Accès au contenu
Horticulture

Des bébêtes pas si bêtes…

Dans le cadre du programme Innov’ Action, porté par le Chambres d’agriculture, plusieurs exploitations ont ouvert leurs portes, dont Philippe Neveux, horticulteur du Mont-Saint-Sulpice, adepte de la Protection Biologique Intégrée (PBI).
Par Dominique Bernerd
Des bébêtes pas si bêtes…
Egalement utilisées pour la pollinisation, les colonies de bourdons
Innov’ Action est un label porté par les Chambres d’agriculture pour identifier des journées Portes-Ouvertes dédiées à l’innovation, autour de la performance et de l’agroécologie, toutes filières confondues. Dans l’Yonne quatre exploitations se sont inscrites au programme, dont Philippe Neveu, horticulteur installé au Mont-Saint-Sulpice et adepte depuis plus de quinze ans, de la production biologique intégrée.
Spécialisé dans la plante en pot, c’est en 1998 que Philippe Neveu se lance dans la PBI : [I]«on traitait alors avec un appareil la nuit, par brumisation et on s’est aperçu des dégâts occasionnées sur les structures, la rouille notamment et comme nous passons nos journées à l’intérieur des serres, ça nous a alarmés sur les effets des traitements chimiques…»[i] Profitant de la présence à l’époque d’une employée, ancienne élève à La Brosse et titulaire d’un BTS [I]«Protection des cultures»[i], le choix est alors fait de passer progressivement à une méthode permettant de préserver les cultures des différents ravageurs, en privilégiant les luttes biologiques.

[INTER]La prévention avant tout[inter]
La production biologique intégrée (ou PBI), consiste à introduire dans les fleurs, des insectes ou des champignons, qui vont aller lutter contre les parasites des plantes. Elle se traduit le plus souvent par une subtile combinaison d’auxiliaires prédateurs (les insectes ou champignons), et de substances phytomarceutiques, compatibles avec ces auxiliaires, ainsi que de mesures prophylactiques. Plusieurs systèmes de lutte cohabitent : des macro organismes (majoritairement des insectes et acariens), des micro organismes (champignons ou bactéries), des piégeages ( le plus souvent des plaques collantes pour attirer les parasites), des huiles naturelles, ainsi que des prédateurs chimiques comme les phéromones, destinés à attirer les mâles. La méthode nécessite toutefois une surveillance accrue et une parfaite connaissance des auxiliaires utilisés. Pas d’erreur possible comme l’explique Philippe Neveu : [I]«l’an passé, suite à une attaque de chenilles sur des cyclamens, on a utilisé un traitement à base de bactéries digérant l’estomac de la chenille en question, pendant dix jours, sans résultat. On a d’abord cru à un problème lié à un produit périmé et en fait, on avait mal identifié la nature du ravageur et pas choisi le bon auxiliaire…»[i] Avec pour résultat des courses une centaine de pots perdus. L’objectif étant de travailler en préventif à l’intérieur des serres : [I]«si vous agissez en curatif, vous avez toujours un petit retard et ne pouvez plus ni vendre, ni expédier…»[i] Difficile de revendre à des grossistes des plantes couvertes de pucerons !
Il existe en Europe trois fournisseurs importants d’auxiliaires, installés en Belgique, Pays-Bas et Espagne : [I]«les commandes se font en flux tendu, car les auxiliaires ont une durée de vie limitée. Ils nous arrivent en boite isotherme, tous les quinze jours…»[i] Quand aux prédateurs, quatre grandes familles sont répertoriées : la mouche blanche, le puceron, le thrips et l’araignée rouge (ou acarien).

[INTER]Un bilan carbone négatif[inter]
Installé sur 7500 m2 de serres, Philippe Neveu s’est également fixé pour objectif de réduire son empreinte carbone. Pari réussi, avec un bilan carbone aujourd’hui négatif. Pour y parvenir, il n’a pas ménagé ses efforts : récupération des eaux pluviales, gestion de l’apport d’eau et du micro climat par ordinateur, recyclage des substrats (compostage, épandage), gestion des engrais par des stations de fertilisation et systèmes d’apport contrôlé (goutte à goutte, gravitation)… Avec notamment, sur le volet énergie, un système de récupération des fumées des chaudières pour à la fois chauffer les serres et y réinjecter à l’intérieur, les mois d’hiver du Co2, indispensable à la croissance des plantes.

Dominique Bernerd