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Maîtrise des coûts de production

Dijon Céréales avance des solutions

La huitième édition de la conférence du Club des Marchés Dijon Céréales, à laquelle plus de 300 adhérents ont assisté, revêtait cette année une tonalité particulière, en lien avec la moisson catastrophique de 2016 et l’impérative recherche de compétitivité des exploitations pour laquelle la coopérative apporte des solutions.
Par Communiqué
Dijon Céréales avance des solutions
«Nous sommes en mode commando, toutes nos équipes sont au service de nos adhérents et de l’avenir de leurs exploitations». Marc Patriat, le président de Dijon Céréales, a résumé d’entrée l’état d’esprit qui guide la coopérative depuis cette sinistre moisson 2016. Dans les faits, c’est une accélération car les plans «Compétitivité 2015» et «Engagement Partenaires», portés depuis trois ans par Dijon Céréales, avaient déjà redéfini les ambitions de la coop et de ses adhérents autour d’une nécessaire recherche de performance économique (coop - exploitations) et d’une optimisation de la production, en rendement et en qualité. La récolte 2016, qui suit des moissons déjà difficiles en Bourgogne Franche-Comté (sécheresse de 2011, gel de 2012, blés germés de 2014) a accéléré la réflexion de Dijon Céréales dont le secteur compte des terres majoritairement à faible potentiel. Laurent Vittoz, directeur général de l’union Cérévia, a fait le point de la qualité de la récolte française. Au-delà du rendement (moins de 5 t/ha en moyenne pour les blés en Côte-d’Or), il a mis en avant la faiblesse des PS (70,5 kg / hl en moyenne départementale) et les difficultés que cela engendre dans les relations commerciales avec les clients. «Comme en 2014 avec les blés germés, même si le travail de sélection des grains dans les coopératives a été excellent, Cérévia doit réorienter une partie de ses flux pour capter de nouveaux marchés. Les fondamentaux de notre union, sa souplesse logistique, permettent de s’adapter même si cela a un coût». Gérard Million, ancien directeur scientifique de Dijon Céréales, a justement décrit l’impact de ces faibles PS dans le process meunier, qui, avec des taux d’extraction moindres (petites amandes) entraînent des surcoûts de production. Les protéines sont heureusement au rendez-vous.

Le Maghreb veut de la qualité
Le responsable du bureau de France Export Céréales à Casablanca, Yann Lebeau, s’est interrogé sur la capacité de la France à maintenir son positionnement sur les marchés du bassin méditerranéen essentiel pour elle (plus de 60% de nos blés exportés hors UE). «Nous sommes des fournisseurs historiques du Maghreb, mais nos clients peuvent changer de fournisseurs comme en 2014-2015». Les disponibilités à l’export de la France ont été presque divisées par trois suite à la moisson 2016, avec parallèlement des challengers des Pays de l’Est de plus en plus compétitifs. «Pour garder nos marchés, il est impératif d’avoir un blé tendre de qualité avec notamment un niveau minimum de protéines à 11,5%, de la force boulangère et du poids spécifique, mais aussi répondre à des critères spécifiques comme l’humidité en Egypte» a-t-il estimé. La demande en blé ne devrait pas faiblir sur ces marchés, en lien avec une consommation qui progresse, «mais attention, a lancé Yann Lebeau, nous ne sommes pas les seuls sur les marchés et d’autres origines améliorent la qualité de leur offre».

Des exploitations en situation délicate
François Massuard, chargé d’études au CER France Bourgogne Franche-Comté est passé au volet économique. «Avec des produits historiquement bas et des charges qui baissent lentement, les résultats courants/ha des exploitations plateaux et plaine sont particulièrement dégradés depuis 2013, avec même un résultat prévisionnel moyen négatif, à -230 euros/ha, pour la campagne en cours» a précisé l’expert. Pour lui, la piste du produit doit être autant visée que celle de l’efficience des charges. Face à cette situation, même si la réflexion est engagée de longue date, Dijon Céréales veut apporter des solutions conjoncturelles et structurelles. «Dans un contexte multifactoriel très négatif - climat, baisse des matières premières, mauvais rendements, réglementation contraignante, recul des aides Pac - nous devons nous inscrire dans une démarche générale de maîtrise et d’optimisation des coûts de production. La technicité et la productivité sont plus que jamais au cœur de l’acte de production», a résumé Frédéric Imbert, responsable scientifique de Dijon Céréales et pilote de Damier Vert.

L’agronomie d’abord
«L’agronomie d’abord!» a enchaîné Mickaël Mimeau, responsable agronomique de Dijon Céréales. «Il nous faut activer tous les leviers comme la date et les densités de semis, les rotations, variétés, travaux du sol-, et surtout adapter très finement les conduites aux parcelles. Optimiser ne veut pas dire forcément minimiser, attention aux fausses économies». Christian Loyal, responsable des approvisionnements Grandes Cultures, a rappelé un élément positif pour 2017 avec une baisse significative des engrais. «Plus que jamais, il faut produire plus et mieux, valoriser nos productions en optimisant les charges mais aussi en augmentant l’efficience des intrants, d’un point de vue technique, économique et agroenvironnemental», a estimé plus tard Pascal Demay, le directeur Terrain et Céréales. «Sans évènement climatique majeur d’ici la moisson 2017, avec la lourdeur des stocks mondiaux de blé, de maïs et de soja, l’hypothèse d’un prix du blé à 140 euros/tonne en 2017 n’est pas à écarter. Il vaut mieux se mettre dans cette éventualité».

Des DPB plus hauts pour la zone à faible potentiel
Sur un plan plus politique, Dominique Chambrette, vice-président de l’AGPB, a rappelé la démarche régionale, engageant le syndicalisme et les acteurs de la filière, pour faire reconnaître le déficit de potentiel de la région Bourgogne Franche-Comté et obtenir, dans le cadre de la nouvelle Pac, une augmentation des Droits à Paiement de Base (DPB). Pascal Demay est allé dans son sens en évoquant aussi la nécessité de revoir la fiscalité agricole. Le directeur général de Dijon Céréales, Pierre Guez, dans la conclusion générale de la journée, a lui clairement annoncé que la coopérative et ses adhérents sont à la croisée des chemins. «Dans un monde qui change, Il faut innover, savoir changer de modèle. Et faire avancer la construction coopérative régionale qui nous donnerait de nouvelles bases».

Club des marchés, toujours plus de services !

Victor Moulins et Romain Guéritaine, les deux animateurs de la cellule marchés de Dijon Céréales, ont présenté les nouveautés du Club des Marchés de la coopérative pour cette campagne 2016-2017. «Plus de numérique et plus d’accompagnement personnalisé», ont-ils résumé. Ainsi seront lancés un fil twitter, des points de marché disponibles sur l’extranet Indice, un système de crop tour avec photos à l’appui en ligne sur les principales régions de production française. Un jeu réaliste de ferme fictive se met en place constituant un nouveau support de formation. «Nous allons également, en plus de points sur les marchés céréaliers, traiter du marché connexe des engrais, cela rentre dans la logique de construction du prix», précise Romain Guéritaine. Les deux animateurs vont également accentuer l’accompagnement personnalisé en culture, «avec des conseils sur la stratégie de commercialisation, les books d’options et leur utilisation, où encore des points de marchés dédiés à l’exploitation», précise Victor Moulins. Deux offres commerciales nouvelles (Prix max et prix mini marchés) vont être lancées. «Nous sommes acteurs des marchés de papier, mais nous sommes aussi en lien permanent avec le marché physique, la réalité des silos ! C’est une valeur ajoutée que nous souhaitons apporter à nos adhérents membres du Club», conclut Romain Guéritaine.