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Après les réunions

Des éleveurs nivernais inquiets mais pas résignés

Même si la Nièvre ne se trouve pas en zone régulée, le gel de l'export complexifie le quotidien des éleveurs dans ce département également. La Chambre d'agriculture, la FDSEA et les JA se mobilisent. En parallèle, la préfecture prend aussi des mesures.

Par Propos recueillis par Berty Robert
Des éleveurs nivernais inquiets mais pas résignés
Pour l'heure, la Nièvre est soumise au même traitement que l'ensemble du territoire métropolitain quant à l'interdiction d'exports de bovins.

Un point presse sur la DNC était organisé à Nevers par la Préfecture de la Nièvre. Même si le département se trouve en zone blanche, il est concerné, au même titre que l'ensemble du territoire métropolitain, par les mesures de gel de l'exportation. Cyril Forest, président de la Chambre d'agriculture, fait un point sur la situation. « Il faut rappeler que la DNC n'a aucune conséquence sur les humains. Il y a des agriculteurs qui refusent des contrôles ASP actuellement parce qu'ils craignent que le contrôleur puisse véhiculer la maladie. En revanche la situation est dramatique pour nos animaux et notre filière, pour les éleveurs impactés par cette maladie. Dans la Nièvre comme ailleurs en France, nous sommes mis "sous cloche", avec interdiction des transactions ou des rassemblements d'animaux. J'ai une pensée pour nos marchés au cadran (Sicagemac et Sicafome) qui sont impactés par la situation. L'annulation des foires et concours qui devaient se tenir (Nevers, Corbigny) a un impact à la fois humain et économique. »

« Sérieux et professionnalisme »

« Mon rôle de président de Chambre consiste à en appeler au sérieux et au professionnalisme de tous parce que je pense que la propagation constatée ces dernières semaines est liée à des ventes illégales. C'est par nous que la solution se trouvera et nous ne parviendrons à vaincre la DNC que par le non-transport d'animaux. Dans les réunions locales que nous avons organisées dans le département, les questions qui reviennent le plus souvent sont « Que fait-on de nos animaux ? », « Combien cela va-t-il nous coûter ? »… La Chambre d'agriculture est là pour envisager toutes les solutions possibles et nous demandons aux agriculteurs concernés de nous appeler. Nous sommes capables de répondre au cas par cas, par rapport à la taille des animaux, par rapport aux rations à donner, par rapport aux places disponibles en bâtiments. Les conseillers Élevage de la Chambre proposent aux éleveurs des préconisations adaptées pour la conduite des élevages dans le cadre de l’interdiction d’exportation. On nous demande aussi si on va pousser la vaccination. Là-dessus il est important de rappeler les règles : la vaccination n'est pour l'instant pas possible sur une zone comme la Nièvre mais si celle-ci devenait nécessaire, des négociations sont en cours avec l'Espagne et l'Italie pour que cela ne bloque pas totalement les exportations. De manière générale, les éleveurs nivernais sont tendus. Jusqu'au 5 novembre cela devrait tenir mais si, par malheur, un cas se déclarait et que la libération n'intervient pas à cette date, on pourrait se retrouver confrontés à davantage de difficultés. Pour autant, je ne sens pas les éleveurs résignés, ils comprennent la situation mais il faudra qu'au 5 novembre, des solutions soient trouvées ».

Rester indemne…

Fabienne Decottignies, préfète de la Nièvre, rappelle évidemment les contraintes nationales qui se rapportent à la lutte contre la DNC. « Nous sommes en mode crise sur la maladie, très en lien avec la profession et l'ensemble des acteurs concernés. J'ai pris l'initiative d'un point presse pour contrer le grand nombre de rumeurs qui circulent sur la DNC. Il est important de préciser que la maladie ne se transmet pas à l'homme et qu'elle ne concerne que les bovins. La stratégie qui est mise en œuvre, c'est de stopper la DNC. J'ai aussi voulu rappeler qu'un foyer de la maladie ne veut pas dire que tout l'élevage est concerné par les mesures d'abattages. C'est l'unité épidémiologique qui sera visée si un cas se déclare. C'est aussi pour cela qu'on interdit les rassemblements. La Nièvre est aujourd'hui un territoire indemne et pour qu'on le reste, on s'est tous mis autour de la table (Chambre d'agriculture, OPA, GDS, ordre des vétérinaires, marchés au cadran). J'ai réalisé deux cellules de crise dédiées à la DNC. La DDESPP en a fait deux autres plus techniques. On cherche le moyen de rester indemne. La meilleure réponse à apporter c'est le respect de la stratégie mise en œuvre et des normes édictées au plan national. Tout le monde doit jouer le jeu. Dans la Nièvre on compte 13 centres de rassemblement d'animaux, la DDESPP en a déjà contrôlé 7 (à la date du 24 octobre, ndlr), ils sont totalement en conformité. Par ailleurs, j'ai pris, le 24 octobre, un arrêté concernant les transports de chevaux, certains éleveurs s'inquiétant du fait que ces animaux peuvent contribuer à faire circuler les insectes porteurs du virus. Mon arrêté consiste à obliger à une désinsectisation des vans avant d'y faire monter un cheval et lorsqu'il en sort. Il n'y a pas de lien, de cause à effet entre transport de chevaux et transport de la maladie, mais c'est une mesure de précaution qu'on peut appliquer. Je veux vraiment être dans l'écoute de ce qui remonte du terrain. »