Filière lait
Fin des quotas: et après ?
Avec la fin des quotas, une page se tourne pour la filière laitière. Rencontre avec Patrice Troussard, éleveur à Fouchères, dans le Sénonais.
La fin des quotas marque t-elle une opportunité ou des inquiétudes supplémentaires pour la filière lait ? A la tête d’un cheptel de 150 vaches à lait, installé avec 2 associés sur la commune de Fouchères, dans le Sénonais, Patrice Troussard est adhérent à l’organisation des producteurs de lait Senagral (Oplase).
- TdB : Que signifie pour vous l’arrêt des quotas ?
Patrice Troussard : «Avant les quotas, on était dans la volatilité des prix. Une volatilité plus ou moins maîtrisée, pendant 30 ans. Avec l’arrêt des quotas, on retourne à une volatilité des prix, le souci, il est là. Le problème, c’est surtout pour les jeunes qui viennent de s’installer et lourdement endettés, avec une part du capital investi, trop importante par rapport aux revenus…»
- Que pensez vous du système mis en place pour la défense des producteurs ?
«La France a fait le choix des volumes avec les transformateurs, c’est quelque part un point positif car bien maîtrisé, mais la représentation des producteurs n’est pas à la hauteur de ce qu’il faudrait pour nous défendre... Alors qu’à l’époque du Bassin Grand-Est, avec 17 départements, quand on rencontrait en interprofession l’ensemble des transformateurs de la zone, on défendait une grille de prix et des intérêts communs pour tous les producteurs. Aujourd’hui, c’est complètement différent, sachant que les producteurs sont constitués en OP par laiterie, avec des grilles de prix variant complètement entre elles…»
- A peine plus de 230 exploitations dans l’Yonne. Les quotas n’ont pas empêché le nombre de producteurs de diminuer
«Si la population de producteurs s’est si peu renouvelée dans le département, c’est parce que la filière n’est pas assez attractive et que le lait n’est pas rémunéré à son juste prix. S’ils n’ont pas d’a priori économique et si certains jeunes acceptent de passer du temps et de se lancer dans l’élevage, encore faut-il que ce temps soit rémunéré. Sans réelle dynamique laitière, les jeunes préfèrent faire des céréales»
- Les intérêts des producteurs au sein des régions ne sont pas forcément les mêmes si on s’en réfère à la saisonnalité des prix…
«Les intérêts selon les régions sont forcément différents. On le voit bien, avec certains départements comme la Somme ou la Seine Maritime, où du fait de faibles quotas d’à peine 400 000 litres, les vêlages sont regroupés et comme par là, l’herbe pousse bien, réclament un prix d’été fort, souhaitant une forte saisonnalité de la grille des prix. Nous par ici, nous avons des volumes de production tournant entre 600 et 700 000 litres de lait, avec des vêlages toute l’année et on privilégie un prix du lait régulier, sans effet de saisonnalité, afin d’éviter de redescendre à 281,40 € les 1000 litres comme on a connu en avril, sachant que les 15 €/tonne obtenus d’avance de trésorerie, seront à redonner en novembre…»
- Considérez-vous l’ouverture au marché mondial comme une opportunité pour le marché français ?
«On nage en pleine hypocrisie… En Europe, il faut produire pour exporter ! Mais regardez la gestion du lait dans un pays comme le Canada : là bas, on produit le lait qu’on consomme, point final ! Et ils ont du lait à plus de 450 €/tonne avec des producteurs qui sont heureux et qui vivent bien. Pourquoi ne sommes nous pas capables de faire ça ici… ? Parce qu’on veut satisfaire les lobbies industriels qui veulent du lait pas cher pour conquérir les marchés à l’export !»
- Comment envisagez-vous l’avenir ?
«Moi, j’ai 59 ans et j’irai au bout, mais après ? Quid de la filière laitière dans le département ? Elle est depuis longtemps dans la phase descendante et aura bien du mal à inverser la courbe…»
- TdB : Que signifie pour vous l’arrêt des quotas ?
Patrice Troussard : «Avant les quotas, on était dans la volatilité des prix. Une volatilité plus ou moins maîtrisée, pendant 30 ans. Avec l’arrêt des quotas, on retourne à une volatilité des prix, le souci, il est là. Le problème, c’est surtout pour les jeunes qui viennent de s’installer et lourdement endettés, avec une part du capital investi, trop importante par rapport aux revenus…»
- Que pensez vous du système mis en place pour la défense des producteurs ?
«La France a fait le choix des volumes avec les transformateurs, c’est quelque part un point positif car bien maîtrisé, mais la représentation des producteurs n’est pas à la hauteur de ce qu’il faudrait pour nous défendre... Alors qu’à l’époque du Bassin Grand-Est, avec 17 départements, quand on rencontrait en interprofession l’ensemble des transformateurs de la zone, on défendait une grille de prix et des intérêts communs pour tous les producteurs. Aujourd’hui, c’est complètement différent, sachant que les producteurs sont constitués en OP par laiterie, avec des grilles de prix variant complètement entre elles…»
- A peine plus de 230 exploitations dans l’Yonne. Les quotas n’ont pas empêché le nombre de producteurs de diminuer
«Si la population de producteurs s’est si peu renouvelée dans le département, c’est parce que la filière n’est pas assez attractive et que le lait n’est pas rémunéré à son juste prix. S’ils n’ont pas d’a priori économique et si certains jeunes acceptent de passer du temps et de se lancer dans l’élevage, encore faut-il que ce temps soit rémunéré. Sans réelle dynamique laitière, les jeunes préfèrent faire des céréales»
- Les intérêts des producteurs au sein des régions ne sont pas forcément les mêmes si on s’en réfère à la saisonnalité des prix…
«Les intérêts selon les régions sont forcément différents. On le voit bien, avec certains départements comme la Somme ou la Seine Maritime, où du fait de faibles quotas d’à peine 400 000 litres, les vêlages sont regroupés et comme par là, l’herbe pousse bien, réclament un prix d’été fort, souhaitant une forte saisonnalité de la grille des prix. Nous par ici, nous avons des volumes de production tournant entre 600 et 700 000 litres de lait, avec des vêlages toute l’année et on privilégie un prix du lait régulier, sans effet de saisonnalité, afin d’éviter de redescendre à 281,40 € les 1000 litres comme on a connu en avril, sachant que les 15 €/tonne obtenus d’avance de trésorerie, seront à redonner en novembre…»
- Considérez-vous l’ouverture au marché mondial comme une opportunité pour le marché français ?
«On nage en pleine hypocrisie… En Europe, il faut produire pour exporter ! Mais regardez la gestion du lait dans un pays comme le Canada : là bas, on produit le lait qu’on consomme, point final ! Et ils ont du lait à plus de 450 €/tonne avec des producteurs qui sont heureux et qui vivent bien. Pourquoi ne sommes nous pas capables de faire ça ici… ? Parce qu’on veut satisfaire les lobbies industriels qui veulent du lait pas cher pour conquérir les marchés à l’export !»
- Comment envisagez-vous l’avenir ?
«Moi, j’ai 59 ans et j’irai au bout, mais après ? Quid de la filière laitière dans le département ? Elle est depuis longtemps dans la phase descendante et aura bien du mal à inverser la courbe…»