Val de Saône
Des moutons au pays des légumes ?
Le foncier conditionne souvent l’installation. Une jeune femme fait part de son expérience.

[I]«Je le sais bien, je suis dans une zone où la priorité est donnée au maraîchage»[i] reconnaît Élodie Aubert, habitant Les Maillys dans le canton d’Auxonne. Cette jeune femme de 23 ans non issue du milieu agricole souhaiterait malgré tout s’installer dans la filière ovine. [I]«J’aime les moutons ! Je tiens ça de mon concubin : il élève 200 Ile de France. Mais pour pouvoir le rejoindre sur l’exploitation, la troupe devrait passer à 600 unités, d’après les conseils de rentabilité d’une économiste et de techniciens»[i] ajoute t-elle. Les cinquante hectares que possède aujourd’hui Thibaut Jovignot ne suffisent pas pour accueillir autant d’ovins. [I]«Trouver trente hectares serait déjà bien, mais ce n’est pas facile ici. Nous postulons mais ne trouvons pas de terres pour l’instant»[i] note Élodie Aubert, titulaire d’un BTSA Acse. Si la jeune Côte d’orienne cherche activement depuis un an, le foncier n’est pas une préoccupation datant d’hier sur cette exploitation des Maillys. Devant cette difficulté foncière, Thibaut Jovignot s’est d’ailleurs lancé dans une production hors-sol et un poulailler il y a quelques temps. Si le jeune couple poursuit actuellement ses recherches, un [I]«plan B»[i] est actuellement étudié : [I]«une modification du projet me déplairait tout de même car j’ai suivi toutes les démarches à l’installation et les formations ovines»[i] mentionne la jeune femme, [I]«j’ai rencontré tous les acteurs de la filière, entre les différentes coopératives et les techniciens. Thibaut a récemment évoqué la création d’un deuxième poulailler. Je ne serais pas spécialement favorable pour l’instant, car je préfèrerais diversifier les productions... Si mon projet n’arrive pas à se réaliser, j’ai déjà pensé à une ferme pédagogique pour accueillir des enfants sur l’exploitation. Je fais déjà de l’animation dans une Maison des jeunes et de la culture (MJC). En tout cas, le maraîchage ne me tente pas. J’y ai déjà travaillé lors de mon apprentissage, ce n’est pas du tout le même travail qu’en élevage»[i].
Point de vue de la Safer
Daniel Caron, directeur départemental : «Cela me paraît mission impossible, au moins à court terme. Aujourd’hui, très peu de terres se libèrent dans ce secteur. Quand c’est le cas, il s’agit de toutes petites surfaces. N’oublions pas que nous sommes aux portes de la plaine Dijonnaise. Il y a entre cinq et six candidats par hectare libéré, c’est d’ailleurs la moyenne en Côte d’Or. En plus, on vient de prélever 250 hectares pour la boucle des Maillys, une zone de protection de captage : l’impact a été très fort pour la quinzaine d’agriculteurs de la commune qui se voient privés de terres cultivables et de prés. Et même s’il se libérait 15 hectares demain en quatre parcelles par exemple, je ne pense pas qu’ils iraient à quelqu’un en exclusivité. Il y a ceux qui souhaitent s’installer et d’autres voulant se conforter. Il faut également tenir compte des filières qui méritent d’être soutenues, c’est notamment le cas du maraîchage. Je pense qu’à un moment donné, il faut savoir s’adapter au contexte. Avant de se laisser tente par tel ou tel projet, je ne pourrais que conseiller, avant toute chose, de venir rencontrer la Safer et la Chambre d’agriculture avec l’Odasea».