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Après une attaque de loup

Des dégâts largement sous-évalués

Deux éleveurs de Censerey alertent la profession, les élus et les services de l'État sur les dommages indirects causés par le loup. Le préjudice est énorme.

Par AG
Des dégâts largement sous-évalués
Anne et Édouard Beurton ont enregistré 50 avortements après une attaque à l'automne 2023. Les agnelages qui débutent n'augurent rien de bon. Les dommages collatéraux se chiffrent à plusieurs dizaines de milliers d'euros et non pas à 200 euros, comme la « ridicule » somme perçue l'an passé !

Une attaque de loup ne se résume pas à X moutons retrouvés morts ou blessés sur le coup, au milieu d'un pré. « Le problème est bien plus complexe que cela, avec la note qui va avec », lancent Anne et Édouard Beurton, éleveurs entre Arnay-le-Duc et Saulieu. Ces deux frère et sœur « profitent » des dernières attaques dans le département pour communiquer sur le désastre engendré par un sinistre. « Indemniser les animaux morts juste après le passage du loup est la chose la plus simple et la moins chère dans ce dossier, c'est clair. Dans notre cas, en plus des ovins perdus à l'automne 2023, nous avons eu 50 avortements pour les 70 agnelages programmés en début d'année 2024. Le traumatisme vécu au sein de la troupe est extrêmement important. De nouvelles naissances débutent chez nous et celles-ci n'annoncent rien de plus florissant, avec certaines brebis qui n'ont plus de qualités maternelles et qui ne reconnaissent pas leurs agneaux. Deux de ces derniers viennent même d'être tués ».

Référencer le tout

Les pertes indirectes du Gaec Beurton s'élèvent à plus de 25 000 euros, avec notamment un rachat de 50 agnelles qui a nécessité près de 12 000 euros, mais aussi un manque à gagner lié à l'absence d'agneaux en 2024 évalué à plus de 7 000 euros, sans oublier des frais bancaires à hauteur de 2 000 euros et des frais vétérinaires estimés à 3 000 euros. « Cela s'ajoute aux 12 400 euros de nos pertes directes, dans lesquelles nous avons intégré nos heures travaillées spécifiquement sur cette problématique du loup. La facture totale avoisine tout de même les 40 000 euros ! Nous invitons les éleveurs sinistrés à bien chiffrer leurs dégâts pour faire valoir nos revendications et être indemnisés au juste prix ». L'exploitation de Nailly compte plusieurs productions et « heureusement », comme le font remarquer les deux éleveurs : « une ferme qui n'aurait que des moutons peut vite mettre la clé sous la porte dans ce cas-là… L'indemnisation que nous avons touchée pour les pertes indirectes n'est que de 200 euros, c'est ridicule, le dispositif doit changer. Encore une fois, tous les éleveurs qui auront la malchance d'y passer doivent bien noter toutes leurs pertes. Ce sera notre seule chance d'être écoutés et d'être entendus, avec de grands changements espérés de notre côté. C'est certain, cela ne peut plus continuer comme ça ».