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Production de cornichons

Des bocaux qualité «made in Yonne»

A l'€™heure où le scandale des plats surgelés à base de viande de cheval met en lumière les dérives nées de la mondialisation et de l'€™absence de traçabilité, rencontre avec les derniers producteurs de cornichons français, dont une partie de la récolte est désormais mise en bocal à Chemilly-sur-Yonne, tout près du lieu de cueillette
Par Dominique Bernerd
Des bocaux qualité  «made in Yonne»
Henri Jeannequin, dernier producteur avec son père Florent, de cornichons «made in Yonne»
Nous sommes en 2013 après Jésus-Christ. Toute la gaule est occupée par le cornichon indien... Toute la Gaule ? Non ! Car un village peuplé d'€™irréductibles producteurs icaunais résiste ! Rencontre avec Florent Jeannequin et son fils Henri, agriculteurs à Chemilly-sur-Yonne et derniers à cultiver des cornichons dans l'€™hexagone.
C'€™est à l'€™aube des années 60 que des agriculteurs du département se sont lancés dans la culture du cornichon, pour alimenter une conserverie venant de s'€™installer à Appoigny. La SICA ainsi créée a connu ses années fastes dans les années 90, avec plus de 150 ha de cultures, faisant de l'€™Yonne le 1er producteur de cornichons de tout le territoire. Jusqu'€™au jour où, en 2004, le groupe Amora-Maille, fermât son usine de conditionnement, jugeant le cornichon icaunais trop coûteux et préférant s'€™alimenter en Inde, à 7000 km de là ! Une poignée d'€™irréductibles continua néanmoins à en cultiver une vingtaine d'€™hectare. Aujourd'€™hui, ils ne sont plus que deux à continuer l'€™aventure pour pérenniser savoir faire et production : Florent Jeannequin, aidé de son fils Henri et Gerard Hup.

[INTER]Des pots de cornichons 100 % icaunais[inter]
Avec pour marché principal une société autrichienne spécialisée dans la commercialisation de gros cornichons aigre doux appréciés en Europe de l'€™Est, les derniers producteurs icaunais ont du s'€™adapter et modifier le calibrage d'€™une partie de leurs cultures afin de proposer une gamme élargie à de plus gros calibres entrant dans la recette du « cornichon à la Malassol ». Cultivés sans herbicides ni insecticides, les cucurbitacés époniens (cultivés à Appoigny), ont depuis longtemps trouvé leur public, notamment auprès de la clientèle locale qui chaque année vient s'€™alimenter en vente directe pour remplir les bocaux familiaux. Une tradition qui a peut-être donné l'€™idée aux Jeannequin Père et fils de commercialiser depuis septembre dernier des pots de cornichons 100 % icaunais, avec l'€™aide de l'€™atelier traiteur du Borvo tout proche, spécialisé dans l'€™élaboration et la vente de produits haut de gamme.
C'€™est Henri, tout juste sorti de ses études au lycée La Brosse, qui a en charge de prospecter épiceries fines et magasins spécialisés pour ­­­­placer les produits de la gamme allant de cornichons fins à Malassol, en passant par extra fins et aigre doux. S'€™ils misaient sur une première production de 30 à 40 000 bocaux, leurs espérances ont du être revues à la baisse, la canicule du 15 août étant passé par là. Seules 90 tonnes ont pu être sauvées sur 200 prévues, pour 25 000 bocaux à commercialiser.
Jusque là peu plébiscité du consommateur français, le «malassol» a conquis un nouveau public, comme l'€™explique Henri Jeannequin : «beaucoup de gens sont surpris, croyant s'€™attendre à de gros cornichons mous et sucrés, là où ils trouvent un produit qui conserve tout son croquant». Le fruit du travail du Borvo, qui utilise pour cela une recette moins acide, plus aigre douce, se mariant de belle manière avec de la viande froide.
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La commune de Chemilly-sur-Yonne est-elle en passe de devenir la «capitale du cornichon français» ? Producteurs et industriel se donnent deux ans pour mener à bien la réussite de l'€™opération.
Pour l'€™heure, les précieux bocaux sont disponibles, outre le Borvo, dans plusieurs points de vente, notamment : le Jardin de Laborde, les magasins Gamm Vert, les Vergers de Noslon à Cuy, le Comptoir Gourmand à Auxerre, les Jardins Européens, ainsi qu'€™à travers le réseau «Chapeau de paille» et la moutarderie Fallot à Beaune. Vendus en moyenne le double de la concurrence indienne que l'€™on trouve en grande surface, mais l'€™excellence et l'€™artisanat ont un prix ! Est-il nécessaire à une époque où l'€™on n'€™hésite pas à faire passer du cheval pour du bœuf de le rappeler...