« Je peux attendre »
Après l'interdiction au niveau national de tout export de bovins et la réouverture le 4 novembre dernier, Pierre Bonin, éleveur dans l'Avallonnais, a décidé d'attendre.
Face à l'interdiction de toute sortie de bovins du territoire métropolitain mise en place par Annie Genevard, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, du 18 octobre au 4 novembre dernier, Pierre Bonin, éleveur dans l'Avallonnais avait compris la décision. « Depuis quelques années, nous faisons face à des maladies épizootiques, alors bloquer les exports et déplacements de bovins concernant la Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC), nous permettait de faire redescendre la pression sanitaire », explique-t-il au sein de sa ferme, avant de poursuivre. « On se rend souvent compte que c'est l'humain qui joue un rôle dans la diffusion de la maladie. Donc mettre tout en suspens à cette période sensible, cela me semblait être une bonne solution », ajoute-t-il. Suite à l'allocution d'Annie Genevard, concernant la réouverture des exportations de bovins, le 1er novembre dernier dans un « cadre sanitaire maîtrisé », Pierre Bonin a, lui, décidé d'attendre que la situation se calme encore. Car, et ceci il en a conscience, « je peux attendre ». En allant voir ses génisses, l'éleveur de bovins a conscience qu'il « fait un pari sur le fait que la situation va s'améliorer » et qu'il est « dans l'incertitude la plus totale ». Dans la situation actuelle, où « les informations changent rapidement », « nous sommes obligés de prendre des paris, parce que nous n'avons aucun recul sur la situation », confie-t-il. En regardant son cheptel, il explique que, « la plupart de mes vaches peuvent encore prendre du poids pour atteindre le poids idéal pour les Italiens, à savoir entre 380 et 420 kg », explicite Pierre Bonin.
Rester attentif aux cours
Conscient que la situation peut évoluer rapidement, l'éleveur reste sur le qui-vive quant à la DNC et aux cours des marchés. « J'ai conscience que de nombreux achats de bovins avaient été réalisés avant le blocage par les marchands de bestiaux, que de nombreux éleveurs ne pouvaient pas attendre, et je comprends tout à fait », témoigne-t-il. Lui attend la mi-décembre avant de réexporter les bovins, car « j'attends que la période d'incubation soit terminée, vu qu'elle est de deux semaines, je verrais ensuite si de nouveaux cas sont à déclarer ». À cela il ajoute, « qu'il faut essayer de relativiser, car, pour l'instant aucun cas n'est déclaré dans l'Yonne ». Conscient que depuis de nombreuses années, les cours des marchés sont bas, en ce qui concerne l'élevage bovin, il se rassure en se disant, que « depuis quelque temps, les cours sont hauts et que cela permet de me remonter le moral ». « Je garde également un œil sur les cours, pour voir si la pression sanitaire ne joue pas un rôle et ne fait pas baisser les cours, mais pour l'instant, rien à signaler, le blocage n'a pas eu d'impact », constate-t-il. Accompagné d'une centaine de vaches au taureau, composée de charolaises et d'une vingtaine d'aubrac, il attend que la situation s'apaise, potentiellement « que le climat se refroidisse pour que les insectes porteurs du virus diminuent » et que le cours des marchés reste stable, afin de revenir sur le marché de l'export.