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Politique agricole commune

Incompréhensions sur l'€™autonomie des exploitations

Plusieurs membres du conseil d'€™administration de la FDSEA ne comprennent pas la position de Stéphane Le Foll qui, sauf énorme «retournement» de situation, ne permettra pas aux éleveurs de régénérer leurs prairies.
Par Aurélien Genest
Incompréhensions  sur l'€™autonomie des exploitations
[I]« C'€™est pourtant une mesure qui ne coûte rien à la France, qui ne coûte rien à l'€™Europe, qui donne de la souplesse aux élevages et qui respecte l'€™environnement ! Malgré tout, elle ne semble pas apparaître dans les intentions du ministre»[i] déplore Gérard Berthaut. Présent lundi à la réunion du conseil d'€™administration de la FDSEA, le président cantonal de Saulieu a fait part de sa totale incompréhension sur la probable interdiction de ne pas pouvoir retourner davantage les prairies dans la nouvelle Pac. [I]«Nous demandons de pouvoir régénérer une marge de 10% de notre surface en herbe. Nous n'€™inventons rien, nos grands-parents nous l'€™avaient appris. Nous pourrions faire du ray-grass, de la céréale et devenir plus autonomes. Il n'€™est pas question de produire de la céréale pour encombrer les marchés, ce serait juste pour nourrir nos animaux, aussi bien bovins allaitants, laitiers ou ovins»[i] explique Gérard Berthaut, qui rappelle le niveau très soutenu des charges en élevage.

Les compléments en tourteaux et protéines sont notamment cités. [I]«Nous serions moins pénalisés comme nous le sommes actuellement. Notre gouvernement fait attention à l'€™environnement mais ne souhaite pas nous écouter sur ce point, je ne comprends vraiment pas»[i] ajoute le Sédélocien.

[INTER]L'€™aval gagnant ?[inter]
Le discours est exactement le même pour Michel Thibault, président cantonal de Liernais : [I]«C'€™est un dossier récurrent, tous les agriculteurs de nos régions d'€™élevage demandent cette autonomie. Le Foll n'€™a pourtant pas l'€™air de vouloir changer grand chose en zone herbagère»[i].

Le président liernaisien rappelle l'€™évolution du nombre de stabulations, étroitement liée aux besoins grandissants en paille : [I]«il nous fallait moins de paille à l'€™époque. Aujourd'€™hui, il faut aller en chercher à 50-100km. Il y a des coûts supplémentaires, des transports à effectuer... Il y a là aussi une dépendance que nous pourrions facilement éviter ou réduire. C'€™est simple, toute la région de l'€™Auxois-Morvan souhaiterait labourer quelques hectares supplémentaires pour être moins dépendante de l'€™extérieur. Un peu de paille ou céréales en plus réglerait déjà pas mal de problèmes»[i].

Tous les éleveurs attendent désormais les annonces du ministre. Certaines seraient peut-être déjà tombées après la rédaction de ces lignes. Gérard Berthaut termine en insistant sur la notion de [I]«prix»[i] et non celle de [I]«primes»[i]: [I]«être autonome nous permettrait d'€™alléger nos coûts de production et agrandir nos marges. Telle qu'€™elle est actuellement engagée, la réforme de la Pac est faite pour apporter des aides. Cela ne réglera malheureusement pas le problème du revenu. C'€™est l'€™aval qui va en profiter. Les grands industriels de la viande anticipent déjà la réforme de la Pac en faisant baisser les prix payés aux producteurs. C'€™est aussi valable pour le prix du lait. En trois semaines, le prix des femelles a chuté de 50 voire 60 centimes d'€™euros. Les jeunes bovins mâles n'€™ont jamais eu de prix élevés cette année. Ils ont tous été payés moins chers qu'€™en 2012. Le marché, à lui seul, n'€™explique pas cette tendance»[i].

La zone intermédiaire ne doit pas être encore oubliée

Sur le projet global, le conseil d'€™administration FDSEA rappelle les attentes de la zone intermédiaire et milite pour un soutien plancher qui permette de garantir la rentabilité de chacune de nos exploitations (en cumulant DPB et aide couplée). Les membres du conseil d'€™administration s'€™opposent à la surprime des 50 premiers hectares. En effet, comme le rappelle Fabrice Faivre : «nous voulons une Pac qui permette à toutes nos exploitations de vivre. Nous ne pouvons accepter que tous les actifs ne soient pas pris en compte. Le ministre présente cette mesure comme un soutien aux actifs. C'€™est un leurre. Cette surprime est faite pour les exploitations intensives de l'€™Ouest, pas pour les exploitations à faible potentiel de zone intermédiaire, avec des rendements limités et des moyens de diversification limités». La FDSEA rappelle la fermeture de la sucrerie d'€™Aiserey, le départ de D'€™Aucy et les attaques récurrentes contre les porcheries et poulailler. «Sur tous ces points, il n'€™y a pas de cohérence entre le discours et les propositions du ministre» insiste le président de la FDSEA.