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En chiffres

Des traditions bouleversées

«Tu fais des vaches ou des céréales ?» : cette question ne suffit plus pour faire connaissance avec un agriculteur. Les statistiques enregistrées par la Chambre d’agriculture de Côte d’Or montrent un élargissement du panel de productions choisies par les nouveaux installés, avec des projets parfois innovants.
Par Ma signature
Des traditions bouleversées
Les volailles ont permis à cinq exploitants de s’installer l’an passé. Il s’agit de la production la mieux représentée.
Près d’un tiers des 62 dossiers validés l’an passé par la Commission départementale d’orientation de l’agriculture (CDOA) concerne la diversification et les petites productions. Ces 21 exploitants ont choisi les caprins pour quatre d’entre eux, le maraîchage (1), les volailles et les oeufs (5), les équins (4), les plantes aromatiques et médicinales (2), le cassis (1), l’apiculture (1), les porcins (1) et diverses productions associées (2). Seuls huit installations de ce type avaient été recensées en 2015. La bonne santé de l’agriculture biologique est également à relever avec 15 dossiers en 2016 (contre 8 en 2015).
En contrepartie, une chute des installations est déplorée en systèmes bovins viandes (de 22 à 12 dossiers en seulement un an). La tendance est la même en céréales (de 17 à 10 sur la même période). Les bovins laitiers (de 6 à 5 installations), les ovins (de 5 à 3) et la viticulture (de 12 à 11) limitent quelque peu la casse.

Profil détaillé
Sexe, âge, formation, localité, provenance.... Quelles sont les autres caractéristiques des 62 nouveaux installés ?
Seuls 44 hommes figurent parmi le panel: un nombre exceptionnellement bas au profit des femmes qui affichent une proportion inédite de 29% avec 18 arrivées dans le métier. Sans grande tendance, près de 70% des dossiers concernent la tranche d’âge des 20-29 ans. En ce qui concerne la formation, 29% sont titulaires d’un BTSA, 27% ont un Bac pro et 27% possèdent un BPREA.
L’Auxois est la petite région qui a le plus installé en Côte d’Or en 2016 (16 agriculteurs, soit 26% des dossiers), suivie successivement de la côte viticole (23%), du Châtillonnais (19%) puis de la Plaine (15%). Dix-huit des 62 dossiers de 2016 concernent des hors-cadres familiaux, soit une très légère hausse par rapport aux précédentes campagnes. à l’inverse, le nombre de fils d’agriculteurs tombe à 44 unités (contre 54 en 2015).

Réactions

«Des résultats assez logiques»
Aurélien Viellard, président du Pôle «Formation Installation Transmission Emploi» de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or,  ne se dit pas «surpris» par ce type de résultats pour l’année 2016 : «Près de la moitié des nouveaux porteurs de projets optent pour l’agriculture biologique et/ou la diversification et les petites productions. Cette double tendance, significativement forte cette année, se confirme puisqu’elle avait débuté il y a environ trois campagnes. Je ne suis pas surpris car ces orientations sont particulièrement soutenues par les politiques de l’État et de la région, il apparaît logique que les nouveaux porteurs de projets prennent le pas et profitent des accompagnements. Aussi, la diversification est dans bien souvent des cas une réaction à la crise que traverse l’agriculture. Je pense d’ailleurs que la progression de la diversification n’est pas prête de s’arrêter. Nous en saurons davantage en 2020 avec la prochaine réforme de la Pac. Les futures élections présidentielles auront également leur importance suivant les politiques qu’instaurera le nouveau Gouvernement».

«Lever le pied et repartir sur de meilleures bases»
Arnaud Parfait, secrétaire général de JA21, réagit à la baisse du nombre d’installations en systèmes bovins viande et céréales en 2016: «Compte-tenu de la conjoncture, je me demande s’il ne vaut pas mieux lever un peu le pied sur les installations durant cette période difficile, afin de redémarrer plus tard sur de meilleures bases. Tout doit être mis en place pour éviter l’échec. Personnellement, j’ai bon espoir d’une reprise pour la viande bovine, notamment avec le retour de la Chine qui a fait redémarrer le porc. Les difficultés sont également conséquentes pour les céréales avec des rendements médiocres et des prix particulièrement bas. Les jeunes attendent sans doute un peu plus d’espoir pour s’installer et cela se comprend facilement. D’une manière générale, je pense qu’il va falloir s’habituer à une baisse du nombre d’installations dans le milieu agricole. Le métier n’est actuellement pas en mesure d’attirer beaucoup de jeunes avec le manque de perspectives que l’on nous propose. Il ne faut pas, malgré tout, s’arrêter sur une mauvaise production ou sur une mauvaise année car il y en a et il y en aura toujours en agriculture».