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Grandes cultures

L’adaptation est de mise

Avec les sécheresses des deux dernières années, les céréaliers ont dû adapter leur rotation et trouver des alternatives. C’est le cas notamment de Laurent Madelenat, exploitant agricole à Saint Jean aux Amognes.
Par Théophile Mercier
L’adaptation est de mise
Laurent Madelenat en train de préparer sa parcelle de tournesols.
Pas de confinement pour les céréaliers du département qui s’activent en ce moment pour préparer leurs sols en vue des semis de printemps. C’est le cas de Laurent Madelenat, céréalier installé à Saint-Jean-aux-Amognes qui termine ses chantiers dans quelques jours. Ce dernier s’est lancé il y a quinze ans dans une technique que l’on appelle aujourd’hui TCS pour Techniques Culturales Simplifiée. Une pratique qui vise à limiter le travail du sol en limitant notamment les labours et donnant d’avantage de place à la vie microbienne du sol. Pour préparer ses parcelles, Laurent Madelenat réalise un couvert en août (qu’il intègre à ses SIE) à base de petit pois et d’avoine qu’il enterre à l’aide d’un déchaumeur sur 15 centimètres. Ses terres sont ensuite désherbées en janvier avec un ou deux passages de glyphosate et ses céréales sont semées en semi-direct avec un semoir de six mètres : « Ayant beaucoup de cailloux dans mes parcelles, il est plus facile de travailler en superficie, d’autant plus que mes terres sont argileuses donc difficiles à cultiver » explique le céréalier. Habituellement sa rotation  était constituée de colza, suivi de l’orge de printemps, de blé et de tournesol. Sauf qu’après deux épisodes de sécheresse consécutifs, certaines cultures comme le colza sont devenues compliquées voire infaisables dans le département. « Si je veux rentrer dans mes frais, je dois réaliser au minimum 30 quintaux à l’hectare. Lors de la dernière campagne, je n’en ai réalisé que 25 q/ha. J’ai donc décidé d’arrêter cette culture pour le moment » explique-t-il, navré. Pour compenser le colza qui était pour lui une tête de rotation, Laurent Madelenat a semé de la féverole d’hiver et un peu plus de tournesol. Ce qui donne au final une rotation avec 20 hectares de féverole d’hiver, 40 ha de tournesols, 60 ha de blé, 20 ha d’orge d’hiver et 60 ha d’orge de printemps. « Mon objectif est d’avoir un rendement de 1 000 euros à l’hectare toutes cultures confondues. Pour le moment je n’ai pas assez de recul pour faire le bilan de ce changement de rotation » explique-t-il un brin septique.

« Je cherche la meilleure alternative »
Après avoir essuyé un échec pour ses SIE l’été dernier, Laurent Madelenat cherche donc des alternatives. Il voudrait se servir d’une disposition prévue dans la déclaration de la PAC et qui concerne les aides couplées à la surface : « Depuis la campagne 2019, une enveloppe est disponible sur les légumineuses fourragères à condition de respecter un seuil minimal de cinq UBG.
Je vais donc produire pour la prochaine campagne 15 hectares de luzerne que je vais récolter en enrubannage. Dans le même temps, je vais sans doute acheter des vaches et leur faire manger le fourrage. Je vendrais ensuite les petits veaux. Il faut bien trouver des solutions car ayant des terres humides, je ne peux pas emblaver n’importe quoi. Je suis également dans une zone Natura 2000 qui me contraint à laisser des couverts dans mes parcelles, sauf que cette réglementation rend mes terres encore plus grasses. Je suis donc pour le moment dans l’incertitude sur la viabilité de système d’exploitation » conclu Laurent Madelenat.