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Moissons

Des conséquences climatiques et politiques

Le président de la commission « productions végétales » de la FDSEA tire plusieurs enseignements des récoltes.
Par AG
Des conséquences climatiques et politiques
Les moyens de protection des plantes sont très insuffisants selon Jacques de Loisy.
Les moissons viennent de s’achever en Côte-d’Or. Des grands écarts et des résultats souvent très décevants sont à déplorer en orges d’hiver, colza et moutarde. « Pour l’orge, certains rendements plongent à 15 q/ha sur la zone plateaux », signale Jacques de Loisy, « des baisses de 40 à 50 % sont aussi recensées dans la plaine dijonnaise, le Val de Saône et le Mirebellois à cause des insectes. Nous connaissons tous les problèmes de la filière moutarde, qui est en grand danger. Pour le colza, c’est la fin : cette tête d’assolement, faut-il le rappeler, permettait aux exploitations céréalières de tourner depuis 40 ans, notamment sur les plateaux. Le blé est pour sa part très hétérogène : si la qualité est au rendez-vous, il ne faut pas oublier les très mauvais résultats obtenus au nord de Dijon ».

Baisse générale de 30 %
Le président de la commission « productions végétales » de la FDSEA regrette les nouveaux aléas climatiques de l’année, mais aussi le manque de moyens mis à disposition pour la protection des plantes : « la ferme Côte-d’Or vient de perdre 30 % de son potentiel de production, entre 200 000 et 300 000 tonnes se sont évaporées pour des raisons climatiques mais aussi sanitaires. Les céréales d’automne ne peuvent plus être protégées au niveau de la semence, nous en payons les frais avec la jaunisse nanisante de l’orge. Nous ne pouvons plus lutter contre les insectes qui sévissent chez les crucifères. En attendant des avancées de la recherche génétique, il nous faut impérativement une prise de conscience du gouvernement sur le sujet. Nous continuons de perdre de la valeur ajoutée et donc de l’emploi, à une période où il faut pourtant relancer l’activité économique. Sans négliger l’environnement, nous sommes devant des aberrations idéologiques qui mettent en péril la pérennité des exploitations et le renouvellement des générations ». Jacques de Loisy mentionne également les difficultés rencontrées par l’ensemble de la filière, et notamment les organismes stockeurs. Le monde de l’élevage n’est pas oublié, bien au contraire : « les rendements en paille sont catastrophiques cette année, pour les mêmes raisons préalablement citées. Je ne suis pas certain que les écologistes qui exècrent les producteurs céréaliers aient bien pensé aux conséquences rencontrées chez nos collègues éleveurs. Il faudrait leur poser la question, il serait intéressant d’avoir l’avis de ces gens-là. Veulent-ils tuer aussi la filière animale ? ».

Venue de Christiane Lambert
Le responsable syndical annonce le déplacement de la présidente de la FNSEA avant la fin de l’été dans le département, le rééquilibrage des aides Pac sera notamment abordé : « le budget européen est enfin bouclé pour les années à venir. Désormais, il va falloir répartir cet argent au niveau national. Aujourd’hui, la FNSEA, les JA, l’APCA et les parlementaires sont conscients des différents enjeux. Nous entendons bien le besoin d’accompagnement à la transition énergétique, climatique, voire écologique dans certains cas, mais la future Pac devra aussi tenir compte des zones intermédiaires, des spécificités de la Côte-d’Or mais aussi de l’ensemble de la Bourgogne Franche-Comté. Un soutien fort pour l’ensemble des exploitations, avec un rééquilibrage des aides, est nécessaire via le premier pilier ». Jacques de Loisy fait ensuite allusion à plusieurs articles de presse parus dans la France Agricole : « des aides Pac attribuées aux quatre coins de l’Hexagone sont régulièrement mentionnées. J’ai souvenir qu’en août 2019, une ferme du Sud-est percevait plus de 900 euros annuels par hectare… En juin, dans une autre communication, une grande exploitation située dans le centre du pays touchait plus de 500 euros/ha… Nous voulons savoir comment l’ensemble des décideurs nationaux vont rééquilibrer cette manne financière qui nous échappe totalement. Ce rééquilibrage permettait de consolider nos exploitations pour envisager l’avenir plus sereinement ».