Du plomb dans l'aile
La loi Duplomb est arrivée à bon port mais non sans mal et avec quelques plumes en moins… Le président de la FDSEA analyse la situation.

« Même avec des règles démocratiques et le vote des députés, dans le monde d'aujourd’hui, une loi peut être foutue en l'air ou démontée par une pétition urbaine. C'est quand même incroyable ! ». Antoine Carré ne digère pas la non-réintroduction de l'acétamipride, alors que toute l'Europe l'utilise, y compris les particuliers français. Pour le président de la FDSEA de Côte-d'Or, « il n'y a aucun gouvernement dans ce pays » : « il n'a pas de pouvoir, il ne sert à rien, nous le voyons bien ici. Cette fameuse pétition signée par des extrémistes militants et des personnes qui n'y connaissent rien a pris le dessus ! Derrière ça, neuf personnes au conseil constitutionnel ne veulent pas faire de vague et balayent d'un revers de main cette loi ! ». L'acétamipride, appliquée sur des noisettes et des betteraves, n'est pas utilisée dans le département. Et pourtant, ce sujet tenait beaucoup à cœur au représentant du syndicat côte-d'orien : « en effet, c'était plus que symbolique pour nous. Si nous n'arrivons pas à réautoriser l'acétamipride alors qu'elle est autorisée partout ailleurs, je me dis que c'est perdu d'avance pour les autres molécules. De toute façon, maintenant, pour savoir si une molécule est dangereuse ou non, il s'agit de la médiatiser et de faire une polémique dessus. Toute la France est gouvernée ainsi, c'est regrettable… Cette situation est usante. Nous subissons déjà les contraintes d'interdiction sans solution, nous subissons aussi les transpositions de normes à la française et c'est à nous, agriculteurs, d'expliquer la bêtise de notre pays ! ».
Des actions en perspective
Antoine Carré ne s'arrête plus : « le ras-le-bol est général, plein de collègues m'appellent et m'en font part. Nous avons l'impression d'être toujours pointés du doigt, d'être toujours les méchants, les pollueurs… Il est vraiment pénible de devoir se justifier en permanence ». Dans une telle atmosphère, difficile de tirer du positif de cette loi Duplomb : « rappelez-moi dans quelques jours, peut-être que j'en verrai… En théorie, cette loi apportera de gros avantages pour certains éleveurs, avec une augmentation des seuils ICPE et de la simplification pour le montage de ces projets. Sur l'eau, il est censé y avoir des avancées, mais je me réserve un droit de vigilance quand je vois la tournure des événements. Quand j'étudie les dossiers en profondeur, j'ai l'impression que nous avons le droit de faire une réserve hydrique là où il n'y a pas d'eau. J'espère me tromper. Et même si nous y arrivons, rien ne dit qu'il n'y aura pas une pétition qui s'opposera à une réserve ou à un étang… ». Antoine Carré en veut également beaucoup aux médias : « les journalistes ont une grande part de responsabilité dans tout ça. Cette pétition, si elle a si bien marché, c'est aussi à cause d'eux. Entre tous les problèmes sanitaires de l'élevage et les cours catastrophiques des céréales, nous n'avions vraiment pas besoin de ça. On continue à nous faire chier, on marche sur la tête encore bien plus qu'il y a deux ans, il est temps de montrer les dents. L'A6 va y avoir droit, nous allons la bloquer une semaine quand nous aurons le temps ! ».