Visite du préfet
échanges virils mais courtois
Répondant à l’invitation de la FDSEA de l’Yonne et de son président, Francis Letellier, le Préfet Moraud s’est rendu sur l’exploitation de Guy Martin, maraîcher à Charbuy. Un après-midi d’échanges francs mais courtois sur les sujets d’actualité impactant les exploitations icaunaises.
Maraîcher à Charbuy sur près de 10 ha depuis 1989, Guy Martin exploite également 62 ha en grandes cultures. Des fumures réalisées sous forme organique, des engrais foliaires à base de plantes, des insecticides remplacés par l’usage d’insectes…, autant d’atouts pour une production légumière vendue uniquement en vente directe sur l’exploitation, les marchés, magasins locaux et via le Drive Fermier. Après une rapide visite de l’exploitation, en présence notamment des responsables de la FDSEA de l’Yonne et d’un grand nombre d’agriculteurs, le préfet Jean-Christophe Moraud s’est prêté à un échange sur nombre de sujets d’actualité impactant directement ou indirectement les exploitations de l’Yonne.
A commencer par celui de l’emploi et des difficultés à recruter. Un sujet que connaît bien Guy Martin : «le métier est réputé être pénible et aujourd’hui, les jeunes ne sont même plus formés au maraîchage. Dans l’Yonne, c’est fini et à Quetigny, cela le sera bientôt…» Parmi les demandes exprimées au préfet, celle de poursuivre le travail mené depuis plusieurs années en synergie avec les services de l’Etat, pour promouvoir les métiers de l’agriculture et les faire reconnaître comme un véritable débouché professionnel dans l’Yonne. Dans le viseur de l’organisation syndicale, le compte pénibilité, avec le souhait d’une approche forfaitaire négociée pour chaque poste à l’échelon régional, comme l’a rappelé le président Letellier : «il faut mener un véritable travail de simplification quant à la responsabilité de l’employeur, afin de ne pas connaître le même scénario qu’avec l’amiante il y a 20 ans…» Sur le même sujet, cette remarque d’Eric Saison, éleveur porcin : «peut-être n’avons-nous pas encore trouvé le bon compromis entre la flexibilité dont on a besoin sur les exploitations du fait de revenus aléatoires et le fait que le salarié n’aspire qu’à trouver un CDI…» Quant au développement économique des exploitations, fait remarquer Francis Letellier : «il nous faut un cadre stable dans la durée. On ne peut pas changer les règles au bout de 2 ans et obliger à investir, sous prétexte que les précédentes sont caduques ! Surtout quand on investit dans de l’improductif…»
«Donnez-nous du temps… !»
Autre sujet sensible : les Bassins d’Alimentation de Captage. Si la profession est sensible au fait que l’enjeu de l’eau est incontournable dans notre département, tête de bassin aux sous-sols fragiles, pas question pour autant de nier la nécessité de conserver une viabilité économique sur les exploitations, comme le souligne Gilles Robillard, installé en polyculture élevage à Méré : «les efforts entrepris et la volonté d’aller dans le bon sens sont réels chez les agriculteurs, mais il vous faut bien prendre conscience que la nature ne répond pas dans l’instant et que nos changements de pratique n’auront une influence que dans les 10 ou 15 ans à venir. Donnez nous du temps… !»
L’Yonne un département de polyculture élevage, mais pour combien de temps encore ? Pour le président de la FDSEA 89, le compte n’y est pas : «la nouvelle PAC devait être une revalorisation pour les éleveurs, mais les aides annoncées sont annulées par les charges supplémentaires que les exploitants vont avoir à gérer, avec entre autres, l’extension des zones vulnérables et la mise aux normes des bâtiments d’élevage…» Réclamant un peu plus de souplesse sur la gestion des prairies pour mieux travailler l’autonomie de l’élevage et dénonçant au passage une «sanctuarisation des haies», risquant fort de pousser les agriculteurs à arracher toute végétation susceptible d’en créer une nouvelle, de peur de ne pouvoir s’en débarrasser. La disparition de l’élevage laitier est un fait, comme l’a rappelé Nadine Darlot, vice-présidente de la FDSEA 89 : «en 10 ans, nous sommes passés dans l’Yonne, de 1200 éleveurs à moins de 300 ! Pénalisés par la PAC, par la Directive Nitrates, les modalités sont telles, qu’elles vont finir par tuer l’élevage dans tout le département. D’autant que le prix du lait a chuté de 20 % en un an. La seule adaptation possible pour les exploitations ? L’arrêt… !»
Si les réponses apportées aux multiples interrogations de la profession ne semblent pas avoir toujours trouvé un écho favorable auprès des agriculteurs présents, Francis Letellier se disait néanmoins relativement satisfait à l’issue de la rencontre, «l’important était de repartir sur un climat de discussion franche mais respectueuse. Nous autres syndicalistes, sommes peut-être durs parfois, mais cela ne nous empêche pas d’être respectueux…»
A commencer par celui de l’emploi et des difficultés à recruter. Un sujet que connaît bien Guy Martin : «le métier est réputé être pénible et aujourd’hui, les jeunes ne sont même plus formés au maraîchage. Dans l’Yonne, c’est fini et à Quetigny, cela le sera bientôt…» Parmi les demandes exprimées au préfet, celle de poursuivre le travail mené depuis plusieurs années en synergie avec les services de l’Etat, pour promouvoir les métiers de l’agriculture et les faire reconnaître comme un véritable débouché professionnel dans l’Yonne. Dans le viseur de l’organisation syndicale, le compte pénibilité, avec le souhait d’une approche forfaitaire négociée pour chaque poste à l’échelon régional, comme l’a rappelé le président Letellier : «il faut mener un véritable travail de simplification quant à la responsabilité de l’employeur, afin de ne pas connaître le même scénario qu’avec l’amiante il y a 20 ans…» Sur le même sujet, cette remarque d’Eric Saison, éleveur porcin : «peut-être n’avons-nous pas encore trouvé le bon compromis entre la flexibilité dont on a besoin sur les exploitations du fait de revenus aléatoires et le fait que le salarié n’aspire qu’à trouver un CDI…» Quant au développement économique des exploitations, fait remarquer Francis Letellier : «il nous faut un cadre stable dans la durée. On ne peut pas changer les règles au bout de 2 ans et obliger à investir, sous prétexte que les précédentes sont caduques ! Surtout quand on investit dans de l’improductif…»
«Donnez-nous du temps… !»
Autre sujet sensible : les Bassins d’Alimentation de Captage. Si la profession est sensible au fait que l’enjeu de l’eau est incontournable dans notre département, tête de bassin aux sous-sols fragiles, pas question pour autant de nier la nécessité de conserver une viabilité économique sur les exploitations, comme le souligne Gilles Robillard, installé en polyculture élevage à Méré : «les efforts entrepris et la volonté d’aller dans le bon sens sont réels chez les agriculteurs, mais il vous faut bien prendre conscience que la nature ne répond pas dans l’instant et que nos changements de pratique n’auront une influence que dans les 10 ou 15 ans à venir. Donnez nous du temps… !»
L’Yonne un département de polyculture élevage, mais pour combien de temps encore ? Pour le président de la FDSEA 89, le compte n’y est pas : «la nouvelle PAC devait être une revalorisation pour les éleveurs, mais les aides annoncées sont annulées par les charges supplémentaires que les exploitants vont avoir à gérer, avec entre autres, l’extension des zones vulnérables et la mise aux normes des bâtiments d’élevage…» Réclamant un peu plus de souplesse sur la gestion des prairies pour mieux travailler l’autonomie de l’élevage et dénonçant au passage une «sanctuarisation des haies», risquant fort de pousser les agriculteurs à arracher toute végétation susceptible d’en créer une nouvelle, de peur de ne pouvoir s’en débarrasser. La disparition de l’élevage laitier est un fait, comme l’a rappelé Nadine Darlot, vice-présidente de la FDSEA 89 : «en 10 ans, nous sommes passés dans l’Yonne, de 1200 éleveurs à moins de 300 ! Pénalisés par la PAC, par la Directive Nitrates, les modalités sont telles, qu’elles vont finir par tuer l’élevage dans tout le département. D’autant que le prix du lait a chuté de 20 % en un an. La seule adaptation possible pour les exploitations ? L’arrêt… !»
Si les réponses apportées aux multiples interrogations de la profession ne semblent pas avoir toujours trouvé un écho favorable auprès des agriculteurs présents, Francis Letellier se disait néanmoins relativement satisfait à l’issue de la rencontre, «l’important était de repartir sur un climat de discussion franche mais respectueuse. Nous autres syndicalistes, sommes peut-être durs parfois, mais cela ne nous empêche pas d’être respectueux…»
«C’était tonique !»
- TDB : Les propos échangés cet après-midi ont pu sembler à certains moments «difficiles», voire tendus…
Préfet Moraud : «Non, c’était tonique ! Parce que je suis là aussi, pour restituer les enjeux et ne manque jamais de le faire. L’agriculture est tout de même un secteur économique bénéficiaire, sur le plan budgétaire, d’une véritable politique publique, qui se traduit par des transferts financiers de l’UE vers la France et le monde agricole, de 9,1 Milliards €. C’est un chiffre qui n’était pas espéré, ne serait-ce qu’il y a 2 ou 3 ans…»
- Les règles de la nouvelle Pac ne trouvent pas toutes l’adhésion, d’autant que certaines ne sont même pas encore connues…
«Nous sortons d’une négociation complexe, mais il ne faut pas que le mode agricole oublie que nous avons au final une bonne Pac, mais c’est vrai, au prix d’une certaine complexification des dispositifs, je ne peux pas le nier. Alors que les règles de la Pac ne sont pas toutes stabilisées ni fixées, il y a, c’est vrai, une complexification sur fonds d’incertitude, qui peut sembler contradictoire, avec la politique de simplification administrative menée par le Gouvernement auprès des entreprises. Et les exploitations agricoles sont des entreprises…»
- Un mot sur ce Club Pac évoqué dans vos propos…
«Nous allons essayer de mettre en place un point de rencontre mensuel pour, avec la profession, la Chambre d’agriculture,et les syndicats, évoquer les avancées, les dernières décisions, les délibérations de la Région, faire remonter les difficultés, les questions, les ajustements…, Une manière de faire le point et de dire où on en est et de fixer une ligne de conduite… »
- Les contrôles pédagogiques sur exploitation prévus prochainement, ne seront pas ouverts à la presse…
«Oui, y compris pour la presse spécialisée et pour une raison très simple : je souhaite que s’instaure un dialogue le plus direct et le plus franc possible entre les corps de contrôle et ceux qui potentiellement sont les futurs contrôlés.
Qu’ils s’expliquent, y compris au travers d’une certaine empathie les uns avec les autres et je pense que dans ce type de discussion à vocation préventive et pédagogique, il est préférable qu’il n’y ait pas de tierce personne…»
Préfet Moraud : «Non, c’était tonique ! Parce que je suis là aussi, pour restituer les enjeux et ne manque jamais de le faire. L’agriculture est tout de même un secteur économique bénéficiaire, sur le plan budgétaire, d’une véritable politique publique, qui se traduit par des transferts financiers de l’UE vers la France et le monde agricole, de 9,1 Milliards €. C’est un chiffre qui n’était pas espéré, ne serait-ce qu’il y a 2 ou 3 ans…»
- Les règles de la nouvelle Pac ne trouvent pas toutes l’adhésion, d’autant que certaines ne sont même pas encore connues…
«Nous sortons d’une négociation complexe, mais il ne faut pas que le mode agricole oublie que nous avons au final une bonne Pac, mais c’est vrai, au prix d’une certaine complexification des dispositifs, je ne peux pas le nier. Alors que les règles de la Pac ne sont pas toutes stabilisées ni fixées, il y a, c’est vrai, une complexification sur fonds d’incertitude, qui peut sembler contradictoire, avec la politique de simplification administrative menée par le Gouvernement auprès des entreprises. Et les exploitations agricoles sont des entreprises…»
- Un mot sur ce Club Pac évoqué dans vos propos…
«Nous allons essayer de mettre en place un point de rencontre mensuel pour, avec la profession, la Chambre d’agriculture,et les syndicats, évoquer les avancées, les dernières décisions, les délibérations de la Région, faire remonter les difficultés, les questions, les ajustements…, Une manière de faire le point et de dire où on en est et de fixer une ligne de conduite… »
- Les contrôles pédagogiques sur exploitation prévus prochainement, ne seront pas ouverts à la presse…
«Oui, y compris pour la presse spécialisée et pour une raison très simple : je souhaite que s’instaure un dialogue le plus direct et le plus franc possible entre les corps de contrôle et ceux qui potentiellement sont les futurs contrôlés.
Qu’ils s’expliquent, y compris au travers d’une certaine empathie les uns avec les autres et je pense que dans ce type de discussion à vocation préventive et pédagogique, il est préférable qu’il n’y ait pas de tierce personne…»