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Viticulture

L’appellation «Bourgogne» menacée

Lundi 20 janvier, plus de 200 vignerons étaient au domaine Verret, à Saint-Bris-le-Vineux, pour évoquer le sujet de la délimitation de l’appellation Bourgogne proposée par l’Inao, qui sortirait 64 communes de Bourgogne de l’aire de production de l’AOC Bourgogne, tout en conservant la moitié des communes dans le Beaujolais. Une décision provoquant la colère des viticulteurs qui souhaitent se mobiliser le 6 février à Montreuil (Île-de-France).
Par Christopher Levé
L’appellation «Bourgogne» menacée
Bruno Verret, président du Syndicat des Bourgognes, à animé la réunion du lundi 20 janvier, à Saint-Bris-le-Vineux.
«Le bon sens serait le bien venu sur ce dossier», lance Bruno Verret, président du Syndicat des Bourgognes et vice-président de la CAVB (Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne).
Le lundi 20 janvier, ils étaient plus de 200 viticulteurs à se réunir au domaine Verret, à Saint-Bris-le-Vineux, pour évoquer le dossier de la délimitation de l’appellation Bourgogne proposée par l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité). Un projet qui exclurait 64 communes de Bourgogne de l’aire de production de l’AOC, représentant 7 000 ha, dont 5 500 plantés. Dans l’Yonne, 16 des 17 communes du Chablisien (à l’exception de Préhy) seraient concernées, ainsi que deux communes de l’Auxerrois, trois du Tonnerrois et une du Jovinien. Ces communes perdraient ainsi la capacité à produire du Bourgogne. « Un impact réel et lourd », pour Bruno Verret.
Aussi, 24 communes du Beaujolais (représentant 8 000 à 10 000 ha) et 19 communes des crus du Beaujolais (représentant 6 000 ha plantés) pourraient quant à elles prétendre à produire des vins d’appellation Bourgogne.

Une délimitation initiée en 1937 jamais achevée
Mais quelle est l’origine du sujet ? «Cette problématique de délimitation dure depuis 1937. Il n’y a pas eu de délimitation totale en Bourgogne», assure Bruno Verret. En effet, «si le cœur historique de la Bourgogne bénéficie de délimitations terminées, celles-ci n’ont jamais été réalisées pour les appellations bourguignonnes dans le Beaujolais et le Chablisien», complète la CAVB.
Relancé en 2000 par les producteurs de l’AOC Bourgogne, le travail de délimitation mené par l’Inao met aujourd’hui en péril l’appellation Bourgogne et ses producteurs. «L’Inao fait simplement du juridique, sans tenir compte de la position de tous», commente le président du Syndicat des Bourgognes.
D’autres réunions ont eu lieu sur la même thématique dans le reste de la Bourgogne : le lundi 20 janvier à Viré, le mardi 21 janvier à Nuits-Saint-Georges, le mercredi 22 janvier à Chatillon-sur-Seine, le vendredi 24 janvier à Beaune et le lundi 27 janvier à Mercurey. «Ces réunions sont là pour avertir. Si on ne le faisait pas, les viticulteurs ne le sauraient pas, mais ils apprendraient la décision prise par l’Inao le jour où ils voudraient demander des droits de plantation et qu’on leur répondrait qu’ils n’ont plus ce droit car ils ne sont plus dans l’aire d’implantation de l’AOC Bourgogne. Ce sont des catastrophes individuelles qui peuvent se préparer», explique Bruno Verret.

Une mobilisation le 6 février à Montreuil
Les producteurs de Bourgogne ne comptent pas en rester là et ont décidé de réagir. Une pétition a été mise en ligne et a déjà atteint les 2 500 signatures espérées. Aussi, une mobilisation se prépare le 6 février au siège de l’Inao à Montreuil (Île-de-France). Jour où est prévue la signature de la proposition faite par l’Institut. Plusieurs centaines de viticulteurs bourguignons ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils seraient de la partie. «C’est toute la notion même d’appellation d’origine qui serait remise en cause par cette décision. Les critères proposés par l’Inao sont loins d’être pertinents et aboutissent à une proposition très éloignée de l’identité de notre appellation Bourgogne et du territoire qui l’a créé et qui a contribué à sa notoriété et à son image», indique la CAVB. «Les producteurs de Bourgogne comptent bien rappeler aux membres de l’Inao qu’ils sont là pour défendre la notion d’appellation d’origine et le respect des identités des deux vignobles : le Beaujolais est produit en Beaujolais et le Bourgogne en Bourgogne».