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50 ans de l’association du Musée de la machine agricole

L’art entre tracteurs et moiss’batt’

Depuis le 9 mai et jusqu’à la fin du mois, 9 artistes de la région (peintres, sculpteurs, plasticiens, céramistes...) exposent une cinquantaine d’oeuvres, sur le thème «ré-inventer la nature», dans l’un des trois bâtiments de l’éco-musée nivernais.
Par Emmanuel Coulombeix
L’art entre tracteurs et moiss’batt’
Une vieille moiss’batt’ offre une épaule solide aux peintures de Didier Genty. Ici, des paysages terrestres.
Un paradoxe de lier le monde agricole et celui de l’art contemporain  ? «La dialectique de l’exposition s’articule autour des quatre éléments  : l’eau, la terre, le feu et l’air. Grâce à ce thème, les artistes trouvent un terrain de rencontre possible» explique Zoé Lenoir, trésorière de l’association «Allumez la culture» et fille du pays, qui après ses études d’historienne de l’art à Paris, a décidé de créer, fin 2014, avec d’autres passionné(e)s, un collectif national «qui a vocation à intervenir sur des territoires différents».

L’occasion des cinquante ans de la première entité préfigurant l’actuel Musée de la machine agricole, à Saint-Loup des Bois, était trop belle  ! «Nous voulions, depuis quelques temps, ouvrir nos trois bâtiments d’exposition au-delà de leur vocation mécanique. Cet anniversaire et nos liens avec Zoé, ont facilité à un tel rapprochement avec les artistes» explique Jean-Michel Del Peso, le secrétaire général du FRAMAA, le gestionnaire de l’éco-musée (lire en encadré). De fait, ce qui frappe dès l’approche des œuvres installées, c’est ce grand chatoiement de couleurs bigarrées, de formes toutes en courbes, qui répondent dans une communion harmonieuse, aux vieilles machines agricoles.

Le bâtiment n°3 du musée, où trônent fièrement des vieux tracteurs (dont le plus vieux date de 1916) et des moissonneuses-batteuses de toutes origines (même une fabriquée en Russie), est complètement investi par les 9 artistes bourguignons qui exposent une cinquantaine d’œuvres, aux quatre coins du vaste hall.

La scénographie joue avec le lieu, les installations (des peintures à l’huile mais à aussi des sculptures et des céramiques...), parfois précaires, se liant et s’enchevêtrant avec les mastodontes de fer et d’acier.

L’âme de la nature
Même si Allumez la culture n’a que quelques mois d’existences et que les artistes invités avaient créé leurs modèles bien avant le choix de la thématique de l’exposition, les tableaux et créations éphémères s’insèrent parfaitement entre les vieilles roues et les rouleaux métalliques...
Et ne dénaturent pas -tant s’en faut- la vocation agricole des maîtres des lieux  : ils ne viennent que souligner la destination originelle de ces machines imperturbablement liées à la vie de la nature. Sous le soleil, dans les méandres des cours d’eau nivernais, sur la verte terre figurative, les lignes anguleuses des grosses mécaniques abritent les traits naturalistes des artistes. Même un bâteau en mer s’appuie sur la corpulence terrienne d’une moiss’batt’ en retraite  ! A un coin, Patricia Noblet finit d’accrocher ses peintures abstraites, des évocations des bords de Loire et de la Méditerranée, dont l’horizontale et la verticale trahissent une étude sur le mouvement et l’énergie de l’eau. Ancienne art-thérapeute et psychologue à Paris, cette artiste s’est installée dans une ancienne ferme, à côté de Pouilly-sur-Loire, il y a 17 ans, pour se consacrer à sa passion pour la peinture. Provençale d’origine, ses huiles sont figuratives, c’est-à-dire qu’elles traduisent l’inspiration de leur auteure face aux paysages «sans jamais les dépeindre». Comme elle, les huit autres artistes (Jean-Marc Fondimare, Christophe Nancey, Jean Montchougny, Lucien Petit, Isabelle de Voldère, Judith Wolf, Kévin Daman et Daniel Genty) cherchent l’âme de la nature. Comme les vieilles machines en sont les immuables gardiennes...

50 ans de quêtes mécaniques

Si, en 1965, l’association du Foyer rural est fondé à l’initiative des jeunes de Saint-Loup, pour proposer, de façon conviviale, un club photo, des séances de cinéma, et des animations du village, c’est en 1979 que l’association a décidé de s’orienter davantage vers le monde rural et agricole, en se rebaptisant Foyer rural des amis de la machine agricole ancienne (FRAMAA). Dès cette époque, cette bande de copains commence à récupérer d’anciennes machines agricoles, de les restaurer et d’en constituer une collection. C’est seulement en 1993 que le Musée de la Machine agricole s’ouvre enfin au public, la collection bien fournie ayant nécessité de construire un bâtiment. Aujourd’hui, selon Jean-Michel Del Peso, la collection continue de s’agrandir et propose déjà la plus grande collection de machines anciennes d’Europe. Elle reçoit la visite de plus de 1200 visiteurs par an (du 31 mai au 30 septembre) mais jusqu’à 6000 invités lors de la traditionnelle fête de la Rétromoisson du 15 août.