Accès au contenu
Désherbage mécanique

Herse étrille : les résultats des observations et des mesures au champ

Accompagné par la Chambre d’agriculture de l’Yonne, Germain Philbe, membre du GVA (groupement de vulgarisation agricole) d’Auxerre et agriculteur à Vallan en petites terres à cailloux, a souhaité tester la herse étrille sur céréales avec la volonté de réduire les phytosanitaires, la nécessité de maîtriser des adventices résistantes et d’intégrer de nouvelles techniques à sa stratégie.
Par Ma signature
Herse étrille : les résultats des observations et des mesures au champ
Les conditions climatiques et l’état du sol au printemps rendent plus facile un bon positionnement de la herse étrille. Cette année 2 créneaux importants étaient utilisables du 14 au 24 février et du 21 au 30 mars. Le niveau d’efficacité de l’outil en dép
La réussite de l’opération de désherbage mécanique commence bien avant le passage de l’outil. Une parcelle mal nivelée, mal appuyée avec une préparation grossière, une profondeur de semis mal maîtrisée, la présence de résidus et de cailloux engendre des levées d’adventices échelonnées, un développement hétérogène de la culture, des bourrages et des blessures qui sont préjudiciables à l’efficacité et à la sélectivité de la herse étrille. Maximiser les performances de l’outil, c’est donc anticiper son passage.

Un positionnement de l’outil plus facile au printemps avec une meilleure efficacité
Dans le dispositif, toutes les utilisations de la herse étrille ont été envisagées : en faux semis, à l’aveugle, en post-levée à l’automne et au printemps. De toutes celles-ci, les opérations à l’automne ont été les plus difficiles à positionner avec parfois des résultats surprenants. En cause, les conditions de sol et météorologiques du moment mais aussi de l’année avec les répercussions de la sécheresse estivale sur l’efficacité du travail du sol en inter-culture. Les passages de la herse étrille en faux semis et en aveugle ont provoqué des levées d’adventices tandis que le passage en post-levée d’automne montre une efficacité réduite par rapport au témoin (< 10 %).
En revanche, au printemps, plusieurs créneaux de plus de cinq jours étaient exploitables. En concurrence avec d’autres travaux, un seul passage a été réalisé avec des efficacités variant de 15 à 40 %.
Quelle que soit la période, l’outil demande une grande réactivité : par exemple, impossible le 16 novembre dans l’après-midi à cause de l’humidité liée au brouillard, le passage a été effectué le 17 novembre à 14 heures sous le soleil et vent de nord. Trois jours plus tard il tombait 10 mm.

Des pertes de pieds sur la culture limitées
En respectant l’objectif d’une intervention sur des adventices peu développées et avec des réglages adaptés, les pertes de pieds restent limitées (en moyenne < 10 %). Elles sont réduites suite au passage en aveugle (< à 3 %), bien que réalisé sur des grains en germination (germe visible). Elles augmentent en post-levée à l’automne au stade 1 à 2 feuilles du blé, variant de 5.9 à 8.6 %, mais interviennent surtout par recouvrement. La vitesse de travail devient alors un facteur déterminant. Au printemps, elles sont directement fonction de l’agressivité de l’outil et résultent plus de l’arrachement que du recouvrement. À cette période, les conditions sont « poussantes » et même si l’effet visuel reste important, il perdure moins dans le temps.

Un outil complémentaire au raisonnement agronomique et désherbage chimique
Étudiée dans le cadre d’un dispositif prenant en compte le travail du sol (labour, travail superficiel), la date de semis (15 octobre et 9 novembre) et le désherbage chimique (un passage au printemps), la herse étrille s’impose comme un outil complémentaire à ces leviers. L’efficacité de la herse étrille relevée dans ce système conventionnel est en moyenne de 29 % (graphique 1). Elle peut être plus élevée (49 %) et pallier l’absence de labour mais peut aussi lui être complémentaire (9 % d’efficacité supplémentaire liée à la herse étrille) Elle peut également être complémentaire d’un décalage de la date de semis (en moyenne 19 % d’efficacité supplémentaire liée à la herse étrille / graphique 2).
Au final, ces résultats montrent que c’est la combinaison de l’ensemble de ces leviers qui permet de réduire la nuisibilité des adventices dans les céréales. Associer décalage de la date de semis, labour et herse étrille permet de réduire de 65 % les adventices (graphique 2) alors qu’un semis plus précoce (mi-octobre) ramène cette réduction à 54 % (graphique 1).
Ces chiffres sont à rapprocher de ceux obtenus pour le désherbage chimique qui lui non plus n’est pas parfait et s’établissent en moyenne à 86 % d’efficacité. D’autres leviers (non testés dans le dispositif), tels que la rotation des cultures, le déchaumage, la récupération des menues pailles, les couverts végétaux sont susceptibles d’améliorer encore ces résultats.

Et les effets sur le rendement ?
L’utilisation d’une herse étrille provoque d’autres modifications que celles évoquées ci-dessus. Elle crée des conditions de surface différentes qui influencent le réchauffement, l’humidité et l’oxygénation du sol et donc la minéralisation. Elle permet l’incorporation de fertilisants avec des incidences sur leur disponibilité pour la culture… Autant d’actions qui peuvent permettre (en densité non limitante) à une culture de compenser les pertes de pieds liées au désherbage mécanique. Des comptages épis et des mesures du rendement viendront d’ici peu clôturer ce dispositif expérimental. À suivre.
Chambre d’agriculture de l’Yonne

Contacts :
Marjorie Lautier au 06 77 75 30 28 ou m.lautier@yonne.chambagri.fr
Richard Wylleman au 06 07 81 46 45 ou r.wylleman@yonne.chambagri.fr