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Ménessaire

Des productions atypiques

La Ferme du Patuet cultive une dizaine de plantes médicinales en agriculture biologique.
Par Aurélien Genest
Des productions atypiques
Benoît Leduc, 25 ans, ici dans une plantation d’Arnica Montana, espèce utilisée dans le traitement de petits traumatismes comme les hématomes.
Il s’était distingué aux trophées de l’agriculture de 2018. Benoît Leduc avait alors remporté la catégorie «Avenir», dédiée aux projets d’installation «peu communs, originaux et rentables». Cette performance valait bien le détour sur son exploitation au cœur du massif du Morvan à Ménessaire, village de la Côte-d’Or situé entre la Nièvre et la Saône-et-Loire. Les terres de l’EARL du Patuet, d’une surface de 11 ha, s’intéressent à des plantes aux propriétés bénéfiques pour la santé humaine. «Nous avons notamment de l’Arnica Montana, de la valériane, du cassis pour la production de feuilles, de la piloselle ou encore du millepertuis. Environ 80 % de nos débouchés concernent l’homéopathie et les compléments alimentaires», informe le jeune producteur, qui travaille pour plusieurs laboratoires pharmaceutiques dont Boiron et Lehning. Les dernières semaines ont été consacrées à bon nombre de récoltes. «Tout se fait manuellement pour répondre aux exigences du cahier des charges des clients. Nous avons aussi quelques machines pour apporter un soutien au travail, avec notamment une récolteuse pour les parties aériennes, un broyeur et une laveuse pour les racines. Nous avons un camion frigorifique avec lequel nous livrons la production un peu partout en France», poursuit Benoît Leduc, installé depuis 2016 sur la ferme familiale créée par Nadine, sa mère, il y a près de 25 ans.

Autonomie de rigueur
Associé à son père Bruno, Benoît Leduc veut surfer sur la belle dynamique des plantes médicinales, dans une société changeante, «qui recentre tout sur l’écologie et les produits naturels» : «la population rejette de plus en plus les médicaments de synthèse et leurs effets secondaires. Les molécules naturelles ont la cote, c’est certain. Le constat est le même pour les compléments alimentaires». À l’image des autres agriculteurs du département, Benoît Leduc rencontre plusieurs problématiques dans son quotidien, à commencer par les caprices de la météo : «la double canicule que nous venons de vivre est bien évidemment difficile à encaisser. Le changement climatique représente une grande interrogation pour nos différentes productions». L’accès à l’information est aussi une autre difficulté du métier : «nous n’avons pas de techniciens à disposition, comme cela pourrait être le cas dans les grandes cultures. Les maladies et les ravageurs existent bel et bien, notamment en bio. La recherche n’est malheureusement pas très avancée dans les plantes médicinales. Nous réalisons parfois nos propres essais, à nos frais, avec plus ou moins de résultats. Nous pouvons toutefois compter sur l’Iteipmai (institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles) mais celui-ci est basé à Angers. Ma mère, aujourd’hui salariée de l’exploitation, a assuré la présidence de cet organisme durant une quinzaine d’années dans le passé». La culture de plantes médicinales demande une très grande autonomie : «ce travail implique une observation quasi-permanente des plantes. Nous sommes, pour ainsi dire, tout le temps dans les champs». Benoît Leduc investit depuis peu dans de nouvelles technologies, à l’image de panneaux photovoltaïques pour faire fonctionner ses différents matériels, ou encore dans un système d’autoguidage RTK, très utile dans ses tâches méticuleuses. Renseignements et actualités de l’exploitation : page Facebook «Ferme du Patuet».