuriser les deux parties. Pour Nadine Darlot, il y a urgence : [I]«il faut que les éleveurs s'€™organisent, se prennent en main et fassent connaître leur besoins dans les 15 jours !»[i] D'€™autant que si la situation perdure, comme le souligne le vice président de la Chambre d'€™agriculture, Etienne Henriot : [I]«on n'€™a pas beaucoup de temps pour réfléchir à la question car si ça continue, on va attaquer la moisson au mois de juin !»[i] Des questions demeurent : y aura-t-il assez de matériel disponible face à la quantité de paille à presser ? Faudra t-il faucher la nuit ? L'€™administration acceptera t-elle une souplesse dans la réglementation du travail ? Les silos seront-ils ouverts plus tard ? Verra t-on un retour de l'€™armée comme en 1976... ?
Autre effet induit par la sécheresse : le risque de voir certains éleveurs obligés de vendre une partie de leur cheptel pour nourrir le reste. Un afflux de viande sur le marché et une décapitalisation susceptibles d'€™occasionner une chute des cours. La profession n'€™avait pas besoin de cet aléa supplémentaire, déjà lourdement pénalisée par la hausse que subit actuellement l'€™aliment du bétail : de l'€™ordre de + 52% par rapport à l'€™an passé. La question est posée : [I]«comment les filières élevage pourront-elles répercuter ces hausses de coûts de production ?»[i]
La Chambre d'€™agriculture de l'€™Yonne envisage d'€™autres mesures pour faire face à la situation, notamment : la création d'€™une [I]«cellule technique sécheresse»[i] afin de pouvoir communiquer chaque semaine sur l'€™évolution de la situation et les mesures d'€™adaptation possible (intérêt de récolter la paille de colza, d'€™ensiler les cultures, valeur des maÏs ensilage...). Par ailleurs, un dossier [I]«calamités agricoles»[i] sera monté au niveau régional, afin d'€™obtenir un appui financier pour les exploitations les plus touchées.
Pour les plus anciens, la sécheresse de 1976 est dans toutes les mémoires : [I]«les organisations professionnelles avaient alors obtenu l'€™aide de l'€™armée pour le transport de la paille, notamment sur l'€™Avallonnais»[i]. Se dirige t-on vers un même dispositif ? Pas sur pour autant que les [I]«porte-chars»[i] soient particulièrement adaptés au maniement des balles de paille!