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Ressource en eau

Des restrictions qui posent question

Une vingtaine d’agriculteurs ont manifesté leur mécontentement la semaine dernière à Dijon.
Par AG
Des restrictions qui posent question
Une modification du protocole qui permet d’évaluer la ressource est notamment demandée.
Les irrigants de Côte-d’Or sont en colère et le font savoir à l’administration. Un rendez-vous organisé le 6 août par le syndicat des irrigants, la FDSEA et les JA a été l’occasion de pointer du doigt plusieurs dysfonctionnements auprès des représentants de la DDT et de la préfecture. « Certaines restrictions sont parfois injustifiées et nous le dénonçons à nouveau, c’est notamment le cas dans les secteurs de la Saône et de Brazey-en-Plaine », indique Pascal Chadoeuf. Le président du syndicat des irrigants de Côte-d’Or détaille ses propos : « les relevés effectués par l’administration ne sont pas toujours pertinents. Les stations de référence basées à Lechâtelet et à Brazey doivent évoluer, voire changer d’endroit. En effet, la première citée est influencée par l’écluse de Seurre. Pour la seconde, un pompage est effectué en amont par la malterie de Brazey, les mesures sont faussées, cela peut jouer un rôle non négligeable dans le franchissement des seuils qui pénalisent systématiquement la production agricole. Nous demandons aussi qu’une étude soit menée sur le niveau des nappes : ces données doivent être prises en compte pour appréhender la situation. Le niveau des rivières, à lui seul, ne suffit pas pour évaluer réellement la ressource en eau d’un bassin donné. Il y a de l’eau sous nos pieds, même en cette période très sèche : j’en veux pour preuve les travaux réalisés en 2017 par la société GRTgaz dans le val de Saône. Il y avait de l’eau partout, à 2,50 m de profondeur. Des mesures pharaoniques avaient été nécessaires pour vider la nappe et installer correctement la canalisation. Nous ne voulons pas vider les rivières, bien au contraire. Nous disons seulement qu’un juste milieu est à trouver ! ».

Irrigation ou importations
« Cette situation est d’autant plus inacceptable que certaines cultures ne nécessitent plus qu’un tour d’eau ou deux aujourd’hui », faisaient remarquer des producteurs limités par des restrictions dans leur secteur. Emmanuel Bonnardot, agriculteur à Bonnencontre, a notamment regretté l’impossibilité de pouvoir « terminer » son soja non OGM : « nous demandons que celui-ci intègre enfin la liste des cultures sensibles, nous n’avons toujours pas de réponse après deux ans d’attente. L’alimentaire doit vraiment redevenir une priorité en France, le chemin que nous prenons est insupportable pour les agriculteurs et les filières. Refuser l’irrigation d’un soja non-OGM, c’est cautionner l’importation de produits du système américain, qui n’ont strictement rien à voir avec nos modes de production. Tout ce que nous ne pourrons pas produire sera forcément importé ». Fabrice Faivre, président de la FDSEA, et Nicolas Michaud, en charge du dossier irrigation à la Chambre d’agriculture, rappellent que l’agriculture ne représente que 3 % des prélèvements à l’échelle du département : « nous ne voulons pas être la variable d’ajustement, encore une fois. Dans une situation exceptionnelle, des mesures exceptionnelles doivent pouvoir s’appliquer : il nous faut un minimum d’eau pour aller au bout de certaines cultures. Beaucoup d’entre elles ont déjà été retournées à l’automne suite aux nombreuses attaques de pucerons. Si la situation n’évolue pas favorablement, ce serait la double peine pour les exploitants ». Nicolas Michaud regrette que les restrictions d’usage d’eau « s’appliquent davantage à l’agriculture qu’au tourisme » : « j’habite personnellement en face de la Saône : 450 petits bateaux hollandais sont passés par l’écluse de Seurre en juillet. Pas moins de 7 000 m3 d’eau sont partis lors de chaque passage, je vous laisse faire le calcul ».