Des rendements hétérogènes et une valorisation qui s’annonce compliquée
Le Comité technique de l’Yonne (élargi à la Nièvre et à la Côte d’Or) a réuni les acteurs agricoles bourguignons afin de faire la synthèse des essais variétaux blé de l’année.

Selon le SCEES, le rendement moyen s’établirait autour de 69 q/ha pour l’Yonne (moyenne des 5 dernières années : 67 q/ha). L’analyse des composantes de rendement fait état d’un nombre de grains par épi élevé, suite à une très bonne fertilité épi, alors que le nombre d’épis a été limité par la sécheresse au moment de la montaison.
Cette moyenne cache d’énormes disparités, du simple au triple, dépendantes du type de sol, de la date de semis et surtout des précipitations du printemps. Le secteur des Plateaux de Bourgogne, et tout particulièrement le Châtillonais, est la zone la plus éprouvée puisque les rendements des exploitations peuvent parfois être inférieurs à 50 q/ha.
Après un automne-hiver très humide et «chaud», le printemps a été sec et «froid» mais très lumineux.
La conséquence sera une avance de 10 jours par rapport à une année normale au stade «épi 1 cm» comme au stade «épiaison». La situation était inverse en 2013, ce qui n’invite pas à suivre l’agenda habituel au risque d’avoir un mois de décalage !
Les implantations ont été réalisées en plusieurs temps : des semis précoces dans la poussière, des semis de fin octobre en très mauvaises conditions de ressuyage et quelques parcelles semées sur le gel de début décembre. Ces derniers semis auront eu la chance de connaître un mois de janvier clément.
Du côté de la pression maladies/ravageurs, 2014 fera partie des annales puisque la rouille jaune s’illustre dès fin janvier sur les variétés les plus sensibles, principalement dans l’Yonne et le Nord de la Côte d’Or. Du jamais vu, conséquence d’un hiver doux et d’une évolution vers des souches plus virulentes. Néanmoins, les fongicides l’ont bien contrôlée malgré plusieurs cycles de contamination. Les autres maladies n’ont généralement pas posé
de problème et ont été bien
maîtrisées.
Avec l’hétérogénéité des rendements, il faut également composer avec une qualité affectée par des précipitations à la veille de la moisson. Les blés déjà stressés par les températures échaudantes du mois de juin (week-end de la Pentecôte) ont reçu jusqu’à 100 mm entre le 5 et le 13 juillet ainsi que des températures froides (13°C et crachin avec hygrométrie saturante les 10 et 11 juillet notamment). La conjonction de ces 3 phénomènes a levé toute dormance des graines entraînant des problèmes de germination sur pied (y compris sur parcelle non versée) ainsi que de très faible Temps de Chute de Hagberg (TCH).
Alors que les filières meunerie et exportation, principales destinations de nos blés bourguignons, nécessitent des TCH d’au moins 220 secondes, la récolte bourguignonne sera en difficulté pour répondre à cette exigence de qualité. Les organismes collecteurs travaillent actuellement à la valorisation d’une collecte inhabituelle avec la clientèle classique.
Dans les essais, les variétés témoins Pakito et Rubisko présentent un bon niveau de rendement et se positionnent, en 2014, parmi les plus productives.
Parmi les variétés présentes dans la synthèse, Diamento et Oregrain méritent d’être suivies, notamment pour leur qualité.
La variété Frutidor, pénalisée cette année par une fin de cycle échaudante, reste également à suivre.
Du côté variétés récentes, Calabro, Armada et Calumet sortent du lot.
Calabro est une variété barbue avec une bonne fertilité épi et un PMG (Poids pour mille grains) important. Ces caractéristiques prédestinent cette variété aux petites terres.
Armada présente un bon PS et une faible sensibilité aux maladies mais avec deux gros défauts de qualité : risque important de mauvais TCH et mal adaptée à la panification.
Calumet est une variété précoce (semis à partir du 10/10) inscrite avec un faible écart traité-non traité.
Ces résultats sont liés au contexte de l’année, le choix des variétés à semer doit donc également prendre en compte les résultats des années antérieures.
Les résultats ci-dessous sont les rendements en pourcentage de la moyenne des essais entre 2005 et 2014.
Nous attirons l’attention sur l’intérêt de faire des tests de germination sur les semences de ferme compte tenu de début de germination pas toujours visible à l’œil nu.