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Production ovine

En plein dans les agnelages

Le Gaec des champs fleuris enchaîne les naissances depuis plusieurs jours à Francheville.
Par Aurélien Genest
En plein dans les agnelages
Antoine Duthu, dans sa bergerie le 20 novembre.
Les agnelages vont actuellement bon train chez Gilles et Antoine Duthu, éleveurs de 280 brebis de race Ile-de-France à Francheville, près de Saint-Saint-l’Abbaye. «Les premiers agneaux sont nés le 13 novembre, les naissances devraient s’étaler jusqu’en janvier. Mais le pic des agnelages, c’est en ce moment. Nous attendons l’arrivée de près de 150 agneaux en seulement quinze jours», indique Antoine Duthu, 26 ans.

La période des agnelages est de très loin la plus intense de l’année dans cette exploitation de polyculture-élevage. «Il y a beaucoup de surveillance. Dans environ un cas sur cinq, il faut assister la naissance. Vient ensuite la tâche du biberon, on n’y échappe pas et ce, jusqu’au sevrage !», poursuit le jeune éleveur installé en 2015 en remplacement de son oncle Gaby, qui a fait valoir ses droits à la retraite la même année.

Une matinée record
Les éleveurs se relaient à tour de rôle pour surveiller leurs animaux : «par chance, les brebis ont leurs habitudes et les naissances sont assez rares la nuit. Tous les agnelages se sont réalisés de jour en 2018, nous verrons bien ce qu’il en est cette année. Nous ne sommes pas équipés d’un système de caméra qui, au prix de 8 000 euros, est bien trop cher malgré les avantages qu’il peut apporter».

Le taux de prolificité de l’élevage s’élève à 1,7 : les jumeaux sont donc relativement courants. «Nous avons aussi quelques fois des triplés et beaucoup plus exceptionnellement des quadruplés. Personnellement, cela m’est arrivé à deux reprises», mentionne l’éleveur. Le Gaec des champs fleuris a déjà enregistré la bagatelle de 17 naissances en une seule matinée : «c’est notre record à ce jour. Je m’en souviens bien : il avait fallu intervenir sur 10 brebis. À l’époque, c’était lors des agnelages du mois d’août, quand nous vendions une partie de la production à Noël. Nous utilisions des éponges pour la reproduction, les mises bas étaient davantage regroupées».

Direction Castres
L’exploitation de Francheville travaille avec Terre d’Ovin/Feder pour la commercialisation des animaux. Ces derniers prennent la direction de Castres pour être abattus, à un poids de carcasse moyen de 20 kg. Leur viande se retrouvera dans des supermarchés et dans diverses boucheries. Seule une quarantaine de jeunes femelles resteront sur la ferme pour le renouvellement du troupeau. Gilles et Antoine Duthu sont revenus, depuis cette année, dans leur objectif initial de vendre l’intégralité de leurs agneaux à Pâques : «le marché est porteur à cette période, c’est le meilleur moment de l’année avec Noël. L’idée est de vendre les animaux dans les quinze jours qui précèdent cette fête, quand les prix sont au plus haut. L’année dernière, le kilogramme de carcasse était à 6,90 euros. Faire de l’agneau pour Noël apparaissant attrayant d’un point de vue financier, car nous sommes en Label rouge et la prime de Noël est plus attractive que celle de Pâques. Mais les contraintes sont trop nombreuses en agnelages d’été : les bêtes ne sentent pas très bien en bergerie, la production de lait en pâtit et cela se ressent chez les agneaux. Certains ne sont même pas prêts pour Noël. L’utilisation d’éponges pour provoquer les chaleurs représente une charge supplémentaire et elles n’apportent pas de garanties. Les frais alimentaires sont aussi plus importants en période estivale».

Semis terminés

Les agnelages interviennent quelques jours seulement après la fin des semis. Pour la première fois, aucun hectare de colza n’a été semé au Gaec des champs fleuris. «Avec 9 q/ha, la récolte de 2018 avait été catastrophique», relève Antoine Duthu, «les levées avaient pourtant été réussies. Ce sont les grosses altises, en sortie d’hiver, qui ont fait des dégâts. Nous n’avons pas repris le risque cette année. Nous avons remplacé le colza par de la luzerne que nous tenterons de vendre car nous sommes autosuffisants, il y a aussi du tournesol, qui fait son retour sur l’exploitation. L’orge et le blé ont été semés durant la deuxième quinzaine d’octobre. Cela a un peu traîné avec les pluies mais ce n’était pas plus mal : nous voulions décaler nos dates de semis par rapport à la problématique désherbage. Les cultures sont plutôt jolies pour l’instant».