Conférence Bio
État des lieux de l’agriculture biologique départementale
La traditionnelle conférence sur l’agriculture biologique départementale organisée par la Chambre d’agriculture de l’Yonne, en partenariat avec le Gaby, s’est tenue le 8 juin dernier. Une édition consacrée à l’installation-transmission des exploitations et à la filière viande bovine.
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L’Yonne comptait au 31 mai dernier 289 exploitations engagées en agriculture biologique, un chiffre en hausse de + 7% par rapport à l’année précédente, pour une SAU de 22 520 ha (+ 11%). Soit une part relative d’un peu plus de 5% de la SAU totale départementale et de 8,7% de l’ensemble des exploitations. Des chiffres en constante augmentation depuis plus d’une décennie. Les 26 nouvelles conversions en 2016 suivent la tendance nationale, avec une prédominance de fermes en Grandes culture (12), en polyculture élevage (9) et en viticulture (2).
À l’image de la répartition des fermes conduites en AB dans le département, avec dans le trio de tête, les grandes cultures (107), la polyculture élevage (88) et la viticulture (45). Si le rythme a quelque peu ralenti, l’Yonne reste néanmoins sur une dynamique importante, avec une évolution de + 53% des surfaces en conversion entre 2015 et 2016 et un nombre de structures en hausse de + 7%. Une ombre au tableau toutefois, rappelle Philippe Camburet, président du Groupement des Agrobiologistes de l’Yonne (Gaby) : «face à l’incertitude sur l’avenir des aides et au retard apporté pour leur paiement, il est crucial pour les projets d’installation d’avoir une lisibilité suffisante pour l’avenir. Le but étant de pouvoir dégager des marges suffisantes et d’avoir une exploitation qui ait une cohérence économique dépendant de la structuration des filières…»
Rester prudent face à la demande
Comparé aux autres départements bourguignons, l’Yonne est celui qui regroupe le plus faible nombre d’élevages engagés en bio, avec 37 ateliers pour un cheptel de près de 2 000 têtes. À titre de comparaison, l’on en compte cinquante cinq pour près de 2 800 têtes en Côte d’Or et soixante six exploitations pour 3 909 animaux dans la Nièvre. En 2016, quatre nouveaux élevages se sont convertis et la tendance est à la hausse, avec un nombre d’ateliers en augmentation de + 9%, pour une SAU de + 13% et un cheptel de + 11%.
Directrice déléguée à la Cialyn, Séverine Breton est venue rappeler que si la coopérative enregistrait encore une faible activité en matière de filière bio, avec une vingtaine d’adhérents bovins et trois adhérents ovins pour toute la Bourgogne, il existait un accompagnement technique et financier à l’attention des éleveurs souhaitant franchir le cap : conseils alimentaires, gestion fourragère, conseils sanitaires, accompagnement financier, réunions techniques, etc. Soulignant que, depuis son rapprochement avec Sicarev en décembre dernier, la filière était en développement, dans le cadre de la stratégie du groupe. Pour Marc Piot, représentant Unebio, un outil collectif de 2 500 adhérents engagés en filière viande bovine bio, piloté par les éleveurs eux même, il faut avant tout rester prudent : «l’on constate une forte hausse de la demande mais le phénomène est relativement récent. Il y a un an encore, on s’est retrouvé avec pas mal de bêtes sur les bras et des éleveurs avec des délais d’attente en ferme, il ne faut pas avoir la mémoire courte, même si aujourd’hui, tous les voyants sont au vert. Répondre à la demande, oui, mais tout en restant vigilant…»
«Il ne faut pas chercher à aller trop vite»
L’ouverture d’une boucherie dans leur magasin de Sens s’inscrit dans ce contexte et répond à une demande sociétale en forte croissance, explique Cyril Aubry, co-directeur de la coopérative bio Germinal, avec la volonté de développer une filière locale : «le local parce que cela a du sens et que c’est inscrit dans notre charte. Nous voulions avant tout recréer un lien entre le consommateur et l’éleveur, avec nos bouchers au milieu. Nos sociétaires sont en attente de ce choix : produit où ? Par qui ? Comment ?...» Parmi leurs fournisseurs de proximité, Julien Bourgeois, éleveur bovin à Sainte-Colombe-sur-Loing. Converti en bio dès son installation en 2006, le jeune éleveur privilégiait jusque là, de la vente directe, commercialisant entre cinq et six bovins ainsi que sept à huit veaux à l’année : «il ne faut pas chercher à aller trop vite, laisser aux animaux le temps de pousser…, j’ai toujours pensé qu’en produisant comme ça, on arrive à sortir une certaine qualité…»
Conquis par l’idée d’un magasin avec des bouchers travaillant de matière artisanale : «ce qui nous manque pour avoir un développement plus local en filière viande, ce sont des outils à taille humaine, permettant d’ouvrir des portes pour de petits débouchés. Ce n’est pas le paysan, qui peut porter le poids d’un labo de découpe, l’approvisionnement et la rémunération du boucher…»
À l’image de la répartition des fermes conduites en AB dans le département, avec dans le trio de tête, les grandes cultures (107), la polyculture élevage (88) et la viticulture (45). Si le rythme a quelque peu ralenti, l’Yonne reste néanmoins sur une dynamique importante, avec une évolution de + 53% des surfaces en conversion entre 2015 et 2016 et un nombre de structures en hausse de + 7%. Une ombre au tableau toutefois, rappelle Philippe Camburet, président du Groupement des Agrobiologistes de l’Yonne (Gaby) : «face à l’incertitude sur l’avenir des aides et au retard apporté pour leur paiement, il est crucial pour les projets d’installation d’avoir une lisibilité suffisante pour l’avenir. Le but étant de pouvoir dégager des marges suffisantes et d’avoir une exploitation qui ait une cohérence économique dépendant de la structuration des filières…»
Rester prudent face à la demande
Comparé aux autres départements bourguignons, l’Yonne est celui qui regroupe le plus faible nombre d’élevages engagés en bio, avec 37 ateliers pour un cheptel de près de 2 000 têtes. À titre de comparaison, l’on en compte cinquante cinq pour près de 2 800 têtes en Côte d’Or et soixante six exploitations pour 3 909 animaux dans la Nièvre. En 2016, quatre nouveaux élevages se sont convertis et la tendance est à la hausse, avec un nombre d’ateliers en augmentation de + 9%, pour une SAU de + 13% et un cheptel de + 11%.
Directrice déléguée à la Cialyn, Séverine Breton est venue rappeler que si la coopérative enregistrait encore une faible activité en matière de filière bio, avec une vingtaine d’adhérents bovins et trois adhérents ovins pour toute la Bourgogne, il existait un accompagnement technique et financier à l’attention des éleveurs souhaitant franchir le cap : conseils alimentaires, gestion fourragère, conseils sanitaires, accompagnement financier, réunions techniques, etc. Soulignant que, depuis son rapprochement avec Sicarev en décembre dernier, la filière était en développement, dans le cadre de la stratégie du groupe. Pour Marc Piot, représentant Unebio, un outil collectif de 2 500 adhérents engagés en filière viande bovine bio, piloté par les éleveurs eux même, il faut avant tout rester prudent : «l’on constate une forte hausse de la demande mais le phénomène est relativement récent. Il y a un an encore, on s’est retrouvé avec pas mal de bêtes sur les bras et des éleveurs avec des délais d’attente en ferme, il ne faut pas avoir la mémoire courte, même si aujourd’hui, tous les voyants sont au vert. Répondre à la demande, oui, mais tout en restant vigilant…»
«Il ne faut pas chercher à aller trop vite»
L’ouverture d’une boucherie dans leur magasin de Sens s’inscrit dans ce contexte et répond à une demande sociétale en forte croissance, explique Cyril Aubry, co-directeur de la coopérative bio Germinal, avec la volonté de développer une filière locale : «le local parce que cela a du sens et que c’est inscrit dans notre charte. Nous voulions avant tout recréer un lien entre le consommateur et l’éleveur, avec nos bouchers au milieu. Nos sociétaires sont en attente de ce choix : produit où ? Par qui ? Comment ?...» Parmi leurs fournisseurs de proximité, Julien Bourgeois, éleveur bovin à Sainte-Colombe-sur-Loing. Converti en bio dès son installation en 2006, le jeune éleveur privilégiait jusque là, de la vente directe, commercialisant entre cinq et six bovins ainsi que sept à huit veaux à l’année : «il ne faut pas chercher à aller trop vite, laisser aux animaux le temps de pousser…, j’ai toujours pensé qu’en produisant comme ça, on arrive à sortir une certaine qualité…»
Conquis par l’idée d’un magasin avec des bouchers travaillant de matière artisanale : «ce qui nous manque pour avoir un développement plus local en filière viande, ce sont des outils à taille humaine, permettant d’ouvrir des portes pour de petits débouchés. Ce n’est pas le paysan, qui peut porter le poids d’un labo de découpe, l’approvisionnement et la rémunération du boucher…»
Ils ont dit…
Agriculteur du Tonnerrois : «Je suis passé en bio en 2015 et attends toujours les aides, sans savoir si elles vont tomber un jour ! L’agriculture, c’est sur le long terme, pas au jour le jour… Nous n’avons aucune lisibilité et personne ne sait nous répondre, le problème, il est là ! Sans lisibilité économique sur l’exploitation, comment on va convaincre nos jeunes ?»
Jean Massé, Agriculteur en Puisaye : «Je me suis installé, j’avais 22 ans, on avait les mêmes problèmes que les jeunes de maintenant. Sauf qu’on s’installait en général sur une exploitation laitière et la voie était un peu tracée, avec de la lisibilité. C’était en 1978 et les gens pouvaient encore faire un choix… Mais passer en bio à l’époque, c’était plus dangereux que maintenant, car nous n’avions aucun accompagnement… La vente directe, c’est dans l’air du temps, faut le faire, même si c’est pas facile !»
Éleveur laitier bio en Puisaye : «Il n’y a pas de modélisation de l’agriculture. Il y a des fermes qui vont très bien vivre avec 200 000 litres de lait, que ce soit en conventionnel comme en bio, et d’autres qui vont «manger la grenouille», avec 2 millions de litres ! Même chose en céréales. La clé de la réussite, c’est d’avoir la passion de ce qu’on fait. Un gars qui va se lancer en bio pour seulement des raisons économiques, il va se casser la g…tout de suite ! Moi, je ne dis pas qu’un système est meilleur que l’autre, c’set avant tout un choix de vie, une passion…»
Jean-Marie Pautard, Président de la Cocebi : «ce qu’on a fait à l’époque, c’est qu’on s’est bougé les fesses ! On s’est impliqué dans le Gaby, dans les structures de Bio Bourgogne, à la Chambre d’agriculture, dans les structures économiques et on est monté pour se battre… Tous étant qu’on est, nous devons réfléchir à l’agriculture de demain. Je crois qu’on ne continuera pas à faire de la monoculture qu’elle qu’elle soit, il faudra mélanger les systèmes, imaginer des installations associatives, imaginer de reprendre le territoire…»
Jean Massé, Agriculteur en Puisaye : «Je me suis installé, j’avais 22 ans, on avait les mêmes problèmes que les jeunes de maintenant. Sauf qu’on s’installait en général sur une exploitation laitière et la voie était un peu tracée, avec de la lisibilité. C’était en 1978 et les gens pouvaient encore faire un choix… Mais passer en bio à l’époque, c’était plus dangereux que maintenant, car nous n’avions aucun accompagnement… La vente directe, c’est dans l’air du temps, faut le faire, même si c’est pas facile !»
Éleveur laitier bio en Puisaye : «Il n’y a pas de modélisation de l’agriculture. Il y a des fermes qui vont très bien vivre avec 200 000 litres de lait, que ce soit en conventionnel comme en bio, et d’autres qui vont «manger la grenouille», avec 2 millions de litres ! Même chose en céréales. La clé de la réussite, c’est d’avoir la passion de ce qu’on fait. Un gars qui va se lancer en bio pour seulement des raisons économiques, il va se casser la g…tout de suite ! Moi, je ne dis pas qu’un système est meilleur que l’autre, c’set avant tout un choix de vie, une passion…»
Jean-Marie Pautard, Président de la Cocebi : «ce qu’on a fait à l’époque, c’est qu’on s’est bougé les fesses ! On s’est impliqué dans le Gaby, dans les structures de Bio Bourgogne, à la Chambre d’agriculture, dans les structures économiques et on est monté pour se battre… Tous étant qu’on est, nous devons réfléchir à l’agriculture de demain. Je crois qu’on ne continuera pas à faire de la monoculture qu’elle qu’elle soit, il faudra mélanger les systèmes, imaginer des installations associatives, imaginer de reprendre le territoire…»