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Production laitière

L’avenir des exploitations passe t-il par les robots ?

Le syndicat des éleveurs de la race Simmental française s’est réuni mardi 18 février pour sa journée d’étude annuelle. La visite d’une exploitation avec traite automatisée amène cette question.
Par Aurélien Genest
L’avenir des exploitations  passe t-il par les robots ?
La visite du Gaec de la grande Charme à Bligny-le-Sec était proposée l’après-midi (troupeau de 70 vaches à 7000 kg de lait, stabulation libre paillée, fumière couverte et fosse sous caillebotis). Laurent Pitoiset dispose d’un robot de traite installé 2012
Selon Jean-François Dessolin, technicien spécialisé à Côte d’Or Conseil Élevage, une quinzaine de robots sont aujourd’hui fonctionnels dans le département  : [I]«Nous avons eu beaucoup de retard en la matière par rapport à d’autres régions. Mais cette technique explose depuis trois ans : 18 actuellement en Côte d’Or, le nombre de robots devrait passer à 25 d’ici la fin de l’année. Sur les dix dernières installations de traite, huit sont équipées de robots»[i]. Devant les contraintes de la traite pouvant décourager les jeunes à s’installer dans le métier, l’avenir des exploitations passe t-il par le robot de traite ? Pour Jean-François Dessolin, la réponse est affirmative dans certains cas : [I]«un éleveur qui a besoin d’investir dans une nouvelle installation de traite doit se demander ce qu’il souhaite faire demain, s’il est encore prêt et organisé pour effectuer deux traites par jour. Un robot peut être intéressant pour une personne qui travaille seule et qui doit s’occuper du troupeau et des céréales, par exemple»[i]. Sylvain Aubry, le président du syndicat, est un peu plus mitigé, même s’il veut voir du positif dans la robotisation : [I]«le problème est l’investissement qui reste très élevé par rapport au prix du lait. La contrainte de la traite à heures fixes n’existe plus, mais il faut être présent pour assurer la surveillance. En plus, l’utilisation de robots s’adresse à des personnes déjà très techniques, elle n’est pas dédiée à n’importe quel petit nouveau dans le métier. Avant de se lancer, je pense qu’il faut bien calculer son coup, dans bien des domaines»[i].
[INTER]Une prochaine installation[inter]
Laurent Chevalier, 39 ans, habite Cestres à deux pas de Saint-Seine-l’Abbaye et participait à cette journée d’étude. Un robot sera installé d’ici le mois de septembre dans son exploitation de polyculture-élevage comprenant notamment 60 vaches Simmental, exactement le nombre d’animaux conseillé pour un robot. [I]«Notre réflexion est née il y a déjà une dizaine d’années»[i] signale l’éleveur, qui était allé visiter une installation en Lorraine avec son frère Jean-Luc. [I]«Le coût était de 150 000 euros. Nous avions des prêts JA à rembourser et d’autres investissements à réaliser donc ce n’était pas notre priorité sur le moment»[i]. La décision d’opter pour la robotisation a été prise il y a deux ans, suite au départ d’un salarié. [I]«Il a fallu obtenir un permis de construire pour adapter le bâtiment, ça a un peu traîné mais cette fois-ci tout est réglé. L’opération devrait avoisiner 200 000 euros, le prix du robot a baissé de 10 000 euros»[i] informe Laurent Chevalier. Le Côte d’orien attend un [I]«changement de vie»[i], voire une [I]«assurance vie»[i] grâce à cette machine, même s’il est conscient que le poste surveillance demandera du temps : [I]«au moins, nous limiterons les effort physiques. Au lieu de placer de l’argent pour notre retraite, nous jouerons sur notre santé !»[i]. Marié et père de deux enfants, Laurent Chevalier est passionné de musique et fait partie du conseil municipal de sa commune : [I]«le robot me permettra de me libérer davantage. Et peut-être qu’il donnera envie à mes enfants de reprendre l’exploitation. L’un d’eux, qui a six ans, aime déjà l’informatique. Pour moi, bien sûr que oui, l’avenir des exploitations laitière passe par les robots de traite. Ils dynamiseront la filière à condition que les prix du lait suivent»[i].
[INTER]Exemple à Bligny-le-Sec[inter]
Après l’assemblée générale qui s’est déroulée à l’Auberge campagnarde de Saint-Seine-l’Abbaye, les éleveurs se sont rendus au Gaec de la Grande Charme à Bligny-le-Sec. [I]«Nous avons investi dans un robot de traite en 2012 suite à plusieurs départs en retraite»[i] explique Laurent Pitoiset. Son expérience de deux ans tend à rejoindre le point de vue donné par Sylvain Aubry : [I]«nous n’avons plus les mêmes contraintes avec horaires fixes. Même s’il est plus souple, il y a quasiment autant de travail. Je pense notamment à la surveillance et l’entretien du matériel. Ce dernier poste nous monopolise beaucoup, je trouve qu’un robot est encore un peu juste au niveau fiabilité. Si l’on oublie de l’entretenir, le robot s’arrête vite et il vous téléphone pour que l’on intervienne. Il ne faut pas rêver : salle de traite ou robot, il y a du travail... La vraie problématique pour moi, pour le renouvellement des générations, c’est le prix du lait !»[i].

La Simmental tire son épingle du jeu

Malgré un faible prix du lait et une baisse de la production en 2013 (à l’image de toutes les races, voir notre dernière édition sur l’assemblée générale de la Montbéliarde), la Simmental française a encore une fois tiré son épingle du jeu grâce à sa mixité : «c’est notre atout le plus important» rappelle le président Sylvain Aubry, «dans les années difficiles où le prix du lait est bas, le revenu du poste viande permet de sauver la mise. Nous arrivons à sortir des vaches de plus de 400kg de carcasse. Les veaux sont aussi très recherchés dans notre race. En plus, la Simmental se distingue par sa longévité  : nous pouvons commercialiser un peu plus de génisses que d’autres races, le taux de renouvellement est moins élevé». Ces caractéristiques ont été très utiles lors de la baisse de production de l’an passé liée notamment à une mauvaise digestibilité du maïs. Dans les perspectives d’avenir, les éleveurs visent un abaissement de l’âge au premier vêlage. Actuellement aux environs de 34 mois, celui-ci tentera d’être abaissé à 30 ces prochaines années.