Coopérative Cerepy
«J'espère avoir bien rempli ma mission...»
Avec le départ de son directeur, une page se tourne pour la coopérative Cerepy. Rencontre avec Jean-Michel Thiault , qui aura consacré quarante trois ans de sa vie à son service et dirigé pendant plus de deux décennies.

[G]TdB : Se souvient-on encore 43 ans après, de son premier jour de travail ?[g]
[G]J.M. Thiault :[g] [I]«C'était un samedi, le 1er juillet 1967, ici à Saint-Julien du Sault. J'ai déchargé un wagon de 50 tonnes de sacs de scories Thomas. Seuls les plus anciens se souviennent de ces scories de déphosphoration, en provenance des hauts fourneaux de Lorraine. Des petits sacs de rien, mais très lourds !»[i]
[G]S'il fallait donner une signification au fait de passer 43 ans au sein d'une même entreprise ?[g]
[I]«C'est un bonheur ! De travailler avec ses patrons, son Conseil d'administration, de façon si étroite. Et c'est surtout un bonheur d'avoir travaillé avec des adhérents à qui on tente d'apporter quelque chose, cette espèce de convivialité sympathique rendue par la confiance... On dit qu'elle se mérite, je crois surtout qu'elle se gagne !»[i]
[G]Quel sens donnez-vous au mot «coopérative» ?[g]
[I]«C'est dans l'aisance qu'on devient individualiste et lorsqu'on a les pieds dans la m.... qu'on se retrouve ! C'est l'histoire de la cellule familiale, se regrouper autour de l'eau, du feu..., la base même de la société. Mais l'idée de la coop, c'est comme la terre, ça se cultive. Peut-être a-t-on oublié, de le faire, en milieu scolaire, comme au sein des entreprises, rappeler que la coopération, c'est l'équité devant l'adversité. Même s'il n'est pas facile de gérer une structure où clients et fournisseurs sont les mêmes, qui en plus détiennent le capital et sont votre patron !»[i]
[G]Au fil du temps, vous avez vu l'agriculture changer ?[g]
[I]«L'évolution aura été pendant longtemps synonyme de simplification de la peine, du fait de matériels plus performants. Aujourd'hui, les agriculteurs sont confrontés à d'autres impératifs vis-à-vis de la société en général qui doit toutefois arrêter de les taxer en permanence de pollueurs. Il faut que ce mythe disparaisse ! Beaucoup de couples d'exploitants voient l'épouse travailler à l'extérieur, d'où un regard différent et c'est un avantage ! Désormais, il faut que les politiques comprennent que les agriculteurs doivent pouvoir vivre comme tout le monde, mieux même, puisqu'ils aident au cadre de vie des autres !»[i]
[G]Et sur les grands enjeux de demain ?[g]
[I]«Je crois très fortement aux nouvelles technologies, aux mutations génétiques des plantes... Un mot qui n'est pas dans le dictionnaire : le « recousinage» : il est impératif que la grande famille agricole voit ses filières soudées et solidaires les unes des autres. On a par ailleurs trop longtemps répété que l'agriculteur était un manager... Chef d'entreprise d'accord mais il faut redonner toute sa place à l'agronomie... Des inquiétudes également, vis-à-vis des difficultés rencontrées par les jeunes pour s'installer, du fait de la dimension des reprises et de l'enveloppe financière nécessaire, ainsi que du nombre de fermes disponibles. Ce n'est pas une loi qui réglementera la situation. Peut-être y a-t-il des systèmes à inventer, au travers de formes associatives en société, pour que des jeunes puissent retrouver de qui exploiter, tout simplement !» [i]
[G]Le système coopératif a su évoluer au rythme de l'agriculture ?[g]
[I]«Il s'est organisé, réorganisé, restructuré... Peut-être insuffisamment ? S'il est nécessaire aujourd'hui qu'émergent de grands groupes pour avoir la puissance financière d'exportation, il est impératif, que perdurent des coopératives locales ou régionales, afin que l'agriculteur reste, dans le cadre de la coopération, maître de sa destinée. On voit trop ce que ça donne quand ce n'est pas le cas, comme dans les circuits de grande distribution».[i]
[G]Quid de l'arrivée des fonds d'investissement ?[g]
[I]«Incontestablement, l'aspect positif est que ça anime le marché ! L'inconvénient est la difficulté à les maîtriser... Y parviendra t-on ? Je ne crois pas. C'est un mal nécessaire... On doit s'adapter à cette situation. On se soumet et on anticipe, ou on se démet !»[i]
[G]Votre plus grande satisfaction en 43 ans ? [g]
[I]«Ne pas avoir perdu la confiance de mes adhérents. C'est ma plus belle récompense ! Et bien sur, le fait d'avoir maintenu une entreprise en bonne santé et prête à affronter les défis de demain de par sa structure d'investissements».[i]
[G]Qu'aimeriez-vous que l'on dise de vous plus tard ?[g]
[I]«A chacun de juger ! J'espère avoir bien rempli ma mission... On me l'avait confiée. J'ai tenté de la remplir au mieux, afin de ne pas décevoir».[i]
[G]J.M. Thiault :[g] [I]«C'était un samedi, le 1er juillet 1967, ici à Saint-Julien du Sault. J'ai déchargé un wagon de 50 tonnes de sacs de scories Thomas. Seuls les plus anciens se souviennent de ces scories de déphosphoration, en provenance des hauts fourneaux de Lorraine. Des petits sacs de rien, mais très lourds !»[i]
[G]S'il fallait donner une signification au fait de passer 43 ans au sein d'une même entreprise ?[g]
[I]«C'est un bonheur ! De travailler avec ses patrons, son Conseil d'administration, de façon si étroite. Et c'est surtout un bonheur d'avoir travaillé avec des adhérents à qui on tente d'apporter quelque chose, cette espèce de convivialité sympathique rendue par la confiance... On dit qu'elle se mérite, je crois surtout qu'elle se gagne !»[i]
[G]Quel sens donnez-vous au mot «coopérative» ?[g]
[I]«C'est dans l'aisance qu'on devient individualiste et lorsqu'on a les pieds dans la m.... qu'on se retrouve ! C'est l'histoire de la cellule familiale, se regrouper autour de l'eau, du feu..., la base même de la société. Mais l'idée de la coop, c'est comme la terre, ça se cultive. Peut-être a-t-on oublié, de le faire, en milieu scolaire, comme au sein des entreprises, rappeler que la coopération, c'est l'équité devant l'adversité. Même s'il n'est pas facile de gérer une structure où clients et fournisseurs sont les mêmes, qui en plus détiennent le capital et sont votre patron !»[i]
[G]Au fil du temps, vous avez vu l'agriculture changer ?[g]
[I]«L'évolution aura été pendant longtemps synonyme de simplification de la peine, du fait de matériels plus performants. Aujourd'hui, les agriculteurs sont confrontés à d'autres impératifs vis-à-vis de la société en général qui doit toutefois arrêter de les taxer en permanence de pollueurs. Il faut que ce mythe disparaisse ! Beaucoup de couples d'exploitants voient l'épouse travailler à l'extérieur, d'où un regard différent et c'est un avantage ! Désormais, il faut que les politiques comprennent que les agriculteurs doivent pouvoir vivre comme tout le monde, mieux même, puisqu'ils aident au cadre de vie des autres !»[i]
[G]Et sur les grands enjeux de demain ?[g]
[I]«Je crois très fortement aux nouvelles technologies, aux mutations génétiques des plantes... Un mot qui n'est pas dans le dictionnaire : le « recousinage» : il est impératif que la grande famille agricole voit ses filières soudées et solidaires les unes des autres. On a par ailleurs trop longtemps répété que l'agriculteur était un manager... Chef d'entreprise d'accord mais il faut redonner toute sa place à l'agronomie... Des inquiétudes également, vis-à-vis des difficultés rencontrées par les jeunes pour s'installer, du fait de la dimension des reprises et de l'enveloppe financière nécessaire, ainsi que du nombre de fermes disponibles. Ce n'est pas une loi qui réglementera la situation. Peut-être y a-t-il des systèmes à inventer, au travers de formes associatives en société, pour que des jeunes puissent retrouver de qui exploiter, tout simplement !» [i]
[G]Le système coopératif a su évoluer au rythme de l'agriculture ?[g]
[I]«Il s'est organisé, réorganisé, restructuré... Peut-être insuffisamment ? S'il est nécessaire aujourd'hui qu'émergent de grands groupes pour avoir la puissance financière d'exportation, il est impératif, que perdurent des coopératives locales ou régionales, afin que l'agriculteur reste, dans le cadre de la coopération, maître de sa destinée. On voit trop ce que ça donne quand ce n'est pas le cas, comme dans les circuits de grande distribution».[i]
[G]Quid de l'arrivée des fonds d'investissement ?[g]
[I]«Incontestablement, l'aspect positif est que ça anime le marché ! L'inconvénient est la difficulté à les maîtriser... Y parviendra t-on ? Je ne crois pas. C'est un mal nécessaire... On doit s'adapter à cette situation. On se soumet et on anticipe, ou on se démet !»[i]
[G]Votre plus grande satisfaction en 43 ans ? [g]
[I]«Ne pas avoir perdu la confiance de mes adhérents. C'est ma plus belle récompense ! Et bien sur, le fait d'avoir maintenu une entreprise en bonne santé et prête à affronter les défis de demain de par sa structure d'investissements».[i]
[G]Qu'aimeriez-vous que l'on dise de vous plus tard ?[g]
[I]«A chacun de juger ! J'espère avoir bien rempli ma mission... On me l'avait confiée. J'ai tenté de la remplir au mieux, afin de ne pas décevoir».[i]