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Environnement

L'€™eau et la biodiversité font débat

Près de 200 personnes ont participé à Sens aux premières «Tables rondes de l'€™environnement» organisées par les services de l'€™à‰tat, autour du thème de la biodiversité et de la sauvegarde de l'€™eau.
Par Dominique Bernerd
L'€™eau et la biodiversité font débat
Les participants à la première table ronde consacrée à «la biodiversité et les conflits d'usage».
En finir avec la formule [I]«pas dans mon jardin !»[i], encore trop souvent entendue dès lors que s'€™ouvre un débat sur la problématique environnementale. C'€™est le voeu formulé par Jean-Paul Bonnetain, nouveau préfet de l'€™Yonne, dans son introduction à ce premier rendez-vous consacré à la préservation de la biodiversité et à la défense de l'€™eau. Pas tous les jours que se côtoient en un même lieu représentants de l'€™administration, paysans, élus locaux, membres d'€™associations et chasseurs ! La difficulté, comme l'€™a rappelé Yves Castel, directeur adjoint de la Direction Départementale des Territoires, étant de [I]«trouver des solutions locales à des problèmes d'€™ordre planétaire»[i].
55 espèces invasives recensées dans l'€™Yonne
Apparu dans les années 80, le terme «Biodiversité» caractérise la diversité naturelle des organismes vivants et part du constat que la nature peut être altérée par les activités humaines. Un peu partout, des mesures sont mises en place pour tenter de la préserver et assurer l'€™avenir de la planète. C'€™est ce que sont venus rappeler les participants à la 1ère table ronde de l'€™après-midi, consacrée à «la biodiversité et les conflits d'€™usage». Fréquentation des espaces protégés, dépérissement des abeilles, pratiques agricoles et petit gibier, espèces invasives, les pistes d'€™action sont multiples. Concernant ces espèces qui perturbent l'€™environnement dans lequel elles évoluent, ce constat : 55 espèces recensées dans l'€™Yonne en 3 mois, dont 35 pour la flore et 20 pour la faune. Autre chiffre évoqué par Jean-Paul Couillault, président de l'€™Association de défense de l'€™Environnement et la nature dans l'€™Yonne : [I]«l'€™artificialisation des sols fait disparaître environ 300ha de terres agricoles et naturelles par an dans le département»[i], avant de souligner l'€™importance pour l'€™administration à «éviter la théorie des confettis et le découpage des problèmes en rondelles», faute de trouver des solutions.
Et des solutions il y en a, selon Olivier Lecas, président des chasseurs de l'€™Yonne qui a répertorié le travail mené depuis plusieurs années par la fédération, le plus souvent, en partenariat avec le monde agricole : [I]«45km de réimplantation de haies, 98km de bandes intercalaires pour une reparcellisation sur certains secteurs, 436km de jachères faune sauvage créées sur le département»[i]. Rappelant que la biodiversité était l'€™affaire de tous, [I]«du producteur au consommateur»[i], le président de la Chambre d'€™agriculture, Gilles Abry, a évoqué [I]«la facilité à montrer du doigt et à critiquer les agriculteurs, qui travaillent aux yeux de tous en plein air, là où d'€™autres le font plus discrètement et cachés du commun des mortels»[i]. De rappeler également, que «l'€™Yonne aura été cette année l'€™un des rares départements français dans le cadre de la Pac, à ne pas se voir imposée une réimplantation de prairies, celle-ci s'€™étant faite naturellement».

[INTER]«Tenir compte de la faisabilité économique des mesures prises...»[inter]
«Etat des pressions liées à l'€™agriculture, à l'€™industrie et aux activités domestiques, évolution des pratiques constatées et attendues...» : les thèmes du second débat consacré à l'€™eau ont donné lieu à de nombreux échanges (parfois un peu vifs !) entre les participants. Le département de l'€™Yonne est particulièrement concerné par le problème, comme l'€™a rappelé le président Abry, du fait même «de son rôle de fournisseur d'€™eau pour la région parisienne et du nombre important de captages sur son territoire qui en découle», rendant encore un peu plus complexe la gestion de l'€™eau sur son territoire. Là où la présidente de Yonne Nature Environnement, Catherine Schmitt, dépeint une «situation catastrophique», d'€™autres y voient une «touche d'€™optimisme», à l'€™image d'€™Olivier Fauriel, directeur de l'€™Agence de l'€™eau Seine Normandie qui, tout en reconnaissant que l'€™Yonne fait partie du «top 5» des départements mal classés en la matière, met en avant les stations d'€™épurations des grandes agglomérations icaunaises, désormais aux normes européennes.
Un optimisme que ne partage pas Michel Bredeau, président de la fédération de pêche, qui, relativement confiant quant à la qualité des eaux des rivières, se dit toutefois «inquiet du fonctionnement des stations d'€™information du fait d'€™un manque de formation du personnel». Vice-président de la Communauté de Communes de l'€™Auxerrois, Denis Roycourt souligne [I]«la politique préventive engagée sur le secteur avec le monde agricole»[i], déçu toutefois par [I]«les taux de nitrates qu'€™on arrive pas à faire redescendre à 30 ou 35mg/l, même avec des mesures agriculture raisonnée. Il faut aller plus loin ! Comme par exemple, une politique d'€™achat des terrains les plus sensibles en passant par la Safer»[i]. Concernées également, les industries autour d'€™Auxerre, dont les pollutions résiduelles impactent un second point de captage situé dans la zone. Quelque soient les mesures envisagées, cette mise en garde de Gilles Abry : [I]«la rétention des matières actives est plus ou moins longue et il faudra une dizaine d'€™années pour voir le fruit réel des actions mises en place. Il faut tenir compte de la faisabilité économique des mesures entreprises car derrière ça se pose le problème de la survie des exploitations agricoles et au-delà, de tout le tissu d'€™activités rurales pouvant disparaître avec elles»[i].