Elvéa 71-58 est une association d’éleveurs qui se porte bien
Alors qu’elle s’apprête à changer de président, Elvéa 71-58 se porte bien et gagne même des adhérents. C’est le signe que les adeptes du commerce privé sont toujours aussi nombreux et que l’association leur apporte tout ce dont ils ont besoin.
L’assemblée générale d’Elvéa 71-58 a eu lieu le 12 septembre dernier à Chalmoux. Pour sa dernière assemblée générale clôturant vingt ans de présidence, Jean-Michel Morel avait choisi sa commune pour accueillir l’évènement. Outre les adhérents de l’association, de nombreux anciens responsables et représentants nationaux étaient présents pour rendre hommage au président d’Elvéa 71-58 (lire encadré).
Mais avant cela, la partie statutaire a dévoilé les chiffres d’une association d’éleveurs qui se porte bien. Dans un contexte de baisse de production, Elvéa 71-58 progresse de 50 exploitations adhérentes en 2025 ce qui porte son effectif à 460 exploitations et marque la troisième année de hausse consécutive. Le cheptel augmente aussi pour atteindre 42 722 vaches. Cela représente une production de 56 000 animaux commercialisés auprès de 49 négociants.
Des services et des filières
Le succès d’Elvéa 71-58 doit beaucoup à sa carte de services que déploie une équipe efficace de seulement deux techniciennes et un technicien aidés d’une assistante : dossier PAC, cahier d’épandage, demande de remboursement partiel de la taxe TIC, demande d’autorisation d’exploiter, flashs infos, cotations… Avec son Plan Sanitaire d’Elevage, Elvéa 71-58 met à la disposition de ses adhérents un vétérinaire conseil pour la délivrance de vaccins, antiparasitaires, minéraux, oligo-éléments. L’association réalise les audits bien-être animal Boviwell ainsi que les bilans carbone CAP2ER… Elle dispose de son propre logiciel de gestion du troupeau ORIBASE, outil que la Saône-et-Loire gère avec brio pour toute la France, soulignait le président national Philippe Auger.
Elvéa 71-58 réalise des dossiers dans le cadre du plan d’aide à l’engraissement de la Région Bourgogne Franche-Comté. Dix dossiers ont été déposés fin 2024 et 18 autres ont été instruits en 2025.
Les filières qualitatives (label rouge Charolais Terroir, AOP Bœuf de Charolles, IGP Charolais de Bourgogne, Eleveurs près de chez nous/SVA Jean Rosé, broutards d’excellence B2E) sont un peu la raison d’être d’Elvéa. Des filières malmenées par la hausse des prix de la viande ordinaire, mais qu’il ne faut surtout pas abandonner, prévenaient de concert Jean-Michel Morel et Philippe Auger.
Nouveau départ pour Charolais de Bourgogne
Le président d’Elvéa 71-58 s’est attardé quelque peu sur Charolais de Bourgogne qui se trouve dans une situation très difficile en ce moment. Impliqué dans cette démarche depuis le tout début – sous l’impulsion de la section bovine de la FDSEA rappelait-il, Jean-Michel Morel n’a pas voulu se résoudre à l’éventualité de mettre l’IGP en sommeil comme il s’en est manqué de peu au printemps. Il fait partie de ceux qui ont voulu faire « repartir le signe de qualité du bon pied » et promet de continuer de suivre ce dossier après avoir quitté la présidence. Une détermination qui s’appuie sur les volumes de Charolais de Bourgogne réalisés au sein d’Elvéa par deux chevillards de l’abattoir d’Autun qui fournissent la restauration collective.
Dans leur rapport d’activité, les techniciens d’Elvéa ont présenté des cours qui pour la première fois sont devenus supérieurs aux prix de revient en 2025. Une embellie des prix des animaux inespérée mais qui malheureusement n’empêche pas la décapitalisation. Ainsi, la Saône-et-Loire vient-elle de perdre 9 600 naissances en un an et c’est 57 000 naissances qui ont été perdues en 25 ans, tendance similaire dans la Nièvre.
« Ce n’est pas faute de les avoir prévenus ! »
Revenant sur la hausse des tarifs des animaux, Jean-Michel Morel s’en félicitait observant que cela redonne le moral aux éleveurs. Le président d’Elvéa se souvenait aussi de tous ceux qui avaient prédit qu’une hausse des cours serait impossible : « ils se sont trompés ! », taclait-il. Malheureusement, cette revalorisation arrive un peu tard et aujourd’hui sévit la décapitalisation, entraînant restructuration du négoce et surcapacité des abattoirs, regrettait le président. « Ce n’est pas faute de les avoir prévenus », taclait à nouveau Jean-Michel Morel qui évoquait les débats de l’assemblée générale d’Elvéa France une semaine plus tôt à Paray-le-Monial (lire Exploitant Agricole du 4 septembre). Toutes les familles de la filière s’y sont en effet inquiétées de la baisse de la production et de l’enjeu du renouvellement des générations. « L’installation ne se fera que si on peut démontrer aux jeunes que la rentabilité est au rendez-vous », rapportait Philippe Auger. « Et pour cela, il y a besoin que des opérateurs de la filière s’investissent… », poursuivait-il. Jean-Michel Morel s’inquiétait aussi du Mercosur – pour lequel le président de la République est en train de trahir la profession, observait le président de la FDSEA Christian Bajard. Dans « un monde qui tourne à l’envers, nos organisations de producteurs non commerciales sont une forme moderne d’organisation », concluait Jean-Michel Morel qui ajoutait que « la contractualisation reviendra dans le débat tellement les éleveurs ont besoin de garanties ».
« Nous avons eu la chance de t’avoir » : le chaleureux hommage à Jean-Michel Morel
Une fois la partie statutaire close, l’assemblée générale d’Elvéa 71-58 s’est prolongée tard dans la nuit pour un hommage chaleureux au président sortant Jean-Michel Morel. Avec toute la modestie et la retenue qu’on lui connaît, le président a tenu à remercier les éleveurs dont il s’est efforcé d’être le porte-voix durant ces vingt années de mandat. Il a surtout livré un plaidoyer pour l’engagement collectif, convaincu « qu’à partir du moment où cela vient du cœur, on l’emporte toujours ». Et Jean-Michel Morel d’ajouter une citation : « la meilleure façon de prédire l’avenir, c’est de le construire ». Pour ce moment particulier, le président d’Elvéa avait fait venir plusieurs responsables actuels et anciens, eux-mêmes éleveurs, qu’il a côtoyés et qui ont compté au sein de son engagement à Elvéa. L’aîné d’entre eux était évidemment Gilles Muckensturm, ancien président et fondateur historique de l’ADEPV 71 future Elvéa 71. Des camarades membres du bureau d’Elvea France, dont faisait partie Jean-Michel, ont rappelé tous les combats qu’ils ont menés ensemble au national face au négoce, aux Italiens, aux opérateurs de la filière… Ils ont évoqué les lourds dossiers qu’ont été la création de l’AOP (association d’organisations de producteurs), la loi Egalim, les aides régionales… « Jean-Michel est l’un de ceux avec qui on s’appelle le plus », confiait le haut-saônois Philippe Auger. Lui qui avait fait la connaissance du saône-et-loirien à l’occasion du congrès national à Bourbon-Lancy il y a une vingtaine d’années, Philippe Auger a très vite trouvé en Jean-Michel un soutien précieux au national. « Je lui ai souvent demandé conseil. Il a un vrai talent à ramener les débats vers l’apaisement, un art pour porter les sujets, amener des arguments. C’est un grand défenseur des intérêts des éleveurs », rendait hommage Philippe Auger qui ajoutait aussi l’appartenance syndicale assumée de Jean-Michel Morel. Issu de la section bovine de la FDSEA, le président d’Elvéa 71-58 n’a jamais caché ses convictions. Et face au commerce et à la filière, « il a su tenir des discours pas faciles, en particulier pour les Egalim », faisait valoir le président d’Elvea France. Qualifié par ses pairs « d’homme sage, toujours partant pour aller de l’avant », Jean-Michel Morel était unanimement remercié pour « son efficacité, sa détermination » et son attitude « toujours droit dans ses bottes. Nous avons eu la chance de t’avoir », résumait au nom des commerçants Robert Corneloup.