Accès au contenu
Méthanisation

« Faire évoluer son modèle agricole »

La 5e unité de méthanisation de l'Yonne a été inaugurée vendredi 19 septembre, à Pont-sur-Vanne. Retour sur l'histoire du projet.

Par Charlotte Sauvignac
Méthanisation
Six agriculteurs ont inauguré leur unité de méthanisation afin de valoriser leurs cultures bio.

Tout est parti d'une volonté de se diversifier, « on était en agriculture biologique et on se rendait compte qu'on avait du mal à vivre de nos productions », confie Dominique Goffart, l'agriculteur à l'initiative du projet. C'est en 2016, que cet Icaunais situé aux alentours de Pont-sur-Vanne confie, à cinq agriculteurs, dont son frère Jean-Paul Goffart, ainsi qu'Aurélien et Alain Barbier, Julien Simonot, et Boris Balsam, sa volonté de se rassembler pour créer une unité de méthanisation. L'objectif est double, il contient la volonté « de produire des champs de luzerne pour amener de l'azote dans les champs », ainsi que de « produire du gaz qui va autofinancer le site », confie Aurélien Barbier, cadet du projet. Après plusieurs années de travail, en ce jour, Dominique Goffart, s'exprime en expliquant qu'étant « en agriculture biologique, beaucoup de choses sont contraintes », comme le fait qu'on « ne peut pas rentrer n'importe quoi dans le méthaniseur, notamment les produits transformés ». Même en ce qui concerne les intrants, tout est naturel. « Nous pouvons utiliser 10 900 tonnes d'intrants à l'année et parmi ce tonnage, nous recueillons du fumier naturel d'éleveurs du coin », explique-t-il. Dominique Goffart apparaît « particulièrement ému », en se remémorant toutes les épreuves par lesquelles ils sont passés, notamment, après l'objection de certains riverains, qui placardent « Non à la méthanisation » le long de leurs jardins. Pourtant, et cela Aurélien le manifeste à son tour, la volonté du collectif était également de sensibiliser à l'activité de la méthanisation « qui a souvent mauvaise presse ». « On a créé un groupe de médiation pour expliquer aux riverains qu'on ne construit pas un méthaniseur de grosse envergure et qu'il est local », témoigne-t-il, avant d'ajouter que, « cinq rencontres ont été réalisées ». C'est d'ailleurs à la suite de l'inauguration, que des portes ouvertes ont été organisées les 20 et 21 septembre, à l'occasion des Journées du Patrimoine.

La force du collectif

Éric Passetti, directeur territorial régional en BFC de GRDF, témoigne, à l'occasion de son discours, toute sa gratitude au collectif pour la confiance qu'ils ont pu avoir en eux. À l'horizon 2028, l'objectif sera de passer d'une vingtaine de projets à une cinquantaine sur le territoire de l'Yonne. Sur un projet comme celui-ci, Éric Passetti, explique que « 1 400 tonnes de CO2 seront évitées à l'année ». Un chiffre qui vient s'ajouter au fait que « 1 800 foyers seront alimentés grâce à cette unité de méthanisation ». Une réalité qui s'annonce comme un succès pour les agriculteurs comme pour les collectivités. « Les six agriculteurs ont uni leur force pour un projet commun, plein de sens. Nous pouvons également mettre en avant le rôle prépondérant du territoire à faire évoluer le système énergétique », exprime Jean-Baptiste Lemoine, sénateur, avant d'applaudir les porteurs de projet. Avant de trinquer à cette nouvelle structure, Aurélien Barbier réalise une visite du site, en compagnie du sénateur et des curieux. En commençant par se rendre au pied de l'usine, l'agriculteur explique qu'en termes de rendement, « les engrais issus de la méthanisation sont supérieurs de 30 % aux engrais chimiques », ce à quoi le sénateur hoche la tête. En continuant sa visite, direction la zone d'épuration, il ajoute que « le gaz brut ou biogaz sortant du gazomètre contient majoritairement du CO2 à 45 % et du méthane à 55 % ». Cette usine est considérée « comme un cycle de vie », car après l'épuration, le gazomètre constitué de « deux membranes », permet de « faire office de sécurité et d'isolant », dans une première phase, et « de stocker la production de gaz et ses variations », dans une seconde phase. Après ces deux grandes étapes, direction le hangar de stockage, où « la matière sortante du digesteur appelée digestat arrive. Une presse est utilisée afin de séparer la phase liquide de la phase solide », détaille-t-il, avant de terminer en disant que « tout est épandu dans les champs ».