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Céréales

Grèves des trains: les transactions à la peine

Les ventes à l’export étaient moins soutenues que prévu à un mois de la fin de la campagne commerciale 2017/2018. Des transactions se trouvent reportées ou annulées du fait de la grève des trains. Ces nouveaux handicaps logistiques ralentissent l’exécution des affaires, alors que les sorties de silo ont pris du retard.
Par Ma signature
Grèves des trains: les transactions à la peine
Le fret fluvial bénéficie des difficultés d’approche par rail et camion mais son coût a été multiplié par 5 en quelques années.
« Il n’est pas sûr que les opérateurs français parviendront à réaliser les 8,4 millions de tonnes de blé tendre à l’export sur les pays tiers prévus par FranceAgriMer sur la campagne 2017-2018» a précisé Rémi Haquin, président du conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer, le 13 juin dernier. Les grèves de trains allongent les délais de chargement. FranceAgriMer a ainsi abaissé de 45 000 tonnes  ses prévisions d’exportation de blé tendre vers l’Union Européenne, pour les porter à 9,03 millions de tonnes.

Le dynamisme des ventes vers le nord de l’UE observé en mars et avril ne s’est pas confirmé ces dernières semaines. Il s’agirait, toutefois, du meilleur résultat enregistré depuis la campagne 2005/2006. En revanche, les objectifs d’exportations vers les pays tiers ont été maintenus par l’établissement public à 8,4 Mt en raison de l’évolution du taux de parité euro/dollar, plus favorable aux origines françaises et du tarissement progressif de l’origine mer Noire dont les cours augmentent en cette fin de campagne.

L’Algérie, premier acheteur de blé tendre
Au 11 juin, la France avait exporté 7,86 Mt de blé tendre, dont 4,14 Mt vers l’Algérie qui reste et de loin notre premier acheteur, 1,11 Mt vers le Maroc, 0,62 Mt vers l’Arabie saoudite et 0,4 Mt vers Cuba. Les expéditions vers ces pays seront cependant inférieures d’environ 30 % à celles enregistrées au cours de la campagne 2015/2016. FranceAgriMer n’a pas pu chiffrer les conséquences de la grève perlée du trafic ferroviaire débutée début avril. «Combien de ventes ont été reportées ou annulées, nous ne le savons pas encore», a commenté Rémi Haquin, président du conseil spécialisé pour la filière céréalière de FranceAgriMer. Et d’ajouter que l’export pays tiers pourrait être affecté par ces difficultés logistiques.
Les grèves viennent amplifier une situation logistique déjà tendue, car le transport par camion est aussi à la peine et la demande non satisfaite de transport saccroit. La route et le rail étant entravés, la demande se reporte vers les voies fluviales et le fret fluvial se renchérit. Le coût de la tonne de céréales transportée par voie fluviale de Bourgogne à Rouen, est ainsi passée de 6 euros il y a cinq ans, à 30 euros aujourd’hui.
Sur le marché intérieur français, les prévisions d’utilisations par les fabricants d’aliments du bétail (Fab) sont inchangées à 5,55 Mt. Si la collecte a été encore une fois abaissée (-46 000 t) à 32,97 Mt, les importations ont été revalorisées de 30 000 t à 360 000 t.

Au final, le stock de report est majoré de 29 000 t à 2,57 Mt, niveau inférieur de 330 000 t à la moyenne quinquennale. Pour le blé dur, FranceAgriMer prévoit un stock de fin de campagne en hausse en un mois de 34 000 t à 179 000 t, conséquence de prévisions d’exportation en baisse de 20 000 t vers les pays tiers et d’une revalorisation de l’utilisation par les Fab (+3 000 t à 20 000 t) et de la collecte (+17 000 t à 1,97 Mt).

Alourdissement des stocks d’orge et de maïs
Côté orges, l’organisme public projette des ventes vers l’UE à 3,44 Mt (+ 27 000 t par rapport au mois de mai). Les objectifs d’exportation vers les pays tiers sont une nouvelle fois réduits de 300 000 t à 2,8 Mt, même si après 11 mois de campagne (chiffres douanes sur 9 mois et estimation des embarquements d’avril et mai), les ventes avaient progressé de 2 % par rapport à la campagne 2016/2017 à 2,49 Mt.

L’Arabie saoudite était le 11 juin le principal débouché de l’orge française pour un volume de 841 400 t. La Chine (408 800 t) était la deuxième destination, suivie par la Tunisie (360 000 t), le Maroc (303 000 t) et l’Algérie (269 000 t), pays qui avaient accru leurs achats pour cette campagne, respectivement de 72 % et 62 %. Concernant les autres postes du bilan, FranceAgriMer n’a modifié que ses prévisions de collecte (- 7 000 t à 10,04 Mt).

Le stock de fin de campagne, en hausse de 279 000 t à 1,4 Mt, se situerait légèrement au dessus de la moyenne quinquennale (1,18 Mt). Le stock français de maïs en fin de campagne pourrait, quant à lui, s’alourdir de 143 000 t à 2,84 Mt, au-dessus (+389 000 t) du niveau moyen des cinq dernières campagnes. FranceAgriMer a modifié quatre postes du bilan présenté en mai.  La collecte a été revalorisée de 19 000 t à 11,9 Mt et les importations ont été portées à 590 000 t (+40 000 t).

L’organisme public a en revanche révisé à la baisse les utilisations par l’amidonnerie : -50 000 t à 2,2 Mt et les exportations vers l’UE : -35 000 t à 4,96 Mt.

Le potentiel de rendement des blés et des orges mis à mal par les orages

Les moissonneuses batteuses ne devraient pas tarder à faire leur apparition dans les champs d’orges. Pour les blés, les premières moissons (en Midi-Pyrénées) sont prévues à la fin du mois. «Globalement, le potentiel est bon, voire très bon pour les trois-quarts des surfaces semées en céréales d’hiver», a affirmé Catherine Cauchard, chargée du suivi du programme Céré’Obs à FranceAgriMer. Le début de printemps ensoleillé et doux a permis aux cultures de rattraper leur retard de développement, provoqué par un hiver pluvieux et des gelées tardives. Au 4 juin, les blés et les orges étaient, dans la plupart des régions, en avance par rapport à la moyenne des cinq dernières années. FranceAgriMer estime cependant qu’il est encore trop tôt pour établir des pronostics de rendement d’autant que les orages et les pluies abondantes qui ont touché le pays au début du mois de juin laissent craindre des dégradations qualitatives et l’apparition de maladies. Ce sont surtout les risques de fusariose des épis qui inquiètent. Heureusement, dans de nombreuses parcelles, le stade «floraison», de forte sensibilité à cette maladie, est désormais dépassé.