L'esprit tranquille

Qu'on est bien, en Salers ! Guillaume de Gevigney approuve à 100%, lui qui a repris le cheptel de son père il y a une douzaine d'années. Son troupeau de 70 vaches donne en effet pleine satisfaction, à plusieurs niveaux : « Les facilités de naissance représentent l'un des plus grands atouts de la Salers. En effet, 99% des vêlages se passent très bien. Depuis 1989 et l'arrivée de ces vaches dans l'exploitation familiale, il n'y a eu aucune césarienne. Des croisements avec des Charolais étaient pourtant réalisés à l'époque. Les veaux sont très toniques, résistants et tètent tout de suite, sans la moindre assistance. La Salers est aussi une vache très laitière, c'est un avantage indéniable ». La race a gagné en morphologie, précise l'éleveur côte-d'orien : « je dirais entre 80 et 90 kg de carcasse en plus depuis deux décennies, ce n'est pas rien... Pour ma part, mes animaux partent à une moyenne de 410 kg, c'est encore moins que le Charolais, mais si l'on prend en compte nos coûts de production beaucoup plus bas, la Salers n'a vraiment plus à rougir en terme de marge brute. Cela est d'autant plus vrai si l'on considère le confort de travail permis par cette race : nous n'avons plus à nous lever la nuit, la rusticité de cet animal engendre bien des bénéfices et de la sérénité au sein du troupeau ».

Le broutard, le point noir

Guillaume de Gevigney évoque la flambée des cours, également constatée en Salers : « comme dans les autres races, nos prix sont devenus très attractifs. Les tarifs, à classement égal, sont les mêmes qu'en Charolais, soit entre 5,10 et 5,20 euros/kg de viande sur de bonnes vaches de moins de 10 ans. C'est encore plus motivant. Notre seule lacune, encore et toujours, vient des broutards mâles, chez lesquels un écart entre 40 et 50 centimes du kg est encore à déplorer par rapport à leurs homologues Charolais... Cette différence de prix n'est plus justifiée selon moi car, comme dit précédemment, la Salers a énormément évolué au niveau morphologique. Ses performances à l'engraissement sont aussi bien meilleurs qu'avant. Je viens de me rendre chez un engraisseur en Italie : il n'avait que des Salers, ce n'est pas un hasard ! Les mentalités doivent changer pour nos broutards, les prix aussi. À l'abattoir, la valeur de nos taurillons est la même que celle des Charolais : cela veut bien dire quelque chose ». L'habitant de Montagny-lès-Beaune rappelle rappelle aussi la hausse impressionnante des charges : « c'est très simple, tout augmente, et dans des proportions parfois impressionnantes. Les temps actuels, malgré des cours intéressants, nous obligent à être très raisonnables dans nos dépenses et investissements. L'autonomie de nos élevages est d'autant plus d'actualité. La Salers présente là aussi des avantages dans ce domaine : elle qui, très autonome et rustique, valorise très bien les fourrages en pouvant rester dehors toute l'année ». En Bourgogne-Franche-Comté, l'effectif de femelles de plus 36 mois était d'environ 13 000 vaches à la date du 1er janvier 2022.