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Contexte économique

«Du jamais vu»

Le président de la commission «productions végétales» de la FDSEA dresse un difficile constat des trois premiers mois de l’année.
Par Aurélien Genest
«Du jamais vu»
Jacques de Loisy espère du changement pour 2017, lors du bilan à mi-parcours de la Pac. Le Côte d’orien confie «ne jamais avoir connu une telle accumulation de mauvais résultats économiques et de contraintes techniques en grandes cultures».
Début d’année très compliqué pour les Scopeurs. «A peu près la moitié des exploitations commencent 2016 en négatif. Pour certaines, c’est la troisième année consécutive que ça dure» déplore Jacques de Loisy. Le président de commission «productions végétales» de la FDSEA s’inquiète d’autant plus que les prix du blé n’arrêtent pas de chuter : «ils arrivent à 115-120 €/t, on est très loin aujourd’hui du coût de production à 170-180 €/t, la situation économique ne cesse de se dégrader». Présent au salon de l’agriculture, Jacques de Loisy n’a pas manqué d’interpeller Marie-Guite Dufay, la nouvelle présidente de Bourgogne-Franche Comté : «je lui ai expliqué la situation. C’est du jamais vu, tous les voyants sont au rouge et tous les secteurs de production sont en crise. Il y a certes des facteurs conjoncturels internationaux avec une économie mondiale qui s’essouffle et de bonnes récoltes qui tassent les prix, mais il y a aussi et surtout des facteurs locaux».

De moindres soutiens
Le président de la commission «productions végétales» de la FDSEA évoque la dernière reforme de la Pac : «nous avons un accompagnement nettement inférieur aux autres régions, à peine 200€/ha. Il y a pourtant 9 milliards d’euros d’aides européennes qui tombent tous les ans en France : si l’on divise par 26 millions d’hectares primables, cela fait 350€/ha. Nous sommes donc entre 30 à 40% en dessous de la moyenne nationale, toutes aides confondues. Cela explique les difficultés rencontrées dans nos régions». Pour Jacques de Loisy, Marie-Guite Dufay et les politiques locaux «doivent porter ce dossier à Paris»«la réforme à mi-parcours de la Pac est prévue pour 2017. La clause de revoyure peut être une opportunité de rééquilibrer une situation inéquitable et inexplicable. Pourquoi traite t-on différemment les producteurs ? Nous avons démontré, suite au travail de l’AGPB, que les zones à très faibles potentiels étaient caractérisées géographiquement, économiquement et techni-quement. Dans ces zones, l’accompagnement européen est inférieur à la moyenne nationale, à cause de décisions franco-francaises. Cela vient s’ajouter à des situations pédo-climatiques compliquées pour les zones concernées».

Une MAE pour le plus grand nombre
Jacques de Loisy évoque ensuite la redéfinition des zones défavorisées et de l’ICHN prévue l’an prochain: «près de 2,5 millions d’hectares seront redessinés. On ne comprendrait vraiment pas que la Bourgogne-Franche Comté et ses zones à faibles potentiels en soient exclues. Nous maintenons l’attention des autorités en place sur cette problématique». Les revendications du Côte d’orien ne s’arrêtent pas en si bon chemin : sur les dernières mesures de crise au niveau national, Jacques de Loisy déplore «le moindre retour concret» pour les productions végétales : «nous sommes toujours dans l’attente d’applications réelles et sérieuses pour que ces mesures soient appliquées et applicables aux exploitations de grandes cultures. Nous voulons de réelles retombées économiques et des assouplissements financiers dignes de ce nom. Ensuite, nous ne désespérons pas voir le ministre sortir de son sectarisme : qu’il débloque une fois pour toute la MAE «zone intermédiaire» pour qu’elle soit ouverte à un maximum de producteurs ! Le cahier des charges doit être acceptable, avec des financements en conséquence».

«Incompétence» de l’État
Pour Jacques de Loisy, l’État «marche tout simplement à l’envers». Le Côte d’orien cite plusieurs exemples : «l’État n’a toujours pas soldé le dossier DPU 2015, cela nous semble ahurissant dans cette période de grandes difficultés. L’État démontre là son incompétence. Autre exemple : à un moment où la dématérialisation est prônée dans tous les domaines, on nous demande de rectifier les SNA à l’écrit, je n’y comprend plus rien». Le président de la commission «productions végétales» regrette également l’appel de l’État sur le dossier du zonage de 2012 sur le bassin RMC relatif à l’application du 5ème programme d’actions directive nitrates : «nous venons d’être informés de cet appel. Une fois de plus, cela va à l’encontre des propos tenus par le premier Ministre, qui affichaient pourtant l’arrêt de normes supplémentaires. Nous ne comprenons pas que l’État gaspille l’argent du contribuable pour aller en appel. Il existe d’autres solutions, comme la mise en place de la mesure Azur, proposée par Arvalis, qui est basée sur une gestion optimale de la fertilisation et qui fonctionne parfaitement bien dans le département de l’Aisne, notamment».